« Votre rôle, dans ma carrière, a été admirable. Lorsque, malgré ma famille et mes relations, je me suis rallié au gouvernement, sans vous, que serait devenue ma situation mondaine ? » (La Figurante, Acte 1).
François de Curel est né à Metz le 10 juin 1854. Son père était officier de cavalerie et sa mère, descendante de la famille de Wendel, maîtres de forges.
Après une scolarité chez les Jésuites, et suite à la défaite de 1870 face à la Prusse provoquant la perte de l’Alsace-Moselle, il suit sa famille fuyant vers la France. Bien qu’il soit diplômé de l’École centrale et qu’il ait hésité à diriger les forges familiales, il renonce à une carrière d’ingénieur pour se consacrer à la littérature. Il écrit des romans avant de privilégier le théâtre. En 1898, il reçoit le prix Calmann-Lévy pour l’ensemble de son œuvre. En 1918, il entre à l’Académie française.
Écrivant des drames d’idées mis en scène dans des décors mondains, François de Curel aborde des thèmes à caractère social et familial, des discussions morales puis des réflexions sur la guerre. L’analyse psychologique, l’étude des caractères, la sobriété du style sont tantôt saluées, tantôt malmenées par la critique, la dramaturgie faisant souvent défaut, aux yeux des contemporains. Ainsi, de L’Envers d’une Sainte, L’Écho de Paris célèbre le 3 février 1892 « le noble ouvrage de M. François de Curel », son talent inégalé de « vaudevilliste » ; Le Figaro distingue une « œuvre tout à fait supérieure, non pas comme pièce de théâtre, mais comme étude de psychologie ». Le Temps, quant à lui, tranche : « C’est crevant ! Je n’ose pas dire que c’est sans talent parce qu’il y a là-dedans certaines qualités… ». À la fin de la carrière de l’auteur, les avis ne sont pas moins clivés. Dans un article du 8 janvier 1926, au sujet de La Viveuse et le Moribond, le quotidien L’Homme libre, dont Clémenceau est le rédacteur-en-chef, résume : « On aime ou l’on n’aime pas M. François de Curel » et de conclure : « Dramatiquement, l’œuvre est faible, mais elle est semée, submergée, serait-on tenté d’écrire, de pensées, de formules, dont le fracas a été la préface et l’entraînement naturel aux applaudissements ».
Les drames de François de Curel sont avant tout les reflets des préoccupations morales et philosophiques de son époque. Inscrites dans la veine naturaliste, elles ont été considérées comme des « pièces à thèses ». Pourtant, le dramaturge renverse l’art dramatique traditionnel. En effet, les personnages, au lieu qu’ils s’affrontent entre eux, laissent transparaître leurs égarements intérieurs. Ils ne se révèlent plus dans l’action mais dans la réflexion.
François de Curel meurt à Paris en 1928. Il est inhumé à Coin-sur-Seille, dans la chapelle du château de sa famille, au sud de Metz.
–L’été des fruits secs (1885)
–Le sauvetage du Grand-Duc (1889)
–L’amour brode (1893)
–Les fossiles (1893)
–L’invitée (1893)
–La Figurante (1896)
–La nouvelle idole (1899)
–La danse devant le miroir (1914)
–La fille sauvage (1918) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–L’ivresse du sage (1921)
–Le Solitaire de la Lune (1922)
–L’orphelinat de Gaëtan (1927)
–L’Envers d’une Sainte (1931)
–Terre inhumaine (1932)
-Théâtre complet (6 tomes, 1919) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Numelyo
Le fonds, don fait à la Ville de Metz par l’épouse de François de Curel, se compose de quatre boîtes rassemblant :
– plus d’une vingtaine de lettres autographes (1917-1925) adressées à son éditeur au sujet de la mise au point de l’édition de son théâtre en six volumes. Cette correspondance détaillée nous informe sur le retard de la livraison des épreuves et la rédaction des préfaces ;
– des articles de journaux se référant aux représentations des pièces, notamment l’Amour brode et L’Envers d’une Sainte.
-Des photos de François de Curel sont présentes dans le fonds Gustave Kahn, se trouvant aux Bibliothèques-Médiathèques de Metz, à la cote MS 1645.
-Des manuscrits et des lettres sont également conservés à la bibliothèque Jacques Doucet : http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-20092121220653440
-Des pièces de théâtre sont conservées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
-Le buste de François de Curel, par Emmanuel Hannaux, est conservé au musée de la Cour d’Or à Metz.
-Une rue, baptisée à son nom en 1931, relie la place Saint-Thiébault à la place du général de Gaulle, faisant ainsi le lien entre l’ancienne et la nouvelle ville.