Maurice Renard naît le 28 février 1875 à Châlons-sur-Marne (Marne), 7 rue du Grenier à Sel. Son père, Achille Renard, juge au Tribunal civil de Châlons, s’est illustré en fondant la société de gymnastique « La Renaissance ». La famille quitte Châlons alors que Maurice n’a que deux ans pour s’installer à Reims (Marne). Il y passe son enfance, puis suit des études de droit à Paris où il s’inscrit comme avocat stagiaire au barreau.
Mais il est passionné par la littérature. Dès 1902, il publie plusieurs essais poétiques. Son premier livre est édité chez Plon en 1905, sous le titre Fantômes et Fantoches. En 1908, il publie au Mercure de France son premier roman, Le docteur Lerne, sous-Dieu, que Guillaume Apollinaire qualifiera de « roman subdivin ». En 1909, il devient membre de la Société des Gens de Lettres, puis en 1911, il contribue à la fondation de La vie française, une revue de poètes.
Maurice Renard se désigne comme romancier du « merveilleux-scientifique », selon la définition que lui-même donne, dans un manifeste publié en 1909, de ce courant apparu à la fin du 19e siècle. Le péril bleu, qu’il publie en 1912, est un chef-d’œuvre de ce genre. A cette époque, Maurice Renard reçoit le Tout-Paris littéraire, de Mac Orlan à Colette, Montherlant ou Benoist.
Mobilisé pour la Grande Guerre, il en sort meurtri moralement et appauvri, ce qui le conduit à donner à son œuvre un ton plus vendeur. En 1920, il publie Les Mains d’Orlac, son œuvre la plus célèbre, adaptée cinq fois au cinéma, entre 1924 et 2021, et deux fois à la télévision. Le personnage principal est un pianiste animé de pulsions meurtrières depuis qu’on lui a greffé les mains d’un assassin. Il est interprété notamment par Conrad Veidt, Sylvie Testud (incarnant une version féminine) et Melvil Poupaud.
Cette même année 1920, l’écrivain poursuit sa promotion littéraire du merveilleux scientifique en créant le prix Maurice-Renard. Mais bientôt il constate l’insuccès populaire de ces récits, avec amertume : « Gagner sa vie en s’adressant à l’intelligence, cela, oui, ce serait vraiment fantastique ! » note-t-il en 1923. Aussi se tourne-t-il vers des genres plus populaires, contes de presse, nouvelles policiers, roman sentimental. Il voit l’échec du prix qu’il a fondé, et qui disparaît en 1932 ; cependant, il confirme sa place dans le monde littéraire, devenant en 1935 vice-président de la Société des gens de lettres et membre du jury du prix du Roman populaire. Il rend hommage en 1927 à la ville de son enfance, Reims, dans Notre-Dame royale : tableaux du sacre de Louis XVI…, ouvrage couronné par le prix Thérouanne de l’Académie française.
Maurice Renard passe les dernières années de sa vie sur l’île d’Oléron où il est enterré en 1939.
–Fantômes et Fantoches (1905) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Le Docteur Lerne, sous-dieu (1908) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Le Péril bleu (1911) : se procurer cet ouvrage
–Les Mains d’Orlac (1920) : se procurer cet ouvrage
–L’Homme truqué (1921) : se procurer cet ouvrage
–Notre-Dame Royale. Tableaux du sacre de Louis XVI (1927)
–Un homme chez les microbes (1928) : se procurer cet ouvrage
–Le Carnaval du mystère (1929)
–La Jeune Fille du yacht (1930)
–Le Maître de la lumière, (1933) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Intégrale des contes et nouvelles de Maurice Renard (2020)
La collection consacrée à Maurice Renard est modeste : elle se compose d’une demi-douzaine de manuscrits de contes ou nouvelles de Maurice Renard, d’autant de tapuscrits de textes courts, et d’une trentaine de courriers autographes de l’écrivain.
Les textes concernés ne relèvent pas du domaine du merveilleux-scientifique à proprement parler. Cependant, le conte « Une histoire fantastique » illustre le goût de Maurice Renard pour les récits horrifiques et l’influence d’Edgar Poe : ce texte constitue un hommage manifeste au « Double assassinat dans la rue Morgue ».
Autre élément du fonds, les dossiers relatifs aux expositions consacrées par la bibliothèque de Châlons à Maurice Renard. La collection châlonnaise s’est développée à la faveur de ces expositions, grâce à la générosité de Claude Déméocq et Jean-Paul Barbier, respectivement invité d’honneur et commissaire des expositions de 1996 et 2009. Collectionneur de science-fiction et anthologiste, Claude Déméocq a notamment contribué à l’édition des œuvres complètes de Maurice Renard. Quant à Jean-Paul Barbier, co-auteur en 2000 d’un Dictionnaire des Châlonnais, il s’est fait le propagandiste zélé de plusieurs Châlonnais injustement méconnus.
Le versant imprimé de la collection comprend la totalité des titres publiés par Maurice Renard, avec des éditions illustrées, rares ou originales, ainsi que certains des journaux ayant publié les feuilletons et courts textes de l’écrivain.
Cette collection a vocation à s’enrichir : auteur prolixe, Maurice Renard a laissé de nombreux écrits et peu de manuscrits sont à ce jour entrés dans les collections publiques, si bien que la collection châlonnaise, pour modeste qu’elle soit, semble être la plus importante collection publique consacrée à cet auteur.
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Maison natale, 7 rue du Grenier à Sel, Châlons-en-Champagne