Louis Dumur est né en 1863 à Vandoeuvres (Suisse), près de Genève, ville dans laquelle il devient élève du collège Calvin. Dès 1882, Dumur s’installe à Paris où il poursuit sa formation à la Sorbonne et rédige de premiers poèmes qu’il publie dans des revues. Il passe ensuite cinq ans à Saint-Pétersbourg (Russie) en tant que précepteur et tire de ce séjour un recueil de poèmes intitulé Neva, du nom d’un fleuve russe. C’est à cette époque qu’il rencontre l’écrivain Alfred Vallette (1858-1935) avec lequel il redonne vie en 1889 au Mercure de France, revue littéraire éditée pour la première fois au 17e siècle, qui devient également maison d’édition. Il joue un rôle essentiel dans la gestion financière et la promotion du Mercure. Dumur côtoie alors les écrivains du mouvement symboliste tels que Jules Renard, Alfred Jarry et Alfred Samain, dont les textes sont publiés par cette maison d’édition.
En parallèle, Louis Dumur rédige plusieurs pièces de théâtre et publie un premier roman de jeunesse, Pauline ou la liberté de l’amour, en 1896. Il consacre ses œuvres suivantes à sa ville de jeunesse, Genève, à travers trois romans : Les trois Demoiselles du père Maire (1909), Le Centenaire de Jean-Jacques (1910) et L’École du dimanche (1911).
La Première Guerre mondiale marque un tournant dans la carrière de Dumur : il prend résolument parti pour la France et dédie quatre ouvrages à la dénonciation des exactions allemandes lors de ce conflit : Nach Paris ! en 1919, Le Boucher de Verdun en 1921, Les Défaitistes en 1923 ainsi que La Croix rouge et la croix blanche en 1925. Ces quatre œuvres adoptent un style naturaliste pour dépeindre les atrocités de la guerre avec un grand souci du détail. Il rassemble un grand nombre d’articles de presse et une abondante documentation afin de créer le récit le plus proche des faits.
Dans les années 1920 et 1930, les écrits de Louis Dumur abordent la question de la révolution bolchévique en Russie, à laquelle il se montre farouchement opposé. Proches du pamphlet, ses quatre derniers ouvrages portent des titres révélateurs de la posture adoptée par Dumur : Dieu protège le tsar ! (1927), Le Sceptre de la Russie (1929), Les Fourriers de Lénine (1931) et Les Loups rouges (1932).
Louis Dumur décède d’un cancer du larynx en 1933.
–Albert (1890) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Pauline, ou la Liberté de l’amour (1896) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Un coco de génie, roman (1902) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Le Centenaire de Jean-Jacques (1910) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Les Deux Suisse, 1914-1917 (1917) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Nach Paris! (1919) : se procurer cet ouvrage
–Le Boucher de Verdun (1921) : se procurer cet ouvrage
–Un estomac d’Autriche (1932) : se procurer cet ouvrage
Le fonds Louis Dumur a été légué à la ville de Reims par le frère de l’écrivain, Maurice, à la suite de son décès en 1933. Si Dumur n’a jamais entretenu de liens directs avec cette ville, son engagement farouche pour la cause française lors de la Première Guerre mondiale ont incité sa famille à confier une partie de ses archives ainsi que sa bibliothèque à Reims. Le fonds Dumur est constitué de la bibliothèque de l’écrivain ainsi que de 24 boîtes contenant ses archives professionnelles qui se trouvaient dans son bureau au Mercure de France.
La bibliothèque de l’écrivain rassemble ses propres œuvres, les titres édités par le Mercure ainsi que des ouvrages dédicacés par des auteurs renommés tels que le poète Guillaume Apollinaire ou l’écrivain et journaliste Joseph Kessel, qui lui adresse ces mots emprunts de respect dans son roman Le onze mai : « A Monsieur Louis Dumur, ce respectueux et reconnaissant hommage pour l’accueil qu’il me fit lorsque j’entrai dans son illustre maison « . Une dédicace du poète rémois Paul Fort datée de 1926 est également révélatrice de son estime pour l’auteur genevois : « A Louis Dumur, affectueusement, ton admirateur et ton ami, Paul Fort ».
Les 24 boîtes d’archives professionnelles représentent une mine d’informations précieuses sur la démarche de romancier de Louis Dumur. Elles contiennent en effet un ensemble de lettres, d’articles de presse et de brouillons qui constituent autant de documents préparatoires à la rédaction de son œuvre. Ces archives couvrent des thématiques très diverses comme les principaux personnages historiques et politiques des 19e et 20e siècles (Clémenceau, Jaurès, l’empereur Guillaume II, Raspoutine, etc.), les écrivains contemporains de Dumur parmi lesquels Maurice Barrès, Anatole France et Pierre Loti. Sept boîtes sont spécifiquement consacrées à la politique française et à la Première Guerre mondiale, ce qui témoigne du vif intérêt de l’écrivain pour ce conflit. D’autres boîtes abordent des sujets aussi disparates que l’aviation, le dadaïsme, le mariage ou le sport. Elles reflètent l’attachement manifesté par Dumur à l’exactitude et la précision dans son travail de rédaction ainsi que sa curiosité encyclopédique pour tous les sujets de la connaissance.
Ce fonds d’archives se complète de nouvelles acquisitions telles que l’exemplaire n°7 des Trois demoiselles du père Maire, acquis en 2022 par la bibliothèque Carnegie.
-Lien vers le fonds de la famille Dumur contenant les écrits, manuscrits et épreuves de Louis Dumur conservées aux Archives cantonales vaudoises : https://davel.vd.ch/detail.aspx?
-Lien vers l’inventaire des lettres de Louis Dumur conservées au département des manuscrits de la bibliothèque de Genève : https://archives.bge-geneve.ch/archive/catalogue/persname/dumur–louis–1860-1933-/n:100