Extrait du roman Le bonheur fragile (1960) Alfred Kern est un écrivain, plasticien et photographe. Il est né le 22 juillet 1919 à Hattingen en Rhénanie du Nord-Wesphalie (Allemagne) et est décédé le 12 septembre 2001 à Colmar. Il passe son enfance à Schiltigheim et Strasbourg dans le Bas-Rhin. Il fait ses études secondaires au collège Saint-Étienne puis au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg et poursuit des études de philosophie à la Faculté de théologie catholique à Strasbourg et à Clermont-Ferrand entre 1938 et 1940. Alfred Kern complète des études de philosophie et d’histoire aux universités de Heidelberg, Strasbourg, Leipzig et Paris. Il s’installe en 1947 dans la capitale où il enseigne l’allemand à l’École alsacienne. Il se marie le 14 août 1948 avec Halina Niekrassov dont il a deux enfants. Alfred Kern fréquente à Paris des personnalités littéraires (Adamov, Ionesco, Sartre…) et cofonde avec Marcel Bisiaux (1922-1990), André Dhôtel (1900-1991) et Henri Thomas (1912-1993) la Revue 84. Il connaît le succès comme romancier dès son premier roman Le Jardin perdu, récompensé par le Prix Fénéon en 1950. Il a obtenu plusieurs prix dont le Prix Charles Veillon en 1957 pour Le Clown, le Prix Maurice Betz en 1959 pour L’Amour profane, ou encore le Prix Théophraste Renaudot en 1960 pour Le Bonheur fragile. Lecteur défricheur de littérature allemande chez Gallimard et membre du Conseil permanent des écrivains, il révèle des œuvres capitales de la littérature d’après-guerre, comme celles de Thomas Bernhard (1931-1989) ou de Fritz Zorn (1944-1976). Après Le Viol (1964), Alfred Kern interrompt volontairement sa carrière de romancier pour se consacrer entièrement à la recherche scientifique, puis à la photographie et à l’écriture poétique (Gel et feu en 1989 et Le Point vif en 1991). Il n’a pas écrit en dialecte mais a publié de son vivant quelques poèmes en langue allemande, dont la majeure partie reste inédite. À partir de 1978, plusieurs expositions sont consacrées à son œuvre photographique : « Espaces » (Strasbourg, 1978), « L’Éclat et la Transparence » (Obernai, 1984), « La Lumière des Textes » (Sélestat et Strasbourg, 1985), « Le Jardin des Délices » (Colmar, 1987), « Le Martyre de Saint-Sébastien » (Strasbourg, 1991). Il a passé les dernières années de sa vie avec sa femme dans une maison du Haslach, au-dessus de Munster (Haut-Rhin). Le 9 février 1994, Alfred Kern confie en dépôt aux Archives départementales du Haut-Rhin, aujourd’hui Archives d’Alsace, une masse considérable d’inédits, de documents de travail, de négatifs photographiques, représentant un total de 27 mètres linéaires. Ses archives ne sont consultables que sur autorisation d’un comité dont il a défini la composition de son vivant. Le fonds Alfred Kern est un témoignage vivant de l’œuvre et de la pensée d’un homme qui a marqué de nombreux domaines. Qu’il s’agisse de ses recherches scientifiques, de ses contributions littéraires ou de ses travaux artistiques, ce fonds permet d’appréhender l’étendue de sa pensée créative et de sa réflexion intellectuelle. Le fonds contient une collection des bulletins du PEN Club international, une organisation de défense des écrivains dans le monde, ainsi que des travaux relatifs à des congrès et conférences qui illustrent son implication dans les problématiques littéraires et les droits des écrivains. Les documents sur sa thèse consacrée à Jacob Burckhardt offrent un aperçu de ses recherches académiques approfondies. Des manuscrits inédits, annotés de ses travaux publiés et non publiés ainsi que des essais de traduction et des poèmes témoignent de son processus créatif et de l’évolution de ses idées ; les réflexions personnelles et les analyses d’Alfred Kern à travers ses notes de lecture offrent en parallèle un éclairage sur ses influences et ses sources d’inspiration. Son travail d’artiste plasticien est aussi présent grâce à une riche collection de photographies de ses expositions et œuvres, ainsi que des négatifs, des cassettes audio, des diapositives et des films qui permettent une immersion totale dans ses créations visuelles. Ce fonds contient également des documents privés tels que de la correspondance, des journaux intimes, des photographies de famille et divers papiers personnels qui livrent un regard plus intime sur l’auteur. |
Alfred Kern |
Roman |
Extrait de la pièce Monsieur Chaussemiche Pédicure diplomé (1978) Charles-Gustave Stoskopf est un architecte, dramaturge et artiste peintre alsacien, né le 2 septembre 1907 à Strasbourg, et décédé à Paris, le 22 janvier 2004. Il est le fils de Gustave Stoskopf (1869-1944), artiste peintre et dramaturge, une des figures incontournables de la scène culturelle alsacienne du début du XXe siècle. Charles-Gustave Stoskopf a grandi dans un milieu très favorable à la création artistique quand il opte pour des études d’architecture à Strasbourg, puis à l’école des Beaux-Arts à Paris. Il remporte en 1933, le second Grand-Prix de Rome sur le thème « Une église de pèlerinage » et en 1935, le prix Guadet pour un projet qualifié « d’avant-garde » et intitulé « Une Folie ». Tout au long de sa vie, Charles-Gustave Stoskopf a mené de front sa carrière d’architecte et ses activités de peintre, écrivain et auteur dramatique. Il travaille pour le cinéma pendant la guerre, puis est chargé dès la création du Centre dramatique de l’Est, à Colmar, où il conçoit et réalise les décors et costumes de diverses pièces. Comme peintre paysagiste, il monte plusieurs expositions à Strasbourg, de 1977 à 1991. Charles-Gustave Stoskopf est officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre national du Mérite et des Arts et Lettres. Il est aussi le fondateur de l’Institut des arts et traditions populaires d’Alsace. Le fonds Charles-Gustave Stoskopf résulte de plusieurs dons par l’architecte d’abord puis par son fils Nicolas Stoskopf : les archives administratives et techniques de l’agence d’architecture de Strasbourg, de 1951 à 1988 (fonds coté 67 J et entré en 1988), puis les archives personnelles de Charles-Gustave Stoskopf (fonds coté 60 J et entré en 1989 et 1995). Ce fonds a été considérablement enrichi par un don complémentaire entre 2020 et 2022, contenant les documents figurés de l’architecte sur ses activités et réalisations : tirages photographiques, diapositives, affiches, dessins d’étudiants, projets d’architecture, distinctions, pièces de théâtre, livres d’or d’expositions. Ce dernier ensemble est en cours de classement. Les archives cotées dans la sous-série 60 J représentent 4,4 mètres linéaires et illustrent surtout les années 1950 à 1980. Contrairement aux fonds classiques d’architecte qui contiennent principalement des dossiers techniques, le fonds est constitué avant tout d’archives « personnelles » d’un architecte de renom : mémoires, travaux de jeunesse, dossiers sélectionnés pour leur intérêt technique et historique, complétés par des documents sur les activités parallèles d’écrivain et d’artiste de Charles-Gustave Stoskopf. L’apport le plus original reste les nombreux documents sur les créations artistiques et littéraires de Charles-Gustave Stoskopf, tout spécialement pour le théâtre alsacien de la seconde moitié du XXe siècle : dossiers des pièces de théâtre (textes, notes, photographies, coupures de presse, correspondance), collection de récits et contes en dialecte ou en français, documents sur les activités du théâtre alsacien (textes, programmes, coupures de presse, photographies). |
Charles-Gustave Stoskopf |
Théâtre |
« Je vais m’envoler », poème extrait du recueil Le milieu de la nuit (1991) C’est au Sud de la Champagne, à Nogent, Haute-Marne (5.000 habitants), célèbre depuis trois siècles pour sa coutellerie, qu’est né Bernard Dimey en 1931. Dès son plus jeune âge, ses talents littéraires et artistiques se révèlent. Quittant très jeune sa cité, passant par l’E.N. de Troyes à 25 ans, renonçant au métier d’instituteur, il s’installe à Montmartre qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1981.Artiste aux multiples facettes : écrivain, dialoguiste, peintre, comédien, c’est surtout dans la poésie qu’il excelle. Non content de l’écrire, il vit la poésie au quotidien sans se soucier d’une quelconque carrière. Auteur de chansons à succès : ‘Syracuse’, ‘Mémère’, ‘L’amour et la guerre’, ‘Mon truc en plumes’…, il est interprété par les plus grands : Aznavour, Mouloudji, Salvador, Gréco, Montand, etc. A Nogent, de sa maison natale au cimetière, en passant par son école, sa rue, on peut suivre les chemins de son enfance évoqués dans ses poèmes. Mais c’est au sein de la bibliothèque municipale portant son nom que Philippe Savouret, directeur, a constitué et développé le fonds patrimonial concernant Bernard Dimey (tous documents sous toutes formes). Toute personne désirant en savoir plus sur le poète et son œuvre peut venir à Nogent consulter les documents ou apporter sa contribution : témoignage, documents pour enrichir le fonds. Le fonds Bernard Dimey retrace la vie et l’œuvre de Bernard Dimey (1931-1981). Il porte également sur les commémorations et manifestations pour la conservation de sa mémoire. Particulièrement, depuis 2001, le Festival Bernard Dimey, organisé chaque année à Nogent au mois de mai. Le fonds patrimonial Bernard Dimey présente un intérêt artistique important : autant d’un point de vu littéraire, beaux-arts, musical ou cinématographique. Il représente un artiste complet des années 1960-1970 : au cœur de la révolution artistique culturelle montmartoise. Il présente l’évolution d’un enfant de la campagne haut-marnaise à celui de l’artiste qui se recherche dans la capitale et tente de se démarquer. |
Bernard Dimey |
Poésie |
« Les Poles », extrait de Portrait de l’auteur (1976) Maxime Alexandre naît le 24 janvier 1899 à Wolfisheim, près de Strasbourg. L’actuel Bas-Rhin, comme la Moselle et le Haut-Rhin, faisait alors encore partie du « Reichsland Elsass-Lothringen » (Empire allemand). À l’école de Wolfisheim puis au lycée de Strasbourg, Maxime Alexandre étudie donc en allemand. Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate en 1914, il part avec ses parents en Suisse romande et suit des cours de français à Lausanne. Il y découvre l’œuvre d’Arthur Rimbaud et s’attelle en 1916 à une traduction en allemand d’Une saison en enfer. À la fin de la guerre en 1918, il revient en Alsace redevenue française et poursuit ses études à l’Université de Strasbourg. Il obtient deux ans plus tard la Licence de Lettres Françaises. En 1996, grâce au Fonds régional d’acquisition des bibliothèques et au soutien de la Fondation Yvan et Claire Goll, la Ville de Saint-Dié-des-Vosges acquiert un ensemble de manuscrits, dessins, correspondances conservés par Berthe Alexandre, veuve du poète. Le musée de Saint-Dié-des-Vosges accueille en 1981 la première grande exposition consacrée à Maxime Alexandre, qui présente certains de ses écrits mais aussi une centaine de dessins réalisés à la fin de sa vie. Le conservateur du musée et de la bibliothèque Albert Ronsin commence alors à constituer un fonds entrant dans les deux établissements : manuscrits, éditions originales et dessins. Un nouveau fonds qui trouve une place tout indiquée à Saint-Dié-des-Vosges, puisque complémentaire d’autres collections d’artistes surréalistes – parmi lesquels Claire et Yvan Goll, Ernest Gengenbach, les Lorrains Georges Sadoul et André Thirion. Le fonds ainsi constitué donne lieu à une nouvelle grande exposition en 1998, « Maxime Alexandre. Un poète au Carrefour de l’Europe », présentée au musée Pierre-Noël dans le cadre du Mois du Patrimoine écrit. |
Maxime Alexandre |
Poésie |
Extrait du roman Si je criais (1952) Né à Schirmeck dans les Vosges en 1923, Jean-Jacques Kihm obtient un diplôme supérieur de philosophie à Nancy. A partir de 1950, il enseigne à l’École normale de Troyes (Aube), jusqu’à sa mort accidentelle en 1970. La Médiathèque Jacques-Chirac de Troyes Champagne métropole conserve deux séries d’archives et de documents relatifs à Jean-Jacques Kihm. Des dons et achats depuis les années 1970 sont répertoriés dans le deuxième supplément du catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Troyes. Il s’agit en premier lieu de textes de Kihm, dactylographiés et manuscrits. |
Jean-Jacques Kihm |
Réseaux amitiés influences |
Extrait de l’article « Le droit naturel » dans l’Encyclopédie volume 5 (1751-1772) Traducteur, dramaturge, romancier, critique d’art et philosophe, Diderot contribue avec un certain génie au mouvement des Lumières par son érudition et son esprit critique. Le fonds d’archives littéraires consacré à Denis Diderot se compose de sept lettres autographes et d’une pièce de théâtre imprimée mais annotée de la même du philosophe langrois. Ce fils de coutelier avait l’habitude de « remettre sur le métier son ouvrage ». Ainsi la pièce Est-il bon? Est-il méchant ? avant de connaître sa version définitive s’est intitulée La pièce et le prologue. |
Denis Diderot |
Auteurs engagés Célébrité reconnaissance |
Extrait de l’ouvrage Adieu à Satan (1952) Ernest Gengenbach naît le 6 novembre 1903 à Gruey-les-Surance (Vosges). Fils aîné d’une fratrie de 5 enfants, il est destiné à la prêtrise. En 1916, il entre au séminaire de Luxeuil puis au grand séminaire de Saint-Dié-des-Vosges. Avant la fin de ses études, il est emmené à Paris en 1919 par un dominicain pour poursuivre des études de théologie. Suite à son décès, la famille d’Ernest Gengenbach a donné à la médiathèque de Saint-Dié la bibliothèque personnelle de l’écrivain de laquelle ont été retirés des ouvrages de littérature générale non dédicacés et destinés au neveu du prêtre défroqué. Par ailleurs, le conservateur de la bibliothèque, Albert Ronsin, a enrichi le fonds en achetant des livres lors de sa visite à Ernest Gengenbach à l’hôpital de Nogent-le-Roi et à la maison de l’écrivain à Châteauneuf-en-Thimerais (Eure-et-Loir). Il a également pu sauver certains manuscrits de la destruction. En effet, la famille de l’écrivain considérait ses travaux comme honteux et dégradants qu’il fallait détruire. Ces derniers se composent de collages de personnages, essentiellement féminins, représentés dans des scènes érotiques souvent très crues, réalisées en compagnie de créatures sataniques. Le fonds Gengenbach, conservé aujourd’hui à la médiathèque de la Boussole de Saint-Dié, se compose d’un ensemble de près de 1000 documents. Parmi ceux-ci se trouvent des ouvrages surréalistes, mystiques et occultes de la bibliothèque personnelle d’Ernest Gengenbach. On y trouve des œuvres écrites de la main de l’auteur lui-même comme Les Messes noires (1929) ou Adieu à Satan (1952) mais aussi des ouvrages d’autres écrivains comme La Fin de l’ésotérisme (1973) de Raymond Abellio ou L’Érotisme (1965) de Georges Bataille. Y figurent également les œuvres achetées par Albert Ronsin comme Le Revolver à cheveux blancs (1932) d’André Breton ou Le Grand ordinaire (1970) d’André Thirion. Enfin, le fonds comprend plus de 2000 feuillets de manuscrits écrits de la main d’Ernest Gengenbach comme La Sirène aux coquillages (1956). On y trouve notamment une représentation d’une scène conjugale entre l’écrivain et son épouse Elyane. |
Ernest Gengenbach |
Réseaux amitiés influences |
Extrait du roman Les quatres saisons de la forêt (1922) Jean Baptiste Henri Aimé Surchamp, dit Jean Nesmy, est né à Marc-le-Tour (Corrèze) en 1876 et décède à Toulouse en 1959 ; il est inhumé à Troyes (Aube). Données en 2001 par ses fils José et Claude Surchamp, tous deux moines bénédictins, les archives Jean Nesmy conservées à la médiathèque de Troyes Champagne métropole sont constituées de plusieurs ensembles, qui ne sont pas à ce jour totalement inventoriés : |
Jean NESMY |
Légendes folklore régionalisme |
