Charles Haenggi est né à Mulhouse (Haut-Rhin) dans une famille ouvrière. Alors qu’il est apprenti-dessinateur pour une firme mulhousienne, sa vie prend un tournant lorsque l’abbé Haegy le pousse à continuer ses études. Il devient ainsi, en 1904, ingénieur après avoir étudié en Suisse et en Allemagne.
Il n’exerce que quelques mois cette profession et s’oriente vers le journalisme dès 1905 en intégrant le journal colmarien l’Elsasser Kurier rédigé par sa vieille connaissance : l’abbé Haegy. Il exerce tout au long de sa vie en tant que journaliste pour la presse écrite ou la radio, dans diverses rédactions en Alsace, en Allemagne, en Suisse et jusqu’en Algérie française. Il rassemble les souvenirs de sa longue carrière de journaliste dans ses mémoires, Fünfzig Jahre Journalist 1905-1957, déposés et conservés à la bibliothèque municipale de Colmar (Haut-Rhin). Une anecdote, racontée par André Meichler, un historien local, donne à voir le caractère malicieux de Haenggi. A la sortie de prison de l’abbé Wetterlé, autonomiste alsacien, Haenggi rend compte de sa libération triomphale, accompagnée par des milliers d’Alsaciens. Le rédacteur en chef d’un journal berlinois télégraphe son mécontentement à Haenggi face à son prétendu mensonge et sa surévaluation de la situation. En guise de réponse, Haenggi lui envoie simplement une photo de l’évènement, et inscrit au dos du cliché « Comptez vous-même les têtes. ».
Né au sein de l’Empire allemand, Charles Haenggi obtient la nationalité française en 1921. Il utilise très tôt son métier de journaliste pour exprimer ses idées politiques. Il est un ardent défenseur d’une Alsace-Lorraine française à une époque où cette opinion était difficile à exprimer dans l’Empire allemand. Réfugié en Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale, il se consacre à l’accueil des alsaciens et lorrains réfugiés en Algérie.
Charles Haenggi entretint tout au long de sa vie un lien particulier avec sa région natale. Il défend tout particulièrement le dialecte alsacien et se bat pour conserver son enseignement au sein des écoles publiques alsaciennes. C’est d’ailleurs en jonglant entre le français, l’allemand et l’alsacien que Charles Haenggi rédige ses articles et ses nombreuses œuvres littéraires. Il est notamment l’auteur de plusieurs pièces de théâtre, de nouvelles ainsi que d’un roman et d’un recueil de poésie. Il a été membre de l’Académie d’Alsace, ainsi qu’officier de la Légion d’Honneur.
MEMOIRES :
-Fünfzig Jahre Journalist 1905-1957. Mémoires non publiés, déposés à la bibliothèque des Dominicains de Colmar.
ESSAI :
–La Question linguistique en Alsace : étude historique et politique de l’enseignement de l’allemand dans les écoles primaires (1955) : consulter des extraits sur Gallica
–Aus der Heimat verbannt : Erlebnisse aus schwerer Zeit (1962)
THEATRE :
–D’r Colmerer Loyelekriej vo 1669 : e wigriendi Comedi üs d’r colmarer Gschecht (1948)
–Die galiläischen Flüchtlinge. Legendenspiel in 4 Bildern (1953)
-D’r erscht Hàndel im e junge Menasch, E Farce in 2 Akte un a Szene (1954)
NOUVELLE :
–Michel Mann, der alte Krimsoldat : eine Erzählung aus der elsässischen Vergangenheit (1955)
POESIE :
–Orgelpunkte (Dernières nouvelles de Colmar, sans date)
Fonds épars dont l’origine est parfois inconnue, les papiers de Charles Haenggi regroupent une dizaine de pièces. L’ensemble est divisé en deux typologies de documents : ses mémoires ainsi que ses œuvres littéraires.
Les mémoires de Charles Haenggi, ensemble considérable de près de 1 300 pages, ont été déposés par André Meichler en 2000, hérité de la femme de Haenggi. Ces mémoires de première main sur le paysage alsacien du début du 20e siècle sont divisés en 3 volumes de manuscrits dactylographiés en langue allemande. Ils sont une source d’information inestimable pour les historiens, riches en analyse politique et en anecdote d’époque. Le style, propre au journaliste, est celui d’une langue vive et piquante. Malheureusement, seul trois exemplaires de ces mémoires sont recensés et il n’existe aucun exemplaire édité, ou de traduction française.
Les œuvres littéraires de Haenggi, essentiellement rédigées en allemand ou en alsacien, font parties d’un ensemble d’une vingtaine de dossiers d’archives. Ces archives ont été donnée à la bibliothèque de Colmar. Elles regroupent de nombreuses œuvres théâtrales et notamment du théâtre en dialecte alsacien. Ces pièces appartiennent au registre du théâtre burlesque et de la farce, souvent en deux ou trois actes. Elles reprennent des paysages alsaciens, voire des personnages issus de grandes figures alsaciennes telles que le général Rapp. Certaines pièces ont pour décor l’Algérie et permettent à l’auteur de parler de sa propre expérience.
Un unique recueil de poèmes, composés d’une dizaine de pièces en allemand, est présent dans ces papiers. Quelques-uns ont été publié dans la presse.
Enfin, le fonds Haenggi conserve quelques dizaines de papiers de l’auteur, notamment ses documents de travail ainsi que des lettres et des articles parus dans différents journaux.