Extrait du roman Nach Paris ! (1919) Louis Dumur est né en 1863 à Vandoeuvres (Suisse), près de Genève, ville dans laquelle il devient élève du collège Calvin. Dès 1882, Dumur s’installe à Paris où il poursuit sa formation à la Sorbonne et rédige de premiers poèmes qu’il publie dans des revues. Il passe ensuite cinq ans à Saint-Pétersbourg (Russie) en tant que précepteur et tire de ce séjour un recueil de poèmes intitulé Neva, du nom d’un fleuve russe. C’est à cette époque qu’il rencontre l’écrivain Alfred Vallette (1858-1935) avec lequel il redonne vie en 1889 au Mercure de France, revue littéraire éditée pour la première fois au 17e siècle, qui devient également maison d’édition. Il joue un rôle essentiel dans la gestion financière et la promotion du Mercure. Dumur côtoie alors les écrivains du mouvement symboliste tels que Jules Renard, Alfred Jarry et Alfred Samain, dont les textes sont publiés par cette maison d’édition. Le fonds Louis Dumur a été légué à la ville de Reims par le frère de l’écrivain, Maurice, à la suite de son décès en 1933. Si Dumur n’a jamais entretenu de liens directs avec cette ville, son engagement farouche pour la cause française lors de la Première Guerre mondiale ont incité sa famille à confier une partie de ses archives ainsi que sa bibliothèque à Reims. Le fonds Dumur est constitué de la bibliothèque de l’écrivain ainsi que de 24 boîtes contenant ses archives professionnelles qui se trouvaient dans son bureau au Mercure de France. |
Louis Dumur |
Auteurs engagés Roman |
Extrait du roman Peau de pêche (1927) Henri Legrand, dit Gabriel Maurière, naît en 1873 à Bessy, dans l’Aube. Sa famille s’installe ensuite à Charmont-sous-Barbuise, dans ce même département, en 1881. Le jeune Henri y suit l’enseignement de son père instituteur, avant d’entrer à l’Ecole normale de Troyes. Il commence sa carrière d’enseignant dans l’Aube, avant de devenir inspecteur en 1903. En 1995, les descendants d’Henri Legrand donnent à la commune de Charmont-sous-Barbuise les manuscrits de l’écrivain, ainsi qu’une partie de ses archives comprenant des coupures de presse et sa correspondance professionnelle. Une quinzaine de manuscrits, dont certains sont augmentés de quelques dessins de la main du romancier, sont ainsi conservés aujourd’hui à la médiathèque Gabriel-Maurière. |
Gabriel Maurière |
Roman |
Extrait de la pièce Odile : pièce alsacienne en trois actes, traduction d’Edmond Baudiffier (1946) Victor Schmidt (ou Schmitt) est un poète lyrique, auteur dramatique dialectal et compositeur né en 1881 ayant passé son enfance à Thann, petite ville industrielle au pied des Vosges où il apprend le métier de dessinateur textile à l’école professionnelle supérieure, et compose des poèmes en dialecte publiés dans la presse sous divers pseudonymes. Peu avant le déclenchement de la Grande Guerre il revient définitivement à Mulhouse où il publie ses premiers ouvrages, des recueils de poésie en dialecte parmi lesquels on peut citer l’édition complète en 1939 de Geranium (réédité en 1947), qui englobe les poésies de plusieurs recueils publiés entre 1920 et 1930. L’édition, soignée, est illustrée par des artistes alsaciens parmi lesquels le graveur sur bois Henri Bacher (1890-1934). Mais le nom de Victor Schmidt est avant tout lié à l’histoire du Théâtre alsacien de Mulhouse, où ses œuvres dramatiques furent jouées la première fois avant de l’être à Bâle, Zürich et même Paris. Son œuvre théâtrale, volumineuse et diversifiée, comprend essentiellement deux genres : des contes écrits pour la scène, et des comédies ou farces. Sa première pièce, une farce, Dr Erscht April, écrite pendant la guerre de 1914-1918 est montée à Mulhouse en mai 1919. Elle est suivie par D’r Schaeffer Mathis, Fiesinger et Cie qui connaît un succès retentissant en 1922. Il est distingué par le Prix Gustave Stoskopf en 1947 pour Odile (1946), pièce écrite alors qu’il était réfugié à Steinbrunn-le-Bas pendant la seconde Guerre mondiale. Fondateur en 1937, avec d’autres poètes, du groupe « Quodlibet-Mulhouse », collaborateur de diverses revues (Mülhauser Tagblatt, Der Hüsfrind – plus tard rebaptisé L’Almanach de l’Alsace et des Marches de l’Est), Victor Schmidt est l’auteur de nombreuses causeries (sur la presse, le bonheur, l’amour, l’humour, le théâtre, etc.), pièces et contes radiophoniques. Il passe ainsi régulièrement sur les antennes de Radio Strasbourg et de Radio Bâle, tandis que Radio-Lausanne crée en français plusieurs de ses pièces, dont Le poirier enchanté, La cruche bleue, et L’étoile filante. Victor Schmidt est également le compositeur de nombreuses chansons, paroles et musique. Elles parurent notamment sous le nom de Klang üs’m Elsass avec partition pour piano. La plus célèbre « S’Heimweh » (= Le mal du pays), chanson alsacienne pour chant et piano, avec paroles françaises et alsaciennes, composée en 1948, devient une sorte d’hymne alsacien à travers le monde. Au titre des compositions musicales, on peut citer « Angélus d’Alsace », un solo de violoncelle, et des fantaisies pour piano comme « La vieille horloge », « Hymne à la ville de Mulhouse », etc. Il faut enfin mentionner que Victor Schmidt, en relation avec un certain nombre d’artistes alsaciens (Paul Hertzog, Henri Bacher, Louis Philippe Kamm…) et dont le peintre Alfred Giess (Grand Prix de Rome en 1929, conservateur du Musée national Jean-Jacques Henner à partir de 1957) a fait un portrait, pratiqua lui-même la peinture pour chanter d’une autre manière son amour pour Thann et le Sundgau (sud de l’Alsace). Les manuscrits de Victor Schmidt conservés à la Bibliothèque municipale de Mulhouse sont au nombre de 8 unités (Ms. 89, Ms. 94 à 100), a priori donnés par son épouse Emma Schmidt après le décès de l’écrivain. Si l’importance matérielle est réduite, ces manuscrits embrassent toutefois les divers registres littéraires dans lesquels l’écrivain s’est exprimé. La poésie et les chansons sont représentés par un recueil relié (Ms. 89) qui rassemble des poèmes (pour certains en différentes versions), en alsacien mais également en français, publiés dans les recueils Geranium (1920), Kappezinerle (1928), Pfingstnagele (1930) et Spitzewadri (1953), ce dernier réunissant des œuvres de jeunesse publiées avant 1900 sous divers pseudonymes. On y trouve également des poèmes inédits et plus tardifs, des versions en français de certains de ses poèmes, mais aussi des adaptations en alsacien de poèmes de Verlaine, Musset, Lamartine, etc. Parmi les poèmes emblématiques du recueil figurent « S’Heimweh » / « Le mal du pays » (version de 1904 et nouvelle version), « ‘S Lied vum Bächle » / « La chanson du ruisseau », « Geranium », « Melancholie », « Odile », « Elsasslied » / « Chanson d’Alsace », etc. Les contes forment un autre ensemble. Un recueil relié (Ms 96 à Ms 100) en rassemble plusieurs, parmi lesquels « Der Schwarzepeter » (également publié en français sous le titre « Le valet noir ») publiés de manière dispersée dans D »r Elsässer Kaländer Hüsfrind (L’Ami du foyer dans les années 1930, puis Almanach de l’Alsace et des Marches de l’Est à partir des années 1950). Deux d’entre eux sont en français. « Le chien aboyant et la fontaine. Güethebrinnele » conte l’histoire des souffrances d’un jeune sculpteur à la fin du 15e siècle qui aurait laissé plusieurs œuvres dans la pierre de la belle collégiale et de la vielle ville de Thann (une adaptation sous forme de conte radiophonique en français sous le titre « Le Pilier de la Madone » en 1961). L’autre, « Au premier acte de ma vie. Le premier en classe », sans doute en partie autobiographique, résonne d’accents un peu revanchards en mettant en scène l’opposition à tous niveaux entre le fils unique, d’ascendance ostensiblement allemande, du « Herr Kreisdirektor » d’une petite ville (Thann ?) et ses camarades de classe alsaciens, considérés comme des « vauriens » par tous les « « Herren Professoren » à barbe et à lunette (…) ayant franchi le Rhin… » qui nous évoquent immanquablement les caricatures du célèbre Hansi ! Dans un autre manuscrit (Ms. 95) l’auteur présente des « vers dialogués et humoristiques », le plus souvent sous la forme de quatrains rimés distribués entre plusieurs personnages. L’auteur nous indique en préambule que « Plusieurs ont été diffusés et racontés comme bons mots, qui sont peut-être connus. Mais je puis certifier qu’ils sont de mon cru » ! Le théâtre en dialecte est représenté par la pièce Mit me Gump ins neye Johr! (= Un saut dans la nouvelle année), courte pièce dont le manuscrit (Ms. 94) mentionne un accompagnement musical. Parmi la centaine de pièces de théâtre, recueils de poèmes, contes et nouvelles mais aussi partitions signées Victor Schmidt conservés dans le fonds d’Alsatiques de la bibliothèque municipale figure par ailleurs un certain nombre de tapuscrits souvent annotés, dont le repérage est en cours afin de les rapprocher des manuscrits et les signaler en tant que tels. C’est le cas de la pièce de théâtre Odile (1er Prix du concours littéraire « Prix Gustave Stoskopf » 1946 organisé par le Syndicat des Théâtres alsaciens), écrite « d’après nature » pendant la seconde Guerre mondiale alors que Victor Schmidt était réfugié dans un village au sud de Mulhouse, et montée par le T.A.M. (Théâtre alsacien de Mulhouse – Tony Troxler y interprète d’ailleurs un rôle) en novembre 1946, avant d’être jouée au Théâtre de Strasbourg au printemps 1948. Un dossier documentaire (cote F 700883) nous en livre une version polycopiée présentant de nombreuses annotations et corrections manuscrites, mais aussi le programme imprimé du Théâtre alsacien de Mulhouse, des photographies de la pièce et un ensemble de coupures de presse de l’époque. D’autres pièces inédites sont à signaler (‘S Rote Rad im wisse Fald : revue radiophonique mulhousienne en trois actes, vers 1948 ; Allo, Grande distillerie alsacienne ! : E Spiel rund um d’Liewe…). |
Victor Schmidt/Schmitt |
Théâtre |
Extrait issu de Poèmes de la captivité (1945) Figure tutélaire des bibliothèques de Châlons, Henri Vendel naît en 1892 dans une famille de commerçants à Almenèches (Orne). Reçu à l’Ecole des chartes en 1913, il commence une thèse sur l’abbaye de son village natal quand la guerre éclate. De l’enfer des tranchées, il sort décoré, valétudinaire et auteur d’un premier ouvrage, Sous le pressoir, publié en 1921 et préfacé par Romain Rolland. Les manuscrits d’Henri Vendel conservés à la médiathèque Georges Pompidou ont été pour la plupart donnés par sa fille, Jeanne Simons-Vendel, dans les années 1970. Ils couvrent les divers domaines d’écriture de Vendel. Il a rédigé de nombreux articles professionnels, notamment sur la lecture publique et l’expérience de bibliothèque circulante de la Marne, ainsi que des monographies d’artistes champenois qu’il exposait : Antral, Renefer. Membre de la SACSAM (Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne), il est l’auteur de nombreuses contributions relevant soit de l’érudition pure, tel son historique de la bibliothèque municipale de Châlons, soit de l’éloge de la Champagne. Il a également publié une somme, presque une thèse, sur le naturisme, plaisamment intitulée Faut-il vivre nus ?. Qu’ont dû penser les bourgeois de Châlons ? Avant 1940, les écrits non professionnels de Vendel sont signés du pseudonyme Nadel, réunissant les syllabes finales de son nom et du nom de son épouse, Véra Oglobina. Celle-ci intervient dans son premier ouvrage, Sous le pressoir, pour le sauver « du néant, du désespoir et du mépris de vivre », selon les mots de Romain Rolland. Celui-ci porte sur le texte de Vendel un jugement élogieux : « Voici un livre vrai. Parmi tant de mémoires de la guerre, ceux-ci ont l’intérêt d’être écrits simplement, uniment, sans littérature… ». Vendel n’échappe pas à la littérature dans ses autres œuvres. Plus qu’un grand auteur, c’est un auteur attachant. Volontiers lyrique, il aime à faire l’éloge de sa Champagne d’adoption et à conter sa Normandie natale. La médiathèque conserve le manuscrit de Lorsque l’enfant tenait le monde, où il évoque son enfance dans un style à la fois élaboré et naïf. On reconnaît le folkloriste à son empressement à transcrire chansons, proverbes et coutumes, ou telle formule de malédiction employée contre qui ne veut pas donner aux enfants… pour Pâques, et non pour Halloween. La correspondance de Vendel mérite une mention particulière : dans cette masse de plus de 2000 pages se mêlent les auteurs célèbres – Romain Rolland, Paul Fort, Pol Neveux…, les bibliothécaires réputés, les artistes et écrivains champenois et une cohorte d’anonymes, amis, lecteurs. Au fil de ces lettres, on voit le génie qu’avait Vendel pour nouer des amitiés, créer des liens. Dans cet ensemble, on remarque les lettres portant sur La Couronne d’Epines : souscriptions, éloges, remerciements pour une dédicace. Ce recueil de poésies publié pendant l’Occupation, malgré la censure, reçoit un succès d’estime considérable. Henri Vendel a manifestement fait œuvre de résistance spirituelle par cet ouvrage et par sa diffusion dans les milieux littéraires français. Une grande partie des manuscrits de Henri Vendel ont été numérisés en 2019 et sont disponibles en ligne sur le site de la médiathèque de Châlons. |
Henri Vendel |
Auteurs engagés |
Extrait du roman Golo, roman de campagne (1898) Ainsi parlait Marcel Proust de Pol Neveux, écrivain né en 1865 à Reims (Marne), ville à laquelle il demeure étroitement attaché tout au long de son existence. Pol Neveux est le fils d’un notaire et de la poétesse Marie Pochet, Marie Valyère de son nom de plume. Il épouse en 1904 Céline Mathilde Antoinette Pellet, fille du journaliste et diplomate Marcellin Pellet. Après des études de droit, il débute une courte carrière d’avocat avant de se réorienter vers les bibliothèques. Pol Neveux devient ainsi sous-bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine, à Paris, en 1893, avant d’occuper les mêmes fonctions à l’Ecole nationale des Beaux-Arts l’année suivante. Il intègre ensuite l’administration en tant que chef-adjoint du cabinet du ministre de l’Instruction publique en 1894, puis il est nommé inspecteur général des bibliothèques en 1902. Pol Neveux s’investit pleinement dans ses nouvelles fonctions et sillonne les bibliothèques de France afin d’en découvrir toutes les richesses patrimoniales. Lors de la Première Guerre mondiale, son action s’avère déterminante : il est en effet chargé de veiller sur les documents les plus précieux de la Bibliothèque nationale de France ainsi que sur des œuvres du musée du Louvre, du château de Compiègne et du château de Fontainebleau. A la fin du conflit, Pol Neveux suit avec attention la reconstruction de deux bibliothèques dans le style Art déco : la bibliothèque de Reims, inaugurée en 1928, et celle de Toulouse, achevée en 1935. Il dirige enfin la publication des Richesses des bibliothèques provinciales de France, ouvrage de référence édité en 1932. En parallèle, Pol Neveux entreprend une carrière littéraire et publie en 1898 son premier ouvrage intitulé Golo, roman de campagne, qui rencontre un grand succès. Son second roman, La douce jeunesse de Thierry Seneuse, paraît en 1917 et est considéré comme son écrit le plus personnel. L’écrivain y met en scène un jeune garçon ayant grandi à Reims dans les années 1870-1880, profondément attaché à la culture et à l’histoire de sa ville natale. Malgré la réception enthousiaste de ses écrits, Pol Neveux rédige peu de romans, se consacrant à ses missions au service des bibliothèques et à une activité prolifique de critique littéraire. Pol Neveux publie ainsi de nombreux articles sur la littérature de son temps et sur les grands auteurs du 19e siècle comme Flaubert et Maupassant, écrivain auquel il consacre une étude parue en 1908. Grâce à ses articles, Pol Neveux fait la connaissance de nombreux artistes et reçoit l’estime de ses pairs : il devient ainsi commandeur de la Légion d’honneur en 1922 et il est élu à l’Académie Goncourt en 1924. Pol Neveux décède le 26 mars 1939. De nombreux hommages lui sont rendus dans des articles de journaux comme les Nouvelles littéraires ou le Journal des Débats. Une biographie composée par Emile Dacier, inspecteur général des bibliothèques et ami intime de Pol Neveux, est publiée en 1940. Tous ces hommages manifestent la reconnaissance du milieu littéraire et artistique français envers ce personnage incontournable du monde des lettres et des bibliothèques françaises au début du 20e siècle. Cette collection est donnée à la bibliothèque de Reims par Pol et Antoinette Neveux entre 1929 et 1939. Elle se compose de trois parties correspondant aux différentes branches de leur famille : une première partie héritée d’Auguste Scheurer-Kestner, le grand-père d’Antoinette Neveux ; une seconde héritée de Marcellin Pellet, le père d’Antoinette et une troisième provenant des époux Neveux eux-mêmes. La collection provenant d’Auguste Scheurer-Kestner, industriel et homme politique originaire de Mulhouse (Haut-Rhin), est composée de deux boîtes contenant des lettres, articles de journaux et documents d’archives relatifs à ce personnage. Bon nombre de documents sont relatifs à l’affaire Dreyfus, Scheurer-Kestner s’étant engagé en tant que sénateur dans la défense d’Alfred Dreyfus. On trouve ainsi une carte de visite de Dreyfus annotée de sa main, ainsi qu’une lettre qu’il a adressée à l’épouse, Céline, ou à la fille, Jeanne, de Scheurer-Kestner. Ces deux boîtes s’accompagnent d’une troisième intitulée « affaire Dreyfus », héritée de Marcellin Pellet, qui contient de précieuses pièces sur cet épisode de l’histoire française. La boîte rassemble des lettres adressées par Alfred Dreyfus et son frère, Mathieu, aux époux Marcellin Pellet ainsi qu’à Pol et Antoinette Neveux. On y trouve également la correspondance de Georges Clémenceau, grand défenseur de Dreyfus, à Marcellin Pellet. La troisième partie de la collection est composée des documents relatifs à la famille Neveux. Elle est constituée de 65 boîtes d’archives qui contiennent des documents très divers : de la correspondance, des imprimés (journaux et ouvrages), des manuscrits et de l’iconographie relatifs à Pol Neveux et sa femme. La correspondance de la famille Neveux représente une précieuse source d’informations sur leur vie personnelle et professionnelle. Un ensemble de 205 lettres ont par exemple été reçues par la mère de Pol Neveux, Marie Valyère, d’Edma Roger des Genettes. Cette femme de lettres était réputée pour son salon fréquenté au milieu du 19e siècle par de grands auteurs comme Alfred Musset, Victor Hugo, Alexandre Dumas ou Gustave Flaubert, dont elle était l’amie intime. Ces missives reflètent l’appartenance de Marie Valyère au milieu littéraire de son temps. La collection comprend divers manuscrits de Pol Neveux dont des notes de travail, des essais et des discours. Elle contient également des œuvres imprimées, qu’il s’agisse des épreuves corrigées du roman Golo ou de textes associés à Reims. On y retrouve le texte Reims en ruine, publié en 1928, ainsi qu’un second écrit intitulé Ma douce Champagne !. De nombreux articles écrits par Pol Neveux permettent de découvrir son activité prolifique de critique littéraire. |
Pol Neveux |
Célébrité reconnaissance |
Extrait de l’ouvrage L’Alsace de Marcel Schneider : rhapsodie alsacienne (1983) Né en 1913, Marcel Schneider grandit en région parisienne dans une famille d’origine alsacienne. Après des études au lycée Louis le Grand, puis à la faculté de Lettres de la Sorbonne, il se tourne vers l’enseignement, et obtient l’agrégation de lettres en 1936. Il poursuit sa carrière d’enseignant jusqu’en 1960, année où il se consacre pleinement à la littérature. Grand passionné de musique et de littérature fantastique, les écrits de Marcel Schneider sont influencés par ceux des surréalistes, de Charles Nodier, de Gérard de Nerval ou encore d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. Son premier roman, Le Granit et l’Absence, publié en 1947, marque son entrée en littérature, alliant ses deux passions. Les œuvres de Marcel Schneider sont nombreuses, au rythme moyen d’une publication par an jusqu’à sa mort en 2009. Outre des romans et des nouvelles, il est l’auteur de nombreuses biographies de compositeurs et d’essais sur la littérature fantastique. Encore aujourd’hui, son Histoire de la littérature fantastique en France, parue dans son édition définitive chez Fayard en 1985, est une référence dans son domaine. Il rédige également ses mémoires L’Eternité fragile, publiés en 5 tomes chez Grasset dès 1990, traversant ainsi tout le 20e siècle. Sa notice biographique dans le Dictionnaire des écrivains contemporains, rédigée par lui-même, laisse entrevoir la personnalité et les idées qui façonnèrent sa vie : La bibliothèque des Dominicains conserve une trentaine de feuillets de Marcel Schneider, donnés à la bibliothèque par l’auteur en juillet 2002. |
Marcel Schneider |
Roman |
« Die Ill » extrait de l’ouvrage Elsässer Schatzkäste (1877) Archives de Daniel-Ehrenfried Stoeber (1779-1835) et de ses fils Auguste Stoeber (1808- 1884) et Louis-Adolphe Stoeber (1811-1892), importante famille de lettrés originaire de Strasbourg (où un monument leur est dédié) et installée à Mulhouse autour de 1840. Les Stoeber se sont illustré dans les domaines de la poésie, de l’histoire et, de manière pionnière, de l’ethnographie des contes, légendes, proverbes, etc. d’Alsace qu’ils ont recueillis et édités. Le fonds se compose de 4 mètres linéaires de documents : manuscrits, correspondance, documents d’archive, petits imprimés et tirés à part, etc. Très importante correspondance reflétant les riches échanges des Stoeber avec d’importantes figures des arts et des lettres de part et d’autre du Rhin (abbé Grégoire, Benjamin Constant, Oberlin, Hebel, frères Grimm, etc.). Le meuble d’origine contenant les archives Stoeber est aujourd’hui situé au 2e étage de la Bibliothèque Grand’Rue. |
La famille Stoeber |
Légendes folklore régionalisme Réseaux amitiés influences |
Extrait d’une version manuscrite de « Die Güldne Mär vom Bollwerkturm. Mülhauser Sage aus dem 13. Jahrhundert » = Le Conte d’Or de la Tour du Bollwerk. Légende mulhousienne du 13e siècle (publié en 1912) Eugène Fallot-Landsman (1837-1918), qui avait ajouté le pseudonyme « Fallot » à son nom d’auteur, est un poète dialectal né à Mulhouse. Il travaille de 1856 à 1883 comme dessinateur textile dans l’atelier de Samuel Louis Schönhaupt, par ailleurs membre du comité du Musée historique de Mulhouse et éminent peintre héraldiste, auteur du Livre d’or de la ville de Mulhouse (1883), illustrée des armoiries des familles bourgeoises de l’ancienne république mulhousienne, et de l’Armorial des communes d’Alsace (1900). Eugène Fallot-Landsman s’intéresse beaucoup lui-même à l’histoire locale (il publie en 1906 un plan du vieux Mulhouse, Alt-Mülinhüsen, accompagné d’une notice descriptive) et surtout à la poésie dialectale, qu’il mêle intimement dans ses écrits. A ce titre il entre en relation avec les frères Auguste et Adolphe Stoeber, considérés comme les pionniers des études sur le folklore alsacien. Son œuvre littéraire, majoritairement composée de poèmes et de récits en rimes (une douzaine d’œuvres répertoriées, publiées entre 1881 et 1912), révèle une inspiration lyrique et épique, puisant également dans les textes bibliques (Ancien Testament, Psaumes, etc.). Elle peut être considérée comme typiquement mulhousienne, tant Mulhouse, ses idiomes et ses toponymes (Tour du diable, Tour du Bollwerk, la rivière l’Ill…) y sont présents. L’auteur revendique le fait d’écrire en Milhüüsärditsh (dialecte mulhousien), ce jusque dans les titres ou sous-titre de certains de ses recueils poétiques (Shtupfälaarä : Milhüüsärditshä Gedichtär…, 1901). Il est à cet égard révélateur que les manuscrits d’Eugène Fallot-Landsman, véritable patrimoine linguistique local, soient conservés tant dans les collections du Musée historique de Mulhouse (37 cahiers de poésies en alsacien, en français et en allemand) que dans celles de la Bibliothèque municipale. Les manuscrits d’Eugène Fallot-Landsman conservés à la Bibliothèque municipale de Mulhouse se composent de 4 volumes reliés format in-octavo, calligraphiés par l’auteur avec pièces de titres également manuscrites. Contenant de nombreux poèmes ou courts récits rimés en alsacien et en français, ils semblent relativement tardifs (entre 1909 et 1916) et concernent principalement deux œuvres de l’auteur. La première, D Ofäbaarung, publié à Mulhouse en 1896, est un recueil poético-mystique sous forme de longue incantation rimée déclinée en 12 chants ponctués de références bibliques, dont l’auteur donne dans le manuscrit une version améliorée a priori inédite. Dans les derniers feuillets figure, en ancien français et en allemand, « La légende des mouchettes. 1293 ». La seconde, Die Güldne Mär vom Bollwerkturm. Mülhauser Sage aus dem 13. Jahrhundert (= Le Conte d’Or de la Tour du Bollwerk. Légende mulhousienne du 13e siècle), publiée à Mulhouse en 1912, est un long poème d’inspiration médiévale en quatrains rimés. L’auteur en donne au fil des quatre volumes reliés différentes versions remaniées, tant en dialecte du Sundgau (sud de l’Alsace) qu’en français et en allemand, ponctuées d’autres poèmes et pièces rimées, jusqu’à une version complète et définitive composée de 24 chants (contre 16 dans l’édition de 1912). En accord avec la tonalité de l’œuvre, sa rédaction semble donc avoir été elle-même une petite épopée ! |
Eugène Fallot-Landsman |
Patois dialectes langues régionales |
Extrait du roman La Reine Sibylle (1927), avec une introduction de la bibliothèque de Mulhouse Maurice Mutterer (1870-1958), qui entre en 1895 comme assistant à l’hôpital de Mulhouse, est d’abord un médecin reconnu (études à Strasbourg, Münich et Paris), collaborateur de revues médicales, auteur par exemple d’une « Note sur un cas d’hystéro-épilepsie à crises distinctes, avec ecchymoses spontanées et accès de fièvre hystérique » (publiée dans les Archives de neurologie en 1902) qui n’a rien de très littéraire ! Il exerce ses talents de médecin à Mulhouse pendant une cinquantaine d’années. En tant que médecin-chef des services des maladies internes, il œuvre contre la petite vérole qui sévit à Mulhouse en 1906. Il conseille l’industriel et philanthrope Auguste Lalance (1830-1920) pour la fondation en 1902, à côté de Mulhouse, du sanatorium qui porte son nom (M. Mutterer en est le médecin-chef de 1912 à 1944). Il dirige par ailleurs en 1908 le premier dispensaire antituberculeux de Mulhouse. Erudit féru d’histoire, collectionneur de documents anciens sur l’Alsace, auteur d’une Evocation de la Sicile antique (Paris, 1946), il publie de nombreuses études historiques dans le Bulletin du Musée historique de Mulhouse, le Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse et la Revue d’Alsace ou la Revue alsacienne illustrée, parmi lesquelles « Le Flûtiste Jean-Gaspard Weiss en Italie et ses relations avec Angélique Kaufmann et Grétry » ou encore « A propos d’une expression encore inexpliquée du Hortus deliciarum » (1925). Passionné par le romantisme, l’Allemagne et l’Italie, il consacre une grande partie de ses travaux à Rousseau (« Jean-Jacques Rousseau à Strasbourg », 1904) et à Goethe (« L’appel méditerranéen de Goethe », 1932 ; Esquisses goethéennes, Paris, 1948), dont il propose avec succès une traduction complète du Voyage en Italie (Paris : Honoré Champion, 1930), toujours rééditée. Sur le plan littéraire, outre ses poésies, Maurice Mutterer est l’auteur de Près du tombeau de Cestius. Lettres d’Italie à un ami d’Alsace (Strasbourg : Imprimerie Alsacienne, 1921), ouvrage primé en 1923 par l’Académie Française. Œuvre de fiction écrite pendant la première Guerre mondiale (à Strasbourg ou à Mulhouse), elle intègre des souvenirs vécus de l’auteur, sous forme de lettres fictives adressées d’Italie (Rome, Florence, Venise, Pise…) entre 1912 et 1914 à un proche resté en Alsace. L’écriture est truffée de références littéraires (Montaigne, Petrarque, Boccace, Goethe, Chateaubriand…), le tombeau de Cestius évoquant l’emplacement près duquel Goethe avait souhaité reposer, dans « ce poétique cimetière des étrangers si paisiblement endormi au pied de l’Aventin » (M. Mutterer). On lui doit également La Reine Sibylle (Paris : Berger-Levrault, 1927), roman historique autour de la figure de Sibylle dite de Medaria, régente de Sicile à la fin 12e siècle (royaume normand de Sicile). La Bibliothèque municipale de Mulhouse conserve une quarantaine de manuscrits unitaires de Maurice Mutterer regroupant souvent, pour chacun, un jeu de manuscrits (parfois un grand nombre de petits carnets cousus format in-12), tapuscrits et notes préparatoires ou documents de recherche, portant le nombre total d’unités matérielles bien au-delà de la centaine. La majorité concerne des articles, études et conférences tant sur l’histoire de l’Alsace (« Un document alsacien sur la quatrième croisade : la Historia constantinopolitana de Gunther de Pairis », 1928, l’archéologie dans le bassin méditerranéen (Sicile antique, fouilles de Delphes…) que la musique et les arts (Leonard de Vinci, Martin Schongauer…), en particulier les grandes figures littéraires chères à Maurice Mutterer : articles et études sur Goethe (qui seront rassemblés et publiés dans le volume Esquisses Goethéennes en 1948), J.-J. Rousseau (dont un « Essai biographique ébauché » en 1896-1897), Herder, etc. Viennent ensuite une quarantaine de carnets contenant des notes de lecture et une vingtaine de carnets de voyage manuscrits, essentiellement dans le sud de l’Allemagne et en Italie. Ces derniers sont à rapprocher de ses écrits littéraires dont les manuscrits sont conservés. Il faut citer en particulier ceux relatifs aux deux livres les plus connus de Maurice Mutterer, à savoir La Reine Sibylle (MS 63/1-2), soit 5 carnets manuscrits ainsi qu’un article historique tiré du Goetheanum de mai 1931 qui indique bien la manière dont l’auteur « documentait » ses quelques écrits littéraires), et Près du tombeau de Cestius (MS 64/1-2) dont les lettres sont nourries de descriptions de l’Italie. Évocations de la Sicile antique (Ms 62, 8 cahiers) conte quant à lui la mort du poète et philosophe grec de Sicile Empédocle, avant de faire dialoguer Sénèque, le gouverneur romain Lucilius ou encore le philosophe Aristoclès au fil d’entretiens sur les passions humaines, le destin, la beauté, recherche d’une forme de sagesse, etc. Cet écrit peut être rangé par son style parmi les œuvres littéraires de Maurice Mutterer, dont l’un des talents est de marier les registres historiques et littéraires dans un style vivant, pétri et « illustré » de références à la culture européenne. |
Maurice Mutterer |
Légendes folklore régionalisme |
« Le bon temps » édité dans Les contes de Fraimbois par Jean Lanher (1989) Affublées du vocable de « contes » de Fraimbois, un petit village du Lunévillois (Meurthe-et-Moselle), ces historiettes imprimées sur cartes postales et rédigées à l’origine en patois véhiculent des récits piquants et cocasses, et sont enrichies et entretenues par la tradition orale. La paternité de ces contes édités par Emile Bastien reste floue. Cependant la tradition reconnaît à Athanase Grandjacquot, ancien instituteur à Fraimbois, un rôle important dans cette entreprise éditoriale. L’abbé Jacques Choux rapporte qu’à la fin du 19e siècle, « un petit groupe d’amis, dont Athanase Grandjacquot, se retrouvaient de temps à autre dans un café à Lunéville, rue du Temple, tenu par Alexandre Collet, oncle par alliance d’Émile Bastien. Là se racontaient les histoires que Bastien eut l’idée d’éditer et que Grandjacquot entreprit de mettre par écrit […] Mais Grandjacquot ne fut sans doute pas l’unique rédacteur. Un écrivain régionaliste lunévillois bien connu, Fernand Rousselot (1879-1958) s’est personnellement présenté comme l’auteur de “quelques uns des plus curieux conte de Fraimbois“» (Les Contes de Fraimbois [cartes postales réunies et présentées par] Jean Lanher, préface de l’abbé Jacques Choux, Presses universitaires de Nancy, 1983). Le fonds réunit 20 cartes postales imprimées (réédition, vers 1900) et 77 dessins non signés, probablement exécutés ultérieurement. |
Athanase Grandjacquot |
Légendes folklore régionalisme Patois dialectes langues régionales |
« E Liedle an dr Wagle » dans L’œuvre poétique I Sundgau, traduction de Jean-Paul de Dadelsen (2021) Nathan Katz (1892-1981), écrivain talentueux originaire du Sundgau, est l’auteur d’une importante œuvre poétique en langue alémanique, mais aussi de pièces de théâtre en dialecte alsacien. L’Alsace, et notamment le Sundgau, traverse et imprègne fortement son œuvre qui est progressivement traduite et éditée en langue française à partir de 1987 et, surtout, rendue accessible par les 2 tomes de son Œuvre poétique (bilingue alémanique-français) publiée en 2001 et 2003 aux Éditions Arfuyen (Orbey). –Sundgäu : 8 poèmes manuscrits (Elsass | Schwangeri Fraü | D’r Tod un’s Làbe | Un jedesmol wenn i üs dr gang | Das heimlige Waihje | D’ Birle üf dr Hurt | D’ verstosseni Liebi | Di Morgegrüess) |
Nathan Katz |
Patois dialectes langues régionales |
Extrait d’un discours de 1964 « Mein Wort an die Menschen » Albert Schweitzer nait le 14 janvier 1875 à Kaysersberg (Haut-Rhin). Peu après la famille s’installe à Gunsbach, où son père Louis Schweitzer est pasteur. Albert connait une enfance heureuse mais pas insouciante : ce bonheur dont il fait l’expérience n’est pas partagé entre tous les êtres vivants. L’enfant sensible souffre déjà de la misère qu’il voit autour de lui. Il s’efforce de ressembler aux petits garçons du village, plus pauvres. Le soir, il s’étonne que la prière n’intercède que pour les humains, en secret il rajoute une prière « pour tout ce qui respire ». La maison qu’Albert Schweitzer a fait construire en 1928 servait de point d’ancrage à son œuvre en Europe. Tous ses effets personnels et son matériel intellectuel sont restés dans sa maison après sa mort en 1965. Sa collaboratrice et secrétaire Emmy Martin, succédée d’Ali Silver et Tony van Leer ont organisé la somme de documents produits par Schweitzer ainsi que les innombrables lettres de sa correspondance. Aux lettres et manuscrits viennent s’ajouter toute la littérature de et sur Albert Schweitzer. Ce fonds est aujourd’hui le plus important qui soit consacré à Albert Schweitzer. Les photos, articles de journaux, partitions, médailles, diplômes ainsi que les films et disques qui ont fixé ses discours et ses concerts d’orgue, donnent un aperçu de sa vie, de ses activités et de sa pensée. Les Archives Albert Schweitzer de Gunsbach accueillent chaque année des dizaines de demandes de recherches. Etudiants, journalistes, chercheurs, particuliers souhaitent découvrir davantage les multiples facettes du Docteur. Les visiteurs pourront découvrir dans le musée attenant, de nombreux objets et documents exceptionnels comme son « piano tropical », une lettre manuscrite de son petit cousin Jean-Paul Sartre, son prix Nobel de la paix, son premier sermon daté de 1898 ou encore son bulletin de notes lorsqu’il avait 6 ans. |
Albert Schweitzer |
Auteurs engagés |
Extrait du roman La gloire du vaurien (1964) Natif d’Eschentzwiller (Haut-Rhin) à proximité de Mulhouse dans le sud de l’Alsace, René Ehni étudie à Mulhouse avant de « monter » à Paris pour, selon ses mots, « sortir du trou ». A vingt ans, il entre à l’école de théâtre de la rue Blanche. Figurant à la Comédie française, il « joue » dans des roman-photo, pose pour des publicités, etc. Puis c’est la guerre d’Algérie, période traumatique qui hantera sa vie et son œuvre littéraire (voir notamment Algérie-roman, Denoël, 2002). Après deux ans et demi de guerre, il s’éloigne à Rome et se lie avec les écrivains Elsa Morante, Alberto Moravia, les cinéastes Pasolini et Franco Zefirelli, l’actrice Laura Betti, etc. puis retourne à Paris, dans le groupe des Temps modernes (du nom de la revue fondée après-guerre par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir). De cette époque, il conserve de tumultueuses amitiés (Hector Bianciotti, Jean-Louis Bory, Maurice Béjart, Christian Bourgois, etc.). Il travaille dans un centre dramatique avant d’être assistant de Maurice Béjart à Bruxelles, mais c’est avec un roman, La Gloire du vaurien (publié en 1964 par Christian Bourgois, alors directeur des éditions Julliard) qu’il entre en littérature – encouragé en cela par Simone de Beauvoir – et conquiert une soudaine et insolente célébrité littéraire. Surnommé à la rentrée 1964 la «bombe Julliard», le livre qui met en scène les tribulations d’un jeune homme (double de l’auteur), jouisseur invétéré «délicieusement pourri » entre Munich, Capri et Myconos, connaît en effet un succès retentissant. Sa verve pamphlétaire et iconoclaste annonce Babylone vous y étiez, nue parmi les bananiers (1971) et beaucoup d’autres. L’année 1968 voit la publication d’un second roman, Ensuite, nous fûmes à Palmyre, chez Gallimard – en soi un signe de reconnaissance littéraire – et celle de la pièce de théâtre Que ferez-vous en novembre ? (Christian Bourgois, 1968) montée en 1967 et qui rencontre un succès critique inattendu, consacrant Ehni comme auteur dramatique. Christian Bourgois, l’éditeur de Boris Vian, d’Alain Robbe-Grillet ou encore de Tolkien en France, sera en quelque sorte le mentor d’Ehni envers qui il témoignera une rare fidélité. Il publie ses autres pièces de théâtre (L’Amie Rose, 1970, création au Théâtre national de Strasbourg en 1974 ; Super-positions ; Eugénie Kopronime, 1970 ; Jocaste, 1976, création Théâtre national de Chaillot l’année précédente), mais aussi nombre de livres relativement inclassables entre farce (Pintades, 1974, pastiche jubilatoire du Paludes de Gide ), roman (Babylone vous y étiez, nue parmi les bananiers, 1971), auto-biographie (Côme, confession générale, 1981 ; Le voyage en Belgique, 1988 ; Apnée, autobiographie, 2008) et essai polémique (Quand nous dansions sur la table, 2000). Plusieurs de ces ouvrages sont d’ailleurs publiés au format « poche » chez 10/18, collection populaire que dirige parallèlement C. Bourgois entre 1968 et 1992. Le microcosme littéraire, culturel et intellectuel parisien, ses codes, impostures et faux-semblants sont régulièrement la cible de l’ironie mordante d’Ehni dans ses écrits, à la fois fasciné et irrité par ce milieu au jeu duquel il s’est pris mais dans lequel il est insoluble. S’il est à la mode (celui qui joue un temps le dandy parisien écrit parallèlement des pièces de théâtre pour la télévision et Radio France), Ehni passe aussi pour un provocateur qui crache dans la soupe, régulièrement taxé d’enfant terrible des lettres françaises… En 1973 il rompt d’ailleurs avec sa vie parisienne pour retourner vers ses racines (tout à la fois, selon lui, alsaciennes, juives et tziganes). On le voit militer en Alsace contre le nucléaire, le canal à grand gabarit et pour les langues régionales (Ehni avait écrit dès 1972 une pièce en alsacien pour le Théâtre alsacien de Mulhouse), témoignant d’une forme nouvelle d’engagement aux côtés de son ami le médecin Louis Schittly (co-fondateur de Médecins sans frontières). Ils signent ensemble La Raison lunatique : Roman du pays, publié en 1978 par Gallimard. Les deux défenseurs du Sundgau chantent la paysannerie en péril, « zonent » ensemble dans les Balkans et se convertissent ensemble vers 1980 à la religion orthodoxe. Après le retour au pays natal, la Crète devient en 1991 sa nouvelle patrie. Au café-épicerie du petit village de Plaka il achète régulièrement des cahiers (souvent bleus de la marque « Super ») que jour après jour il noircit de fulgurances poétiques et polémiques, de réflexions spirituelles et de récits personnels, de considérations politiques, historiques et civilisationnelles sur le devenir de l’Occident. Il envoie de nombreux cahiers à ses amis, à Dominique, l’épouse de Christian Bourgois, à Bernard Reumaux, etc., leur laissant le soin d’apprécier ce qui pourrait faire un livre, malgré l’aspect textuel souvent déroutant et peu exploitable sur le plan éditorial. Christian Bourgois, fidèle à sa philosophie du «livre inadmissible», publie néanmoins le scandaleux Quand nous dansions sur la table, suivi de Lettre à Dominique «comme si c’était le premier roman d’un jeune auteur», tandis que Bernard Reumaux publie Vert-de-gris. Traité autobiographique (1994), Venez, enfants de la patrie ! (1998) et Chantefable (2006) qui s’apparentent à des essais. Apnée, le dernier livre de René-Nicolas Ehni (publié en 2008) est l’occasion d’un retour sur son cheminement – tant littéraire que géographique et spirituel – et un hommage à Christian Bourgois son ami et éditeur. Les archives littéraires et personnelles de René-Nicolas Ehni sont conservées depuis 2010 parmi les collections patrimoniales de la bibliothèque municipales de Mulhouse. Les documents étaient précédemment conservés pour une partie chez René-Nicolas Ehni en Crète, pour l’autre au domicile de Louis Schittly à Bernwiller dans le Sundgau (département du Haut-Rhin). Elles représentent environ 22 mètres linéaires, soit près de 6000 documents de toute nature (manuscrits et tapuscrits, carnets et journaux intimes, correspondance, documents d’archives, coupures de presse, photographies, dessins, objets personnels, etc.) réparties en une trentaine de boîtes d’archives. Ce fonds reflète la présence constante de l’écriture dans la vie de René-Nicolas Ehni. Il révèle la singularité du travail littéraire de l’auteur, entre accumulation d’apparence chaotique et reprise quasi-obsessionnelle de certains thèmes. Il fait apparaître un style tumultueux, rebelle et inventif, où la langue maternelle, le dialecte alsacien, mais aussi l’allemand et le grec cherchent souvent à jaillir et s’immiscer, tout comme les néologismes et autres « barbarismes » forgés avec jubilation par l’auteur. La part la plus importante (14 boîtes) rassemble des manuscrits et tapuscrits (pour une part polycopiés) de la majeure partie des œuvres de René-Nicolas Ehni, romans et autres textes narratifs, essais et pièces de théâtre. Parmi ces quelques milliers de feuillets figurent des textes présentant des états antérieurs, des variantes et des reprises différant significativement avec les textes tels que publiés. Il s’agit donc d’un matériau particulièrement riche et intéressant pour l’étude de la genèse des livres publiés, moyennant un travail d’identification et de rapprochement qui s’avère souvent ardu et labyrinthique. Une proportion d’écrits ne présente par exemple ni titre ni date. Le cas des carnets et des cahiers d’écolier qui ont servi de support privilégié à l’écrivain est de ce point de vue représentatif, présentant nombre de fragments d’ouvrages publiés ou s’y raccrochant mais le plus souvent des textes inédits. Cette part non publiée constitue selon Ehni, avec le goût de l’excès et de la provocation qui peut le caractériser, « les 9/10èmes de son œuvre, et souvent le meilleur ». Un certain nombre de carnets relève toutefois du journal personnel et parait a priori indépendant de tout projet éditorial, mais la frontière est parfois mince parmi les écrits d’Ehni et tout est susceptible à un moment de venir nourrir un livre en projet. La correspondance professionnelle, amicale, familiale et administrative de René-Nicolas Ehni occupe ensuite 5 boîtes. La correspondance reçue de personnalités littéraires (auteurs, critiques, éditeurs…) et artistiques (théâtre, cinéma…) telles Simone de Beauvoir, Cocteau, Rezvani, Béjart, Bianciotti, Moravia, Zefirelli ou Pasolini, donne à sentir l’effervescence intellectuelle et artistique à laquelle Ehni a pu se mêler, en particulier durant ses années italiennes et parisiennes. Enfin, six boîtes de varia présentent une dimension particulièrement intéressante : outre les affiches et des photographies de pièces de théâtre conçues par René Nicolas Ehni figurent des dessins de sa main, des photographies de l’auteur (souvent jeune), ainsi qu’un ensemble – assez hétéroclite du reste – d’objets personnels : agendas et répertoires, cahiers d’écolier, lunettes, cartes à jouer, bibelots, ephemera… S’ajoute aux archives stricto sensu la bibliothèque personnelle de René-Nicolas Ehni (du moins la partie qui a pu être rassemblée et conservée), laquelle compte environ 500 documents (livres, revues, documents audiovisuels). La présence de cette bibliothèque dans le fonds permet d’éclairer les références et les influences qui nourrissent l’œuvre de l’écrivain mais aussi, à travers les dédicaces notamment, les constellations littéraires dans lesquelles il s’inscrit. Le fonds comprend également des archives de la famille de René-Nicolas Ehni (environ 500 documents : correspondance familiale entre 1904 et 1984, documents administratifs) et une boîte d’archives de Louis Schittly contenant de la correspondance (lettres de René Louis Ehni, échanges autour d’un article sur la liberté du journaliste) et une dizaine de textes manuscrits et tapuscrits, parmi lesquels l’esquisse de son film en dialecte alsacien D’Goda (La Marraine) coréalisé avec Daniel Schlosser en 1973. Les autres sont à rapprocher de ses livres Fyirr et Nadala, Conte bilingue [Français/Alsacien] (Éditions du Rhin, 1996) et Dr Näsdla ou Un automne sans colchiques (Éditions Hortus Sundgauviae, 1983) consacré à la paysannerie, ou encore des textes écrits à deux mains avec René-Nicolas Ehni (en premier lieu La Raison lunatique, 1978). |
René-Nicolas Ehni |
Auteurs engagés Roman |
« ‘ ìsch so na scheena Sproch » d’après « La langue de chez nous » d’Yves Duteil Poète en dialecte alsacien, dramaturge et comédien né en 1918, Tony Troxler (de son vrai nom Antoine Troxler) fut un ardent défenseur de la culture alsacienne, notamment du théâtre, dont il a été la figure principale à Mulhouse. Créateur et acteur des Herre-n-Owa, spectacle à la seule destination des hommes, de revues, initiateur du renouveau du carnaval mulhousien, promoteur du dialecte alsacien et de la gastronomie, écrivain, Tony Troxler a été un personnage important de la vie culturelle mulhousienne après la Seconde Guerre mondiale. Il est mort en 1998. Ce fonds est composé de manuscrits et de tapuscrits de l’auteur, de sa correspondance, de cassettes audio et vidéo, de disques, de photographies, de pièces de théâtre en alsacien, d’objets (accessoires de scène…), de partitions, de ses livres (ainsi qu’une partie de la bibliothèque du Théâtre alsacien de Mulhouse). |
Tony Troxler |
Théâtre |
Extrait de l’ouvrage Corps et âme (1926) Robert Honnert est né le 15 mai 1901 à Malzéville (Meurthe-et-Moselle). Jeune homme, il intègre l’Ecole Normale de Nancy pour y faire des études littéraires. Mais rapidement, Robert Honnert décide de quitter ses études pour se lancer dans une carrière de poète. Le fonds Robert Honnert a intégré la Bibliothèque Stanislas en 1988 par l’intermédiaire de Madame Henrion, légataire de Madame Jeanne Honnert, épouse de l’auteur, décédée en 1980. Ce fonds contient l’intégralité des manuscrits comprenant des poèmes, des fictions en prose ainsi que la quasi-totalité de la correspondance de Robert Honnert (parmi lesquels Gaston Gallimard, la Comtesse de Polignac, Jacques Maritain ou Jean Cocteau). Au total, la bibliothèque a classé, conditionné et signalé environ quinze cartons d’archives. |
Robert Honnert |
Poésie |
« Assieds-toi, mon âme », poème extrait du receuil Le pécheur d’eau (1995) Guy Goffette est né en 1947 à Jamoigne dans la campagne gaumaise en Belgique, entre forêts et Semois, dans une famille ouvrière de 4 enfants. Il séjourne dans plusieurs pays d’Europe, vit quelques temps à Charleville-Mézières, la contrée de Rimbaud et Verlaine puis à Paris avant de rejoindre la Belgique où il s’éteint en 2024. Il a porté toute sa vie un regard émerveillé et amoureux sur le monde. Poète et aussi romancier, il a été instituteur à Harnoncourt pendant plus de 25 ans et exercé plusieurs métiers, éditeur, typrographe, compositeur-imprimeur, bouquiniste, critique littéraire entre autres à la Nouvelle Revue Française à partir de 1986, essayiste.
Les archives déposées par Guy Goffette contiennent des correspondances d’ordre professionnel et privé, plus de 2000 courriers de nombreux auteurs du monde de la poésie et de l’édition, essentiellement entre 1966 et 1998. |
Guy Goffette |
Poésie Réseaux amitiés influences |
Extrait du début de l’avant-propos de la revue Grand Jeu (1928) La fondation du Grand Jeu, mouvement littéraire et artistique des années 1920 et 1930, découle de la rencontre au lycée de garçons de Reims (Marne) de quatre adolescents passionnés de littérature et de poésie : Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943), René Daumal (1908-1944), Roger Vailland (1907-1965) et Robert Meyrat (1907-1997). Influencés par Arthur Rimbaud, Alfred Jarry et le dadaïsme, ils fondent en 1922 le groupe des « Phrères Simplistes » et adoptent alors des pseudonymes insolites : Meyrat est surnommé « Le Stryge », Vailland « François », Daumal « Nathaniel » et Gilbert-Lecomte « Rog-Jarl » ou « Coco de Colchyde ». Les Phrères Simplistes publient leurs premiers écrits et dessins dans des revues artistiques rémoises comme Le Pampre. Leur œuvre se définit selon une recherche de l’absolu et une écriture expérimentale marquée par la consommation de substances, notamment l’opium, pour atteindre les « paradis artificiels » et tester les limites de leur inconscient. A partir de 1925, ces jeunes poètes s’installent à Paris pour poursuivre leurs études. Ils y rencontrent des écrivains et des éditeurs comme Léon-Pierre Quint qui soutiennent la création de leur revue d’avant-garde intitulée Le Grand Jeu, dont trois numéros paraissent entre 1928 et 1930. Les membres fondateurs sont bientôt rejoints par de nombreux collaborateurs comme le poète rémois Pierre Minet, l’écrivain André Rolland de Renéville, le journaliste et peintre Maurice Henry, le photographe Arthur Harfaux et le peintre et graveur tchèque Josef Sima. Les trois numéros de la revue contiennent un riche ensemble de poèmes, de textes en prose, de dessins et de photographies dont certaines sont l’œuvre de l’américain Man Ray, un temps proche de ce mouvement. Les membres du Grand Jeu se rapprochent du surréalisme et de leurs chefs de file, André Breton et Louis Aragon, tout en souhaitant garder leur identité propre. Cette proximité crée bientôt des tensions entre les partisans d’une écriture plus politique et les défenseurs d’une poésie de l’absolu, avec à leur tête René Daumal. Toutes ces divergences provoquent la fin du Grand Jeu en 1932, avant que le quatrième numéro de la revue n’ait pu être imprimé. Après la disparition du Grand Jeu, ses membres continuent à écrire et à publier des œuvres poétiques, des romans mais également des essais à dimension religieuse. René Daumal se passionne ainsi pour l’hindouisme et lui consacre de nombreux textes. Malgré de graves problèmes de santé, Roger Gilbert-Lecomte parvient à publier quelques recueils poétiques comme La Vie, l’Amour, la Mort, le Vide et le Vent en 1933 ou Le Miroir noir en 1938 avant son décès prématuré à 36 ans. Roger Vailland s’engage quant à lui dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, expérience qui lui inspire le roman Drôle de jeu publié en 1945. Il poursuit ensuite une riche carrière journalistique et littéraire et il obtient le prix Goncourt 1957 avec son roman La Loi. La bibliothèque Carnegie conserve une collection complète des trois numéros de la revue Le Grand Jeu, insérée dans une boîte créée par l’artiste Daniel Knoderer, ainsi que des éditions originales des œuvres de René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte et Roger Vailland. Elle abrite également un vaste fonds d’archives consacré au Grand Jeu, depuis la rencontre des Phrères Simplistes au lycée de garçons de Reims jusqu’aux années 1970, bien après la disparition de ce mouvement. La collection Grand Jeu contient dix-neuf manuscrits parmi lesquels Vertige, un poème composé par Roger Gilbert-Lecomte vers l’âge de quatorze ans, Je regarderai sur ton sceptre d’Artur Harfaüx ou Fils-du-Soleil, un texte écrit et illustré par René Daumal à Noël 1943 d’après l’épisode biblique du Déluge. La collection contient une riche correspondance composée de 182 lettres : les plus anciennes datent du début des années 1920, dont des cartes postales adressées par Roger Vailland à son professeur de 4ème, Raoul Espiaux, qui reflètent sa passion précoce pour la littérature. La majeure partie des lettres datent de l’aventure du Grand Jeu (1927-1932) et fournissent de précieux renseignements sur le processus créatif de la revue. Elles évoquent la sélection de certains textes par rapport à d’autres, la nécessité de réaliser des coupes dans les textes sélectionnés et le choix des illustrations. D’autres échanges plus tardifs, des années 1940 aux années 1970, retracent le devenir des membres du Grand Jeu et la postérité de leur œuvre après la dissolution du groupe. Cette collection renferme également un ensemble de photographies datées des années 1920. Ces photographies permettent de découvrir les Phrères simplistes en tant que jeunes poètes dandys dans la Reims d’après-guerre. Elles témoignent de leur étroite amitié et de leur volonté de s’affranchir de la bienséance morale de la bourgeoisie rémoise. D’autres photographies plus tardives les présentent espiègles avec Vera Milanova, la compagne de René Daumal. La bibliothèque Carnegie enrichit régulièrement l’approche de cette collection par l’acquisition de lettres et manuscrits lors de ventes aux enchères et par l’achat de toutes les éditions de textes du Grand Jeu (éditions originales, rééditions). |
Grand Jeu |
Réseaux amitiés influences |
Extrait du roman Colette Baudoche, Histoire d’une jeune fille de Metz (1909) « La terre et les morts : sur quelles réalités fonder la conscience française ? », ce titre du discours, que Maurice Barrès prononce le 10 mars 1899, donne le ton sur ce que représente son œuvre. Né le 8 août 1862 à Charmes (Vosges) et mort le 4 décembre 1923 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Barrès est un homme à la plume polyvalente que le nationalisme républicain inspire. Il est écrivain (romancier, essayiste et critique), journaliste et homme politique. Entrant en littérature, Barrès exalte d’abord le « culte du moi », dont une trilogie romanesque prend le nom et qui réunit Sous l’œil des barbares, Un homme libre et Le Jardin de Bérénice. Le protagoniste, qu’il met en scène, cherche à libérer son « moi » des « barbares », ces autres sous l’autorité desquels il se trouve, et qui l’empêchent. Ainsi, ces premiers textes sont de révolte et séduisent la jeunesse des années 1880-1890, à l’instar de Léon Blum ou de Gustave Kahn, un autre auteur que la bibliothèque Verlaine met à l’honneur dans « Littératuresque ». La méthodologie que Barrès fait dire à son homme libre, selon trois principes allant de la joie ressentie dans l’exaltation jusqu’à l’analyse du plaisir retrouvé, invite à renouer avec le passé, donc avec ses origines. Aussi l’œuvre de l’écrivain évolue-t-elle en suivant ces principes. En revendiquant l’attachement à la terre natale, elle prend une tournure mélancolique, une partie de cette terre d’où l’auteur tient ses racines – la Lorraine – étant alors perdue, rattachée au Reich allemand. Maurice Barrès s’engage en politique : il est candidat du mouvement boulangiste à Nancy et, à peine trentenaire, élu député. Entre septembre 1894 et mars 1895, il dirige le quotidien La Cocarde, de la ligne éditoriale duquel il tente de conjuguer à la fois le nationalisme et le socialisme. Antisémite et farouchement opposé au capitaine Dreyfus lors de « l’Affaire », il adhère en 1899 à la Ligue de la patrie française puis à la Ligue des patriotes qu’il préside en 1914, succédant à Paul Déroulède. Entre 1897 et 1902, Barrès publie une autre trilogie intitulée Le roman de l’énergie nationale, autant dire le roman du nationalisme républicain et de l’attachement aux valeurs traditionnelles. En 1906, il est élu à l’Académie française et, la même année, député de Paris. Pendant la Grande Guerre, il offre sa plume à l’effort de guerre, par exemple dans 1914-1916 : La Bataille sous Nancy et dans Alsace-Lorraine. Il est obsédé par la question des territoires perdus en 1870-1871, qui « n’est pas le système de quelques patriotes, une vue de l’esprit : elle est un fait, une plaie ». Dans Les Diverses familles spirituelles de la France, pourtant réputé pour son antisémitisme, il rend hommage aux Juifs tués dans les tranchées et leur reconnaît une place égale à celles des catholiques, des protestants et des socialistes. Le succès de Maurice Barrès, alors considérable, surprend d’autant plus aujourd’hui que l’auteur est tombé en disgrâce, et son œuvre dans l’oubli. Il représente des courants de pensée caractéristiques de son époque, aujourd’hui controversés, voire condamnés, à l’image de l’antisémitisme. Le fonds comprend des éditions dédicacées par Maurice Barrès et une cinquantaine de documents autographes, parmi lesquels de nombreuses lettres. Les lecteurs trouveront ainsi une lettre de Verlaine, écrite en 1895 sur un formulaire à l’en-tête de l’assistance publique de Paris et dans laquelle il précise recevoir La Concorde– journal qui l’intéresse « moult » et que Barrès dirige. D’autres lettres, adressées la même année, démontrent l’existence d’une correspondance entre les deux hommes, le poète sollicitant souvent l’aide de l’écrivain à succès. En 1907, les frères Prillot – figures incontournables de la photographie à Metz – ont pris le portrait de l’écrivain, tout juste élu académicien et député de Paris. Enfin, des cartes postales, publiées pendant la Grande Guerre, illustrent des scènes patriotiques où Barrès pose devant une église en ruines ou en train de célébrer « la délivrance de Metz ». |
Maurice Barrès |
Célébrité reconnaissance |
Extrait du roman Le jardinier aux fleurs de verre (2009) Originaire de Boulogne-sur-Mer, Michel Caffier arrive en Lorraine pour débuter une longue carrière de journaliste auprès du quotidien régional Meurthe-et-Mosellan, L’Est Républicain. Entré au journal en 1953, Michel Caffier devient grand reporter puis gravit les échelons jusqu’à devenir rédacteur en chef adjoint et responsable des suppléments magazines. Très impliqué dans le monde journalistique, il devient également critique littéraire pour le journal et pour Radio France Nancy. Le fonds Michel Caffier est arrivé à la Bibliothèque Stanislas grâce à la donation de l’auteur lui-même entre 2009 et 2011. Ce fonds comprend quatre manuscrits autographes : L’Arbre aux pendus, Vie et misère de Jacques Callot ; La Péniche « Saint Nicolas » ; La Plume d’or du drapier ; Le Jardinier aux fleurs de verre, ainsi que des épreuves d’impressions et affiches promotionnelles. |
Michel Caffier |
Réseaux amitiés influences Roman |
Extrait de la pièce Dans la solitude des champs de coton (1986) « Un désir comme du sang à vos pieds a coulé hors de moi, un désir que je ne connais pas et ne reconnais pas, que vous êtes seul à connaître, et que vous jugez. » (Dans la solitude des champs de coton). Bernard-Marie Koltès est l’un des « classiques contemporains », tant son œuvre singulière a marqué la fin du 20e siècle. Originaire de Metz, Koltès s’oriente à 20 ans vers le théâtre après avoir assisté à une représentation de Medea par Maria Casarès. Il intègre la section « scénographie » de l’école du nouveau Théâtre national de Strasbourg, y réalise des mises en scène et commence à écrire des pièces. En 1970, il fonde sa propre troupe de comédiens – le « Théâtre du Quai » – et écrit L’Héritage que Maria Casarès lit pour la radio. Mais, c’est la mise en scène par Pierre Audi de La nuit juste avant les forêts au Festival d’Édimbourg qui le fait connaître au public, en 1981. En 1983, Patrice Chéreau met en scène Combat de nègre et de chiens, pièce écrite par Koltès après un voyage en Amérique centrale. C’est le début d’une collaboration fructueuse, car suivront au Théâtre des Amandiers : Quai Ouest (1985), Dans la solitude des champs de coton (1986) et Le retour au désert (1988). Sa dernière pièce Roberto Zucco, jouée à Berlin un an après sa mort, est l’une de ses œuvres les plus diffusées en France et à l’étranger. Bernard-Marie Koltès campe des personnages solitaires, rejetés, en révolte, parfois inspirés de ses propres expériences et de ses nombreux voyages (États-Unis, Afrique, Amérique centrale…). Son théâtre, qui rompt avec le théâtre de l’absurde, explore le désir, les sentiments obéissant aux lois de l’économie, le manque de communication, l’altérité. La dramaturge décède du SIDA à 41 ans. Il est enterré au cimetière de Montmartre, à Paris. Ses œuvres, publiées aux éditions de Minuit, sont aujourd’hui traduites dans une trentaine de langues. Le fonds comprend 105 tapuscrits, des photographies de pièces jouées sur scène, un ensemble de photographies diverses, des enregistrements (cassettes et disques compacts) de Koltès, quatre microfilms ainsi que des archives numériques, sur disques compacts. En outre, des documents, relevant notamment de la littérature « grise », décrivent l’organisation de rencontres culturelles et de colloques portant sur l’œuvre de Koltès (brochures, programmes, revues de presse, etc.), ainsi que des dossiers de communication et des affiches de différentes troupes ayant joué ses pièces. Enfin, la bibliothèque Verlaine conserve les œuvres de l’auteur en français, ainsi que les traductions dans de nombreuses langues étrangères (langues européennes, russe, japonais, chinois, hébreu, turc, etc.). |
Bernard-Marie Koltès |
Théâtre |
« Je ne veux rien dire de plus » poème issu du recueil Le Beffroi (1905) Cécile et Georges Périn forment un couple d’auteurs qui ont activement participé à la vie littéraire parisienne de la Belle Époque. Georges Périn naît à Metz (Moselle), mais c’est à Reims (Marne) qu’il fait ses débuts littéraires. Auteur précoce, sa pièce Le nid est représentée au Grand Théâtre de Reims alors qu’il n’a que 21 ans. C’est aussi dans la cité des rois qu’il rencontre Cécile Martin, étudiante en sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Reims. Très tôt, ils sont unis par leur amour commun pour l’écriture et la musique. Après leur mariage en 1898, ils s’installent à Paris, où George trouve un emploi de commis à l’Assistance publique. Il y rencontre deux auteurs qui partagent son intérêt pour la littérature : Fernand Dauphin et Edmond Pilon. Fernand Dauphin (1876-1961), originaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle), est un poète qui écrit aussi pour des revues littéraires. Sa femme et lui-même lient une amitié sincère avec les Périn, fondée sur leurs idées communes en matière d’art et de politique. Edmond Pilon, né en 1874, est un poète, critique et essayiste prolifique qui connaît le succès avec des portraits romancés d’artistes de renom. Il explore aussi le genre du tourisme littéraire. F. Dauphin et E. Pilon introduisent le couple dans les cercles littéraires de la capitale. Le fonds Cécile et Georges Périn comprend 2457 ouvrages. S’y ajoute un grand nombre de titres de périodiques d’art et de littérature auxquels le couple contribuait ou était simplement abonné, de la fin du 19e siècle au milieu du 20e siècle. Les livres de l’écrivain Edmond Pilon, auteur très proche du couple et décédé sans héritier, viennent enrichir la bibliothèque personnelle du couple. Le fonds fut donné à la bibliothèque universitaire de Metz en 1997 par Lise Jamati et Vivianne Isambert-Jamati, petites-filles des Périn. |
Cécile & Georges Périn |
Poésie Réseaux amitiés influences |
Extrait du roman Maria (2011) Né en 1945 à Saint-Maurice-Sur-Moselle, Pierre Pelot, de son vrai nom Pierre Grosdemange est un auteur lorrain ayant à son actif plus de 200 romans, 5 bandes dessinées, et de nombreux scénarios pour la télévision et le théâtre. En 2022, Pierre Pelot a souhaité donner à la Bibliothèque Stanislas une partie de ses archives, romans et autres documents de travail. Ce fonds a intégré officiellement la Bibliothèque Stanislas en 2023. Il rejoint les dossiers préparatoires que la Bibliothèque avait déjà acquis pour L’Eté en pente douce et C’est ainsi que les hommes vivent (notes préparatoires, plans du livre, fiches signalétiques des personnages, découpage des articles). Grâce à cette nouvelle donation, la bibliothèque intègre environ 200 manuscrits et tapuscrits avec correction des différentes maisons d’éditions avec lesquelles Pierre Pelot a collaboré. Ces documents permettent de comprendre sa méthodologie de travail. A cela s’ajoutent des nouvelles, des pièces de théâtre, des nouvelles radiophoniques et des scénarios de téléfilms écrits par Pierre Pelot. Le signalement et le conditionnement de ces archives sont en cours à la bibliothèque. L’auteur a également fait don de certains de ses ouvrages sous leur forme éditée pour compléter les collections de conservation mais aussi de prêt. |
Pierre Pelot |
Célébrité reconnaissance |
Extrait du livret De l’alcoolisme ou de l’empoisonnement par l’alcool (1884) Né à Marseille en 1813 et mort le 11 janvier 1902 à Servigny-lès-Raville (Moselle), Frédéric Estre a été médecin cantonal et du chemin de fer, et chef interne de l’Asile des aliénés de Marseille. Il s’est également beaucoup intéressé à la question de l’alcool. Il est aussi un amoureux des mots et de leur saveur, propre à chaque région. Ses écrits sont à la fois rédigés en patois provençal et en patois messin et il utilise le pseudonyme « Lou felibre de la mousèlo » lorsqu’il écrit en provençal et « Chan Heurlin » quand il emploie le dialecte lorrain. Il a rendu hommage, par les mots, autant à sa Provence natale qu’à sa terre d’adoption, la Lorraine. Il a laissé des traductions et des contes, ainsi que des études philologiques. En 1846, il s’installe à Remilly (Moselle), après des études de médecine à Paris. En 1866, une épidémie de choléra se propage dans le village de Servigny-lès-Raville, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Le docteur Frédéric Estre rayonne dans la région, soignant avec dévouement les malades. En pleine épidémie, et à l’appel du maire de Servigny, il assume d’abord seul le choc de la maladie, faisant preuve d’abnégation, se contentant des remerciements. Pour cette raison, il est décoré de la médaille d’or du dévouement à l’humanité. En son honneur, une plaque a été érigée au Cimetière du choléra de Servigny-lès-Raville. Le fonds se compose de six manuscrits autographes complets et vingt-neuf cahiers, contenant principalement des contes, des études philologiques et des glossaires, regroupés dans quatre unités matérielles. Le Cercle folklorique de Metz a fait don de ces archives à la Bibliothèque de Metz. Signalons notamment parmi ses œuvres : |
Frédéric Estre |
Patois dialectes langues régionales |
Poème « Il pleure dans mon cœur », issu du recueil Romances sans paroles (1874) Paul Verlaine est né à Metz. Encore enfant, il suit ses parents qui s’installent à Paris. Poète, il publie son premier ouvrage Poèmes saturniens à l’âge de 22 ans. Marié et père de famille, il tombe amoureux d’Arthur Rimbaud en 1871. Leur liaison tumultueuse s’achève à Bruxelles sur un coup de revolver tiré par Verlaine sur son amant. Condamné pour cette tentative d’homicide et pour pédérastie, il passe deux ans dans les prisons belges. Libéré, il s’exile en Angleterre où il subsiste en donnant des cours de français et de dessin dans une école privée. Séparé de sa femme qu’il maltraitait, il divorce en 1885. Revenu en France en 1877, il gagne sa vie comme répétiteur et s’éprend d’un de ses élèves âgé de 17 ans, Lucien Létinois. Cette affection partagée se termine en 1883 avec la mort de Lucien, victime de la typhoïde. Sa renommée littéraire prend de l’ampleur. Ses divers recueils poétiques écrits et publiés entre 1866 et 1896 rencontrent un grand succès dans les milieux littéraires. Sacré Prince des poètes, il entame pourtant une descente aux enfers. Vivant dans la misère, rongé par l’alcoolisme et miné par une santé défaillante, il meurt à l’âge de 52 ans. La collection Paul Verlaine regroupe 5 manuscrits de Verlaine, 60 pièces manuscrites (poèmes, lettres et dessins autographes) de l’auteur ainsi qu’une centaine d’autres documents écrits lui ayant été adressées ou le concernant. Elle comporte également toutes les premières éditions (36 recueils et œuvres diverses) du poète, des ouvrages publiés par ses amis lui rendant hommage ainsi que de nombreuses éditions bibliophiliques de ses œuvres illustrées par des artistes de renom. Enfin, une vingtaine de documents iconographiques représentant Verlaine complètent cette collection. Cette collection a été constituée à l’aide des crédits reçus par la Bibliothèque depuis 1966, pour dommages de guerre, et régulièrement enrichi par des acquisitions (subventions FRRAB -fonds régional de restauration et d’acquisition pour les bibliothèques des collectivités territoriales). Les manuscrits de Bonheur (1887-1889), Liturgies intimes (1891-1892), Dans les limbes (1894), Chair (1896), et des Confessions (manuscrits Barthou et Gimpel) figurent en première place des documents remarquables. Le manuscrit Gimpel est illustré de dessins représentant Verlaine dans sa jeunesse. Un talent moins connu de Verlaine, celui de caricaturiste est représenté dans certaines lettres autographes, dont celle croquant Rimbaud et datant du 7 mai 1875. Parmi les éditions de ses œuvres, il serait dommage de ne pas citer Parallèlement, édité par Ambroise Vollard en 1900 et illustré par Pierre Bonnard. Un portrait de Verlaine enfant par Frédéric-Auguste Cazals, dessin au fusain et à la mine de plomb d’après photographie, constitue une rareté. Enfin une collection de 586 ex-libris ayant Verlaine pour thème, résultant d’un concours international organisé en 1996, provenant de 39 pays différents témoigne du rayonnement international de cet auteur. |
Paul Verlaine |
Célébrité reconnaissance Poésie |
Extrait de l’ouvrage Les palais nomades (1887) « Quand je commençais à publier, ce fut parmi les étudiants que je trouvai mes premiers lecteurs. (…) On mobilisait contre nous les plus vieilles gloires », ainsi Gustave Kahn faisait-il l’aveu, lors d’une conférence donnée en 1912, d’avoir soulevé contre lui « les vieilles gloires », en défendant le vers libre. Trop longtemps méconnu, Gustave Kahn est un poète symboliste, un romancier, un dramaturge et un essayiste. Il est aussi un critique d’art et un intellectuel engagé. Né à Metz en 1859, il quitte avec ses parents la Moselle annexée en 1870 par le Reich allemand. C’est pour lui un exil, un déchirement. La nostalgie imprègne ses premiers poèmes : « Le souvenir vibre empenné de douleur (…). Le cordeau des rues, l’apaisement des places et des squares évoquent. Les souffrances de la mémoire s’exacerbent. Vers le passé, vers le lointain, vaguement murmure le désir présent… », jusqu’aux Images mosellanes, plus tardives. En 1878, Gustave Kahn est inscrit à l’École des chartes. Deux ans plus tard, il s’engage dans l’armée coloniale et part quatre ans en Afrique du Nord. De retour en France, il se consacre à son œuvre littéraire, qu’il inscrit dans le mouvement symboliste, autour de Mallarmé. Fondateur des revues d’avant-garde La Vogue et Le Symboliste, Kahn collabore également à La Revue blanche, au Mercure de France et à de nombreux autres organes de presse. En publiant de la poésie (Palais nomades en 1887, Domaine de fée en 1895, Le Livre d’images en 1897), il défend le vers libre qu’il théorise et dans le principe de liberté duquel « chacun doit trouver en lui-même sa force rythmique ». Selon lui, Jules Laforgue, André Spire, Charles Cros ou encore Émile Verhaeren participent tous de ce courant de « liberté esthétique ». En plus de la poésie, Kahn écrit des romans, des contes, des pièces de théâtre, en mêlant le tragique à l’ironie, ainsi que l’illustre son Roi fou, un « Ubu roi » régnant sur un État d’opérette transposé en Allemagne. En outre, il publie des essais, notamment sur le symbolisme, et il s’intéresse à des courants artistiques d’avant-garde. Deux auteurs messins, également valorisés dans le cadre de Littératuresque, ont exercé de l’influence sur Gustave Kahn – sur l’homme et sur son œuvre. Il en va ainsi de Verlaine qu’il admire et dont il transmet la mémoire en fondant la « Société des amis » du poète. Le patrimoine littéraire s’écrit aussi dans la pierre : un buste du poète est ainsi inauguré à Metz sur le chemin de l’Esplanade. Par ailleurs, Kahn n’a pas échappé à la fascination qu’exerçait à l’époque Maurice Barrès, sur nombre de jeunes gens, davantage sans doute pour le Culte de moi que pour la suite d’une œuvre évoluant vers le nationalisme et l’antisémitisme. Kahn, auteur engagé, s’éloigne de « l’art pour l’art », théorisé par Théophile Gautier dans Émaux et Camées, en soutenant le rôle de l’art au nom du progrès, avec « l’idée de la responsabilité du poète au sein de la société ». Il participe aux débats de son temps : anarchisme, socialisme, féminisme. Pendant « l’Affaire », il soutient Dreyfus. Dans les années 1920, il s’engage en faveur du sionisme, puis, jusqu’à sa mort en 1936, il s’intéresse de plus en plus à la culture juive. Il publie les Contes juifs en 1926, Images Bibliques en 1928 et Terre d’Israël en 1933. Gustave Kahn est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse. Le fonds, constitué d’un leg de l’auteur et de plusieurs dons et achats, comprend près de cinquante manuscrits autographes complets aux dimensions diverses, une centaine de manuscrits épars (lettres signées, poèmes, textes de discours et de conférences, etc.), quatre télégrammes, deux photos de Gustave Kahn, ainsi que 17 carnets autographes de notes et de poèmes. Parmi les documents remarquables actuellement numérisés sur Limédia Galeries, se trouve une lettre de Gustave Kahn à l’attention de Léon Vanier, éditeur réputé pour avoir publié les poètes symbolistes. L’écrivain messin évoque une pièce de Verlaine intitulée « À un mort » et commençant par « L’affreux jury dévorateur ». |
Gustave Kahn |
Réseaux amitiés influences |
Extrait du roman Terres lorraines (1907) Né à Paris en 1870, Moselly, de son vrai nom Emile Chénin, rejoint dès 1874, la Meurthe-et-Moselle, plus précisément le village de Chaudeney-sur-Moselle d’où sa famille est originaire. Le fonds Moselly est arrivé en 2007 à la Bibliothèque Stanislas grâce à la donation de la partie héritée par François Chénin et ses descendants à l’occasion du centenaire de l’attribution du prix Goncourt. |
Emile Moselly |
Légendes folklore régionalisme |
Extrait du roman Le Fil de l’araignée (2012) Benjamine d’une fratrie de six frères et sœurs, Yvette Lundy naît à Oger (Marne) le 22 avril 1916. A l’issue de la guerre, la famille Lundy se réinstalle à Beine-Nauroy (Marne), commune dont les parents d’Yvette Lundy sont originaires. A la suite de son décès, les archives d’Yvette Lundy ont été données par ses enfants. |
Yvette Lundy |
Auteurs engagés |
Extrait du roman L’homme truqué (1921) Maurice Renard naît le 28 février 1875 à Châlons-sur-Marne (Marne), 7 rue du Grenier à Sel. Son père, Achille Renard, juge au Tribunal civil de Châlons, s’est illustré en fondant la société de gymnastique « La Renaissance ». La famille quitte Châlons alors que Maurice n’a que deux ans pour s’installer à Reims (Marne). Il y passe son enfance, puis suit des études de droit à Paris où il s’inscrit comme avocat stagiaire au barreau. Cette même année 1920, l’écrivain poursuit sa promotion littéraire du merveilleux scientifique en créant le prix Maurice-Renard. Mais bientôt il constate l’insuccès populaire de ces récits, avec amertume : « Gagner sa vie en s’adressant à l’intelligence, cela, oui, ce serait vraiment fantastique ! » note-t-il en 1923. Aussi se tourne-t-il vers des genres plus populaires, contes de presse, nouvelles policiers, roman sentimental. Il voit l’échec du prix qu’il a fondé, et qui disparaît en 1932 ; cependant, il confirme sa place dans le monde littéraire, devenant en 1935 vice-président de la Société des gens de lettres et membre du jury du prix du Roman populaire. Il rend hommage en 1927 à la ville de son enfance, Reims, dans Notre-Dame royale : tableaux du sacre de Louis XVI…, ouvrage couronné par le prix Thérouanne de l’Académie française. La collection consacrée à Maurice Renard est modeste : elle se compose d’une demi-douzaine de manuscrits de contes ou nouvelles de Maurice Renard, d’autant de tapuscrits de textes courts, et d’une trentaine de courriers autographes de l’écrivain. Les textes concernés ne relèvent pas du domaine du merveilleux-scientifique à proprement parler. Cependant, le conte « Une histoire fantastique » illustre le goût de Maurice Renard pour les récits horrifiques et l’influence d’Edgar Poe : ce texte constitue un hommage manifeste au « Double assassinat dans la rue Morgue ». Autre élément du fonds, les dossiers relatifs aux expositions consacrées par la bibliothèque de Châlons à Maurice Renard. La collection châlonnaise s’est développée à la faveur de ces expositions, grâce à la générosité de Claude Déméocq et Jean-Paul Barbier, respectivement invité d’honneur et commissaire des expositions de 1996 et 2009. Collectionneur de science-fiction et anthologiste, Claude Déméocq a notamment contribué à l’édition des œuvres complètes de Maurice Renard. Quant à Jean-Paul Barbier, co-auteur en 2000 d’un Dictionnaire des Châlonnais, il s’est fait le propagandiste zélé de plusieurs Châlonnais injustement méconnus. Le versant imprimé de la collection comprend la totalité des titres publiés par Maurice Renard, avec des éditions illustrées, rares ou originales, ainsi que certains des journaux ayant publié les feuilletons et courts textes de l’écrivain. Cette collection a vocation à s’enrichir : auteur prolixe, Maurice Renard a laissé de nombreux écrits et peu de manuscrits sont à ce jour entrés dans les collections publiques, si bien que la collection châlonnaise, pour modeste qu’elle soit, semble être la plus importante collection publique consacrée à cet auteur. |
Maurice Renard |
Roman |
Extrait de l’ouvrage Lettres à un jeune poète, traduction de Sacha Zilberfarb (1929) Rainer Maria Rilke, né René Marie Rilke, est né à Prague en 1875. Il suit ses premières années de formation dans des Académies militaires, desquelles il est renvoyé pour inaptitude physique. Dans sa jeunesse, il compose déjà des textes en prose et en vers. De retour à Prague, le baccalauréat en poche, Rilke étudie l’histoire de l’art et la littérature, puis la philosophie à Munich. C’est à ce moment, en 1896, qu’il rencontre Lou Andréas-Salomé, rencontre qui change sa vie, à commencer par son prénom : sur son conseil, René s’efface pour devenir Rainer. Une passion intense, puis une amitié profonde va les unir jusqu’à la mort de Rilke. Lou, femme libre et indépendante, fait voyager le jeune Rainer à Berlin, en Italie ou encore jusqu’en Russie, terre d’origine de la famille Salomé. Rilke écrit tout au long de sa vie et s’essaie à de nombreux genres : il compose des œuvres narratives, comme des romans, des pièces de théâtre ou des essais sur des figures d’artistes. Son unique roman, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910), en grande partie autobiographique, le fait connaitre au grand public. Considéré comme le premier roman moderne en langue allemande, cette œuvre connait le succès en France lors de la publication de la traduction française par Maurice Betz. La grande passion de Rilke reste la poésie dans laquelle il excelle. Il est considéré comme l’un des plus grands poètes allemands du 20e siècle. Il compose également des vers en français à la fin de sa vie. Ses poèmes lui permettent de retranscrire ses passions et angoisses internes, ses questionnements existentiels et son rapport à la vie et à la mort. C’est ce qui traverse ses œuvres telles que Chant de l’amour et de la mort du cornette Christophe Rilke (1899-1904), Les Lettres à un jeune poète (1903-1908) ou encore Les élégies de Duino (1922). Le fonds Rilke est indissociable du fonds Maurice Betz de par leur relation artistique et leur amitié. Le fonds Rilke a été composé à partir des archives du fonds Betz : en tant que traducteur du poète, Maurice Betz possédait de nombreuses lettres rédigées par Rilke ainsi que des manuscrits autographes. |
Rainer Maria Rilke |
Célébrité reconnaissance Réseaux amitiés influences |
Extrait de l’essai Qu’est-ce que la documentation ? (1951) Suzanne Briet est née en 1894 à Paris, où elle a été élevée avec sa sœur Alice, de 5 ans sa cadette, dans une famille originaire des Ardennes, et meurt en 1989 âgée de 95 ans. Elle a eu plusieurs carrières, à la Bibliothèque Nationale, où elle fut surnommée « Madame Documentation », et pionnière dans le domaine des sciences de l’information (et reconnue à ce titre particulièrement aux Etats-Unis) puis en tant qu’historienne et rimbaldienne, notamment avec la société des Amis de Rimbaud. Après l’obtention d’une licence d’histoire et d’anglais, elle part enseigner en Algérie pendant 3 ans (1917-1920) puis se tourne vers le métier de bibliothécaire. En 1924, elle est reçue première au Certificat d’Aptitudes aux Fonctions de Bibliothécaire Universitaire et entre à la Bibliothèque Nationale où elle fut une des premières femmes de la profession. En 1951, Suzanne Briet publie un petit ouvrage intitulé Qu’est-ce que la documentation ? dans lequel elle expose ses conceptions sur la nature d’un document, qu’elle définit de façon très large, ainsi une antilope d’une espèce nouvelle, capturée et conservée dans un zoo puis au museum une fois empaillée, peut être considérée comme un document brut et être cataloguée, et engendrer de nombreuses publications : communiqués de presse sur sa découverte, études, enregistrement de ses cris, expositions… Certains voient dans ses intuitions une préfiguration de l’essor du world wide web. En 1954, Suzanne Briet est chargée de l’exposition à la BN pour le centenaire de la naissance d’Arthur Rimbaud. Après sa retraite en 1955, elle quitte Paris et se rapproche des Ardennes à Mont-de-Jeux, où elle publie des études d’histoire locale et de littérature (avec la Société des écrivains ardennais ou la Grive) et participe aux activités de la société des Amis de Rimbaud, rédigeant des articles dans Études Rimbaldiennes puis Rimbaud vivant. Elle découvre le Cahier des dix ans du jeune Arthur et publie une biographie Madame Rimbaud (1968). Professionnelle passionnée et engagée, elle est aussi très active dans la vie associative et s’est investie dans la cause de la professionnalisation des femmes. Elle participe à la création de l’organisation non gouvernementale internationale du club rotary Zonta pour la reconnaissance des femmes dans le monde et sera présidente de l’Union des femmes européennes entre 1950 et 1954. En 1976, Suzanne Briet publie son autobiographie Entre Aisne et Meuse … et au-delà. Ces souvenirs sont présentés sous forme… de mots-clés. Suzanne Briet a elle-même souhaité donner ses archives à la bibliothèque. Après sa retraite, elle s’intéressait à la vie culturelle ardennaise et était membre du bureau de conseil de la bibliothèque municipale de Charleville. Le fonds est fourni et rend compte de ses différents centres d’intérêt et reflète aussi son goût d’archiver. Suzanne Briet avait indexé une partie de sa correspondance et noté sur l’enveloppe le sujet de ses courriers. Elle avait dessiné pour ex-libris un petit cygne en entrelaçant ses initiales S et B, qu’on retrouve sur la couverture de sa petite autobiographie Entre Aisne et Meuse et au-delà. On retrouve dans le fonds des documents personnels (scolarité, diplômes, documents administratifs, correspondance privée, photographies, dessins, un autoportrait au pastel…) et des documents concernant sa vie associative (Union européenne des femmes 1950-1954, Club Rotary Zonta de Paris). |
Suzanne Briet |
Auteurs engagés |
Extrait du roman L’ordre (1944) Emmanuel Peillet naît le 21 janvier 1914 à Reims (Marne). En 1932, il entre en école préparatoire littéraire au lycée Henri-IV à Paris. A cette période, il découvre l’œuvre d’Alfred Jarry, notamment les Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien, œuvre publiée en 1911. De 2005 à 2018, Rafaël de Luc, exécuteur testamentaire et ayant-droit d’Emmanuel Peillet, a fait don, par versements successifs, des archives personnelles et professionnelles, des photographies et de la bibliothèque de l’écrivain à la bibliothèque de Reims. Cet ensemble représente 64 boites d’archives et 9000 livres et revues. Cette collection reflète la curiosité d’Emmanuel Peillet pour de nombreux domaines, de la littérature à la photographie en passant par la philosophie, et témoigne de sa vie professionnelle et intellectuelle. |
Emmanuel Peillet |
Réseaux amitiés influences |
« Lo violonou de Goncou » texte publié dans Le Pays Lorrain : revue régionale bi-mensuelle illustrée (1930) • Marie-Alcide-Marot (1862-1927) : • Jules-Eugène Marchal (1829-1895) : Le fonds concernant Alcide Marot a été constitué en plusieurs fois. Mme veuve Alcide Marot a fait un premier don d’archives concernant le Bassigny, le 5 octobre 1929, puis d’un feuillet issu des archives de La Mothe, le 30 novembre 1930. Un autre don a eu lieu le 30 novembre 1942, concernant le volume manuscrit Histoire de Nijon, écrit par son époux en 1922. Le dernier don, effectué en juillet 1948 comporte les notes, manuscrits aquarellés, poèmes en français et en patois de la production littéraire d’Alcide Marot. Les documents provenant de la succession de Jules Marchal sont entrés aux archives par don de M. Marot en 1921, mais ne sont notés sur le registre des entrées qu’en janvier 1963. Ce double fonds est conservé sous la cote 69_J_1-44 et représente 1,8 mètres linéaires. Le fonds est classé en deux grandes parties : les archives d’Alcide Marot et celles de Jules Marchal. |
Patois dialectes langues régionales |
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Extrait d’Anthologie de la Pataphysique (2015), réponse de Jacques Prévert à une enquête sur l’humour poétique entreprise par la revue Nef (1950-51) Fondé le 11 mai 1948, le Collège de Pataphysique constitue une « société de recherches savantes et inutiles ». Il administre la pataphysique, définie par l’auteur Alfred Jarry comme « la science des solutions imaginaires » dans son œuvre Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, publiée en 1911. Les archives du Collège de Pataphysique, dénommées Patarchives, sont composées de correspondances, photographies, pièces administratives et documents d’archives relatifs à la vie du Collège. Elles sont conservées dans plus de 600 boîtes d’archives et classeurs. Une bibliothèque complète cet ensemble avec près de 8000 livres, 121 titres de revues et 4436 dossiers de documentation générale classés par thématique. Administrateur et archiviste du Collège, Raymond Fleury collecte, trie, estampille et inventorie ces documents de 1950 à 2014, date à laquelle il en fait don à la bibliothèque municipale de Reims. |
Collège de Pataphysique |
Réseaux amitiés influences |
Poème « L’éternité » (1872) Arthur Rimbaud voit le jour le 20 octobre 1854 à Charleville (Ardennes). Son père, militaire de carrière, abandonne vite le foyer familial laissant la fratrie de 4 enfants aux bons soins de leur seule mère, Vitalie. Rimbaud se révèle un élève particulièrement brillant et écrit ses premiers poèmes à 15 ans. L’année suivante, la rencontre avec un nouveau professeur de rhétorique, Georges Izambard lui ouvre de nouveaux horizons littéraires. Rimbaud ne rêve que d’ailleurs et, alors qu’éclate la guerre franco-prussienne, il tente pour la première fois de fuguer vers Paris. Une seconde fugue, en octobre, n’a pas plus de succès. Ce n’est finalement qu’un an plus tard qu’il arrive à la capitale, à l’invitation de Verlaine. D’abord bien accueilli dans le milieu des poètes – et notamment au « dîner des Vilains Bonshommes », son caractère difficile le rend rapidement indésirable. Verlaine cherche à éloigner le jeune poète de Paris mais – quoique marié – ne peut se résigner à vivre longtemps loin de lui, car leur relation a pris un tour romantique. Débutent deux années passionnées qui voient les deux amants vivre à Londres (Angleterre) puis en Belgique, à Bruxelles. C’est dans cette ville que leur liaison trouve une fin tragique quand Verlaine tire un coup de revolver sur Rimbaud. Verlaine est emprisonné ; Rimbaud retourne dans les Ardennes et termine d’écrire Une saison en enfer, qu’il fait publier à compte d’auteur en octobre 1873. Faute d’argent, les ouvrages ne sont pas diffusés hormis quelques rares exemplaires. Retourné à Londres, il travaille un temps avec Germain Nouveau à la composition d’un autre recueil, Les Illuminations, qui ne sera publié que bien plus tard. Le fonds Arthur Rimbaud est, depuis sa création, conservé et géré conjointement par le musée Arthur Rimbaud et la bibliothèque de Charleville devenue médiathèque Voyelles. Cette particularité est née du fait que les deux établissements ont été dirigés pendant longtemps par un unique conservateur. Les premiers éléments de la collection liée à Arthur Rimbaud ont été réunis avant la deuxième guerre mondiale. Il ne s’agit alors que de quelques objets qui lui avaient appartenu. Ce sont les dons faits après-guerre à la Ville de Charleville par Henri Matarasso (1892-1985), écrivain, éditeur et libraire spécialiste de Rimbaud, qui vont lui donner une autre dimension, en particulier celui réalisé en 1954, année du centenaire de la naissance du poète. Il devient alors possible de penser à un véritable musée dédié à Arthur Rimbaud. Embryon de cette ambition, la salle qui lui est consacrée dans l’ancien musée municipal est transférée en 1969 au second étage du Vieux-Moulin, avant qu’elle n’investisse l’ensemble du bâtiment en 1991, à l’occasion de la commémoration des cent ans de la mort du poète-aventurier. Suite à ces dons initiaux, le fonds n’a cessé de s’enrichir d’autres documents : don Suzanne Briet, don Izambard, don Vaillant et bien d’autres. Il comprend aujourd’hui des centaines de documents originaux, manuscrits ou imprimés, liés à la vie et à l’œuvre du poète de Charleville : photographies et notamment clichés évoquant sa période africaine, et bien sûr quelques rares manuscrits de poèmes :« A la musique », « Promontoire », « Fête de la faim », « Patience. D’un été » et « Voyelles ». |
Arthur Rimbaud |
Célébrité reconnaissance Poésie |
Extrait du roman Le secret de l’oppidum ou le tumulus de Sery (1938) Paul Flamant est né à Jeantes (Aisne) le 21 septembre 1874 et mort à Signy-l’Abbaye (Ardennes) le 22 juin 1947. Le fonds est composé de manuscrits, souvent sous forme de cahiers et des versions successives d’un même texte, de poésie, de pièces de théâtre, de récits de guerre, des contes, des nouvelles, des articles ainsi que des correspondances et des papiers personnels de Paul Flamant, journaliste et écrivain régionaliste. Ce fonds riche est particulièrement intéressant pour la qualité de ses dessins, les récits de guerre illustrés et ses textes concernant la Thiérache, région entre Hainaut, Nord, Aisne et Ardennes. |
Paul Flamant |
Légendes folklore régionalisme |
Extrait de la pièce C’était, scène 8 (1977) Né en 1947 à Casablanca (Maroc), Charles Tordjman est tour à tour auteur et metteur en scène de pièces écrites pour le théâtre. En 1972, date à partir de laquelle le fonds se constitue, il est nommé administrateur du Théâtre populaire de Lorraine, qu’il codirige l’année suivante. En 1992, il prend la direction du théâtre de la Manufacture à Nancy, scène nationale qu’il quitte à sa retraite en 2010. En 1996, il crée le festival Passages. Le fonds remis par Charles Tordjman personnellement est constitué par les projets et suivis de réalisation des mises en scène qu’il a créées de 1978 à 2010. Il s’agit des dossiers des productions personnelles de Charles Tordjman et non pas des productions données au théâtre de la Manufacture sous son mandat de directeur. |
Charles Tordjman |
Théâtre |
Poème extrait de Poèmes d’amour (1925) Yvan Goll (nom de plume Isaac Lang) naît le 29 mars 1891 d’un père fabricant de tissu habitant à Saint-Dié (Vosges). Ce dernier meurt 6 ans plus tard et la jeune veuve retourne dans sa famille à Metz avec son fils. Il y apprend notamment la langue allemande à l’école puis au lycée. En 1914, à Berlin, il publie deux recueils de poésies de nature expressionniste et collabore à la fameuse revue Aktion. Survient alors la Première Guerre mondiale et, appelé dans l’armée allemande, il décide de se réfugier en Suisse. Là-bas, il noue des liens avec les pacifistes de toutes les nations pour crier l’horreur de la guerre. Il rencontre en 1917, à Genève, Claire Studer née Aischmann, journaliste et femme de lettres allemande, divorcée de l’éditeur Heinrich Studer. C’est le début d’une vie de couple passionnée, tumultueuse, avec des trahisons, des départs, des tentatives de suicide, des déchirements. À Zurich, ils fréquentent Arp, Tzara et Picabia. A la fin de l’année 1918, Claire entretient une liaison avec Rainer Maria Rilke, avec lequel elle gardera des liens d’amitié jusqu’à sa mort. Installé à Paris en 1919, le couple se lie avec des écrivains et des artistes, comme Malraux, Léger, Cendrars, Chagall, Delaunay, Claire Goldschmidt-Malraux… De 1939 à 1947, le couple s’exile aux États-Unis pour échapper aux persécutions nazies, vivant grâce au journalisme et à la littérature. Yvan Goll meurt en 1950 à 58 ans d’une leucémie dont il est atteint depuis 1944, laissant un testament poétique, Traumkraut (L’Herbe du Songe), qui sera édité par Claire Goll, de même que nombre de poèmes inédits. Claire Goll, décédée en 1977, a légué à la ville de Saint-Dié-des-Vosges leurs manuscrits français représentatifs du surréalisme, leurs œuvres d’art ainsi que leur bibliothèque et leur mobilier. Claire Goll a légué par testament à la bibliothèque de Saint-Dié les manuscrits français (ceux en allemand et en anglais se trouvant au musée Schiller à Marbache, en Allemagne) ainsi que les œuvres publiées et leur bibliothèque personnelle. L’ensemble représente près de 3000 documents comprenant des romans ( ex : Agnus Dei, 1929), des manuscrits (ex : Le char triomphal de l’antimoine, 1949) ou encore des poèmes écrits par Yvan Goll ou en commun avec son épouse (ex : Poème de jalousie, 1926). La médiathèque dispose également des correspondances échangées entre le couple Goll et des artistes reconnus comme Fernand Léger, Man Ray ou encore Hans Richter. |
Claire & Yvan Goll |
Auteurs engagés |
Extrait du roman La colline inspirée (1913) Né le 17 août 1862 à Charmes (Vosges), Maurice Barrès, parallèlement à sa carrière d’écrivain prolifique qui lui assure un succès précoce, se lance dans la politique. Boulangiste en contestation de l’ordre établi, il est élu député de Nancy en 1889. Lors de l’affaire Dreyfus (1894-1906), il se place dans le camp des antidreyfusards et s’érige parmi les chefs de file, tant il craint la désintégration de la communauté nationale et nourrit un sentiment revanchiste contre les Allemands au lendemain de la guerre de 1870-1871. Dès lors, sa pensée s’oriente vers un nationalisme traditionaliste, qui habille ses œuvres certes littéraires mais non moins politiques. En 1894, afin de défendre ses idées, il fonde son propre journal, La Cocarde. Ces quelques pièces, classées en 1 J 1731, présentent une importante correspondance (66 lettres manuscrites et tapuscrites) de Maurice Barrès adressées à Henry Cochin (1854-1926), homme politique et ami. Les sujets de ces échanges portent essentiellement sur la littérature et la Grande Guerre : dommages de guerre, dévastation des églises et soutien financier, régions envahies, décoration de la Croix de guerre, Ligue des patriotes fondée par Paul Déroulède, etc. |
Maurice Barrès |
Auteurs engagés Célébrité reconnaissance |
Extrait issu de Baalbek, les demeures sacrificielles, traduit de l’arabe par Antoine Maalouf (2007) Nohad Salameh est née à Baalbek (Liban) en 1947. Son père Youssef Fadlallah Salameh (1906-2001), poète en langue arabe et fondateur du magazine Jupiter, lui transmet le goût de la littérature. Nohad Salameh débute son œuvre poétique dans les années 1980 avec la publication des Enfants d’avril en 1980. Parmi les œuvres de Nohad Salameh, on compte quatre essais dont Rimbaud l’Oriental (1991) ou Marcheuses au bord du gouffre (2018), et quatorze recueils poétiques parmi lesquels Passagère de la durée (2010) et Le Livre de Lilith (2016). Son anthologie D’Autres annonciations, parue en juin 2012 aux éditions Le Castor astral, a reçu en 2013 le prix Verlaine de l’Académie française. En 2019, la correspondance amoureuse de Marc Alyn et Nohad Salameh paraît chez Pierre-Guillaume de Roux sous le titre Ma Menthe à l’aube, mon amante. Ses poèmes sont traduits en arabe, anglais, espagnol, roumain et serbe. Exil, amour, mal-être, déchirure, double-pays et double-langage constituent les principales thématiques de son œuvre située à mi-chemin entre le Liban et la France. Certains écrits de Nohad Salameh sont consacrés à la femme et cherchent à réhabiliter des figures féminines décriées pour leur liberté et leur affranchissement des codes. Son essai Marcheuses au bord du gouffre met en lumière onze femmes créatrices d’œuvres riches et puissantes, marquées par un destin tragique. Son œuvre a reçu de nombreux prix littéraires : le Prix Louise Labé en 1988 pour L’Autre écriture, le Grand Prix d’automne de la Société des Gens de Lettres en 2007, pour l’ensemble de l’œuvre et le Prix Européen de poésie Leopold Senghor en 2020. Nohad Salameh est membre du jury du Prix Louise Labé et de l’Académie Mallarmé mais également Officier dans l’ordre des Palmes académiques. La collection Nohad Salameh a été donnée à la bibliothèque municipale de Reims en 2021 par la poétesse elle-même. Elle rassemble un vaste ensemble documentaire sur la vie et l’œuvre de cette artiste. Six médailles reçues par Nohad Salameh à différentes étapes de sa carrière littéraire témoignent de la reconnaissance de son œuvre tant dans le domaine de la poésie que de l’essai. La médaille reçue lors de la remise de la Rose d’Or des Poètes français en 1989 est délicatement ornée sur le dessus d’une rose et sur le dessous de la citation « Les roses ont des épines ? Non les roses ont des étoiles ». Deux albums de correspondance rassemblent les lettres reçues d’autres poètes français et libanais tels qu’Andrée Chedid, Salah Stetié et Pierrette Micheloud, d’artistes et de membres de l’Académie françaises comme Jean d’Ormesson. Ces lettres témoignent de l’amitié et de la complicité professionnelle entretenues par Nohad Salameh avec divers auteurs et artistes. Certaines lettres éclairent le processus de création de livres d’artiste à partir des écrits de Nohad Salameh : des peintres et dessinateurs lui expliquent leur démarche, détaillent la manière dont ses poèmes les inspirent et le parti-pris qu’ils souhaitent adopter pour illustrer ses textes. Cette collection contient également quatre recueils poétiques manuscrits enrichis d’illustrations et collages conçus par Nohad Salameh elle-même, qui s’inspire des paysages de son pays natal, le Liban, pour en recréer l’architecture dans un univers coloré aux mille formes. Les collages inclus dans le manuscrit de Baalbek, les demeures sacrificielles restituent ainsi la splendeur des temples de cette cité antique. Cette collection rassemble enfin un riche corpus de 100 livres d’artiste aux supports et aux formes variés, réalisés en collaboration avec des artistes français et libanais tels que Youl, Dominique Pinchi, Colette Deblé et Etel Adnan. Certains livres conçus avec la rémoise Colette Deblé se distinguent par leur support original : ils ont en effet été créés sur feuilles de riz, ce qui donne de la transparence à ces œuvres. Les ouvrages réalisés par Lô présentent une grande originalité : ce sont en effet des « livres de verre », dont la reliure est entièrement conçue en diverses teintes de verre teinté et coloré fabriquées par l’artiste elle-même. |
Nohad Salameh |
Poésie |
Extrait du roman Le pommier de Sakhaline (2023) Michel Louyot est né à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) en 1938. D’abord professeur de lettres en Moselle, il continue sa carrière en tant que lecteur, attaché culturel et conseiller culturel à l’étranger. Ses œuvres sont en grande partie des témoignages littéraires sur ses voyages et sur ses rencontres en Europe centrale et orientale (URSS, Tchécoslovaquie, Roumanie) et jusqu’en Extrême Orient (Corée, Japon). Données par l’auteur depuis 2015, les versements de ses archives se succèdent année après année. La consultation de ces archives est soumise à l’autorisation de Michel Louyot. Il convient de prendre contact avec le conservateur de la Bnu en charge des collections de manuscrits, afin d’y accéder. Par ailleurs, l’auteur est disposé à apporter sa contribution à la compréhension de ce fonds d’archives et de sa démarche à toute personne intéressée. |
Michel Louyot |
Roman |
Extrait du poème « Schwàrzi Sengessle flàckere ém Wénd », Les orties noires flambent dans le vent (2000) Claude Vigée est un grand poète, né à Bischwiller (Bas-Rhin) en 1921. De confession juive, dès 1939 s’ouvre pour lui une vie marquée par l’exil, d’abord en « zone libre », à Toulouse, puis aux Etats-Unis. Titulaire d’un doctorat de lettres, il devient professeur d’université dans l’Ohio puis à Boston (Brandeis). Il y enseigne la littérature française et s’implique dans la critique littéraire et la poétique. Nommé professeur à l’université de Jérusalem, il se partage entre Israël et Paris, sans jamais oublier l’Alsace. Claude Vigée a lui-même tenu à confier la conservation d’une partie de ses archives d’écrivain à la Bnu, en raison de son profond attachement à sa région natale. Il a fait don en plusieurs fois d’ensembles, souvent en lien avec ses œuvres où la région joue un rôle, mais pas seulement. Des manuscrits d’œuvres, de poèmes ou d’écrits en prose sont le cœur du fonds. |
Claude Vigée |
Poésie |
Extrait de l’ouvrage Promenades sentimentales (1912) René Perrout est né à Épinal (Vosges) le 26 janvier 1868 dans une famille de notables spinaliens. Son père, Nicolas Perrout (1832-1890) et son frère aîné, Henri Perrout (1864-1919), sont avoués au tribunal d’Épinal. René Perrout étudie les lettres et le droit à Nancy puis s’inscrit au barreau d’Épinal pour y installer son cabinet d’avocat. Érudit local fortement attaché à l’histoire de sa ville natale, René Perrout est un habitué des services d’archives et un grand collectionneur notamment d’objets liés à histoire et aux traditions populaires locales. Dès 1891, il devient un membre actif de la Société d’émulation des Vosges et publie ses recherches dans les Annales de la société avant de les publier chez des imprimeurs spinaliens. Parmi ces ouvrages figurent Histoire d’Épinal au XVIIe siècle qui sort en 1902 et 1908 chez Huguenin à Épinal. René Perrout est également l’auteur d’une des premières publications d’importance sur les images d’Épinal qu’il collectionnait. Il exploite la matière historique qu’il compile dans l’écriture de romans et de recueils de nouvelles régionalistes. Il se fait alors chantre d’Épinal et plus largement des Vosges. Autour de mon clocher (Épinal, Huguenin, 1905) réunit 19 nouvelles mêlant contes, légendes et histoire locale. Il compose également des romans comme Goëry Coquart (Épinal, Huguenin, 1906) qui relate, sous la forme d’un journal d’un pâtissier rôtisseur, l’histoire d’Épinal occupée par les Français. Quant au roman historique Au seuil de l’Alsace, il apporte un témoignage sur la vie des habitants d’Épinal durant la Guerre de 1870. « Perrout, le spinalien », comme le surnommait Maurice Barrès, entretient des liens forts avec les écrivains régionalistes lorrains. Comme l’atteste sa correspondance, il est particulièrement proche de Charles Sadoul, Émile Moselly, Maurice Pottecher et George Chepfer. En 1906, il contribue avec eux à la création de la Revue lorraine illustrée, dans laquelle il publie régulièrement ses travaux. Parmi les influences littéraires du chantre d’֤Épinal, Barrès tient une place d’importance. Ce dernier, qui a préfacé l’ouvrage Autour de mon clocher, loue son sens des paysages et voit en lui « un Lorrain caractérisé » dont l’œuvre est un « clair témoignage lotharingien » qui a « l’accent de chez nous » et exprime « une sensibilité lorraine ». Affecté par la mort de son frère Henri en 1919 et par la guerre, René Perrout décède le 11 septembre 1920 à Épinal. Le fonds Perrout est légué en 2013 à la ville d’Épinal par Marie-Thérèse Aufrère, petite-nièce de René Perrout et petite-fille d’Henri Perrout. Le fonds est en dépôt à la bibliothèque multimédia intercommunale d’Épinal. Le fonds comporte essentiellement de la correspondance parmi laquelle on trouve des lettres d’artistes lorrains tels que Victor Prouvé, Émile Friant et Ernest Wittmann. On note la présence d’une lettre d’Hansi qui a contribué à l’ouvrage de Perrout Impressions de guerre, Épinal (août-décembre 1914) en proposant une lithographie représentant le Général Mauger, gouverneur d’Épinal. Les écrivains régionalistes sont également très présents dans le fonds, on dénombre des lettres de Charles Berlet, Maurice Pottecher, Charles Sadoul et de l’épouse et du fils de Maurice Barrès. Il est à noter la présence de deux manuscrits Au Seuil de l’Alsace et Souvenir de Damien Hun, de contrats d’édition et de notes préparatoires pour ses ouvrages relatifs à l’histoire d’Épinal. Des livres dédicacés par ses amis écrivains Georges Chepfer et Maurice Barrès viennent compléter cet ensemble. |
René Perrout |
Légendes folklore régionalisme |
Extrait d’Elégies pour le temps de vivre (2012) Richard Rognet est né à Épinal (Vosges) en 1942. Il grandit dans les Vosges auprès d’une mère institutrice et d’un père mécanicien. Très jeune, il lit avec frénésie tous les livres qui emplissent la maison familiale. Il suit des études de lettres à Nancy et devient, jusqu’à sa retraite en 2002, professeur de lettres au collège Jules Ferry d’Épinal où il a animé de nombreux ateliers d’écriture et initié ses élèves à la poésie. En 1971, sa rencontre avec le poète Alain Bosquet (1919-1998) est déterminante dans son parcours littéraire. Grâce à ses encouragements, il publie ses premiers textes chez Belfond. À partir de 1980, il est également régulièrement édité dans la prestigieuse collection « Blanche » de Gallimard dont Guy Goffette est membre du comité de lecture. Dans l’œuvre de Richard Rognet, deux grandes thématiques se détachent. Tout d’abord, l’identité occupe une place centrale dans sa création. Ses poèmes se font l’écho d’un moi multiple et dispersé, ainsi que d’une quête de soi. Ensuite, la nature constitue une toile de fond constante dans son œuvre : il célèbre les paysages vosgiens auxquels il est tant attaché, ainsi que les plantes et les animaux qui peuplent son jardin. Le poète Arthur Rimbaud tient une grande place dans l’œuvre de Richard Rognet. Il lui rend hommage dans un diptyque constitué de La jambe coupée d’Arthur Rimbaud (1997) et de Dans un nid de flammes (2023). Dans ce dernier livre, dont le titre est emprunté à Une saison en enfer, Richard Rognet mêle à ses vers ceux, soigneusement sélectionnés, du poète ardennais. Au-delà de son lien à Rimbaud, Richard Rognet aime créer un dialogue avec ses pairs, contemporains ou des siècles passés, en introduisant chacun de ses livres par des textes choisis dans leurs œuvres en guise d’épigraphes. Avec des amis férus de poésie, en Lorraine, et notamment à Metz et à Épinal, Richard Rognet est à l’origine de plusieurs manifestations poétiques. Dans les années 90, grâce à ses amitiés littéraires, Alain Bosquet, Andrée Chedid et Georges-Emmanuel Clancier participent à la manifestation littéraire « Écrivains du 20e siècle » qu’il organise à la bibliothèque d’Épinal, à l’invitation de son ami Philippe Séguin. Reconnus par ses pairs et les milieux littéraires, il reçoit les prix Charles-Vildrac (1978), Louise-Labé (1985), Max-Jacob (1989), Théophile-Gautier (1993), Apollinaire (1997), Louis-Montalte (1998), Pierrette-Micheloud (2018), Cadet Roussel (2018) et, pour l’ensemble de son œuvre, le grand prix de poésie de la Société des Gens de Lettres (2002), le prix Alain Bosquet (2005) et le prix Erckmann-Chatrian (2020). En 1991, Richard Rognet est nommé membre de l’Académie Mallarmé et, en 1994, est nommé chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres. Depuis 1978, Richard Rognet a également noué de nombreuses amitiés artistiques. Au sein de livres d’artistes et de livres pauvres, ses textes poétiques dialoguent avec la gravure de Jean-Pierre Lécuyer et de Thierry Le Saëc, l’estampage de Marc Pessin, les photographies et collages de Sarah Wiame, les peintures de Jean-Pierre Thomas, Guy Lozac’h et Alain Simon ou encore l’enluminure de Dominique Penloup. Richard Rognet, compagnon de longue date de la bibliothèque, a montré son attachement à la ville d’Épinal en effectuant une première donation en 2002, à l’occasion des manifestations organisées en son honneur lors de la 4ème édition du Printemps des poètes. D’autres donations ont suivi et sont venues enrichir ce fonds de manuscrits et d’archives littéraires. Depuis 2012, à chaque nouvelle publication, le poète offre à la bibliothèque les documents constitutifs et afférents à ses œuvres. En 2023, le fonds d’archives littéraires Richard Rognet, organisé et classé minutieusement par le poète, est constitué de plus de cinquante boîtes d’archives. Ce fonds est formé de documents précieux pour comprendre le processus créatif du poète : brouillons manuscrits parfois griffonnés sur un coin de nappe, tapuscrits du premier jet à l’état final, tapuscrits d’envoi à l’éditeur et maquettes de l’ouvrage. Il comporte également tous les livres édités du poète et notamment quelques éditions de tête sur grand papier ainsi que des pré-publications, des tirés à part ou des revues littéraires dans lesquelles il a publié ses textes. Ce riche fonds comporte également les contrats d’édition et des dossiers de presse relatifs à ses publications. S’ajoutent à cet ensemble des documents plus personnels comme des photographies ou des éléments de correspondance notamment avec son ami Alain Bosquet. De manière plus anecdotique, un buste de Richard Rognet réalisé par Norma Bosquet et les premières layettes du poète tricotées par sa mère ont enrichi le fonds en 2023. La bibliothèque de l’auteur rejoint petit à petit la réserve de la bmi. On y croise des ouvrages de ses amis poètes, et notamment l’universitaire et poétesse Béatrice Marchal, spécialiste de l’œuvre de Richard Rognet, des ouvrages dédicacés et une collection importante de livres portant sur la poésie. Les livres d’artistes auxquels a participé le poète, offerts par lui ou acquis par la bibliothèque avec le soutien de la Région Grand Est et de la DRAC Grand Est, prennent place aux côtés de cet important don pour constituer le fonds Rognet à la bmi. |
Richard Rognet |
Poésie Réseaux amitiés influences |
Extrait de l’essai La question linguistique en Alsace (1955) Charles Haenggi est né à Mulhouse (Haut-Rhin) dans une famille ouvrière. Alors qu’il est apprenti-dessinateur pour une firme mulhousienne, sa vie prend un tournant lorsque l’abbé Haegy le pousse à continuer ses études. Il devient ainsi, en 1904, ingénieur après avoir étudié en Suisse et en Allemagne. Fonds épars dont l’origine est parfois inconnue, les papiers de Charles Haenggi regroupent une dizaine de pièces. L’ensemble est divisé en deux typologies de documents : ses mémoires ainsi que ses œuvres littéraires. |
Charles Haenggi |
Patois dialectes langues régionales |
« L’église des Villeneuviots – Le perroquet du vigneron, deux contes en patois de Sézanne », extrait de l’introduction (1907) « Il me suffit d’habiller le paysage avec le vocabulaire des contrôleurs du moyen âge, de compter soudain les routes en lieues, les arbres en pieds, les prés en arpents, jusqu’aux vers luisants en pouces, pour que les fumées et les brouillards montant des tours et des maisons fassent de notre ville une de ces bourgades que l’on pillait sous les guerres de Religion, et que je me sente l’âme d’un reître ou d’un lansquenet ». « Je pars de très bonne heure par le train et tout en contemplant les plaines de ma Champagne, je pense à la légende recueillie la veille, je bâtis dans la tête le plan de la nouvelle et, rentré le soir dans mon bureau, je prends du papier et ma plume court, court ». Ce propos rapporté par un ami d’Alexis Guillemot nous renseigne sur sa méthode. D’abord, la collecte : Guillemot connaît à fond l’arrondissement dont il a la charge, il profite de ses tournées pour « interroger les vieillards, fouiller les archives » et constituer un réseau de correspondants – médecins, instituteurs – menant des recherches pour son compte. Dans un article presque féministe, Germaine Maillet vante une de ces petites mains, Joséphine Brûlfer, dont le style lui semble valoir celui du maître. Ensuite, « bâtir le plan de la nouvelle » – car Guillemot fait œuvre d’auteur, Germaine Maillet lui reproche même de rechercher les effets littéraires. L’œuvre de Guillemot compte plus de cent chapitres, couvrant la Marne entière. Chapitres variés : Guillemot folkloriste cède souvent le pas à l’historien pour de petites monographies sur les guerres de religion à Sézanne, la culture des sapins ou des choux, l’étrange destin d’une enfant sauvage au 18e siècle. Il recense avec quelque peu d’ironie les légendes locales : récits de miracles expliquant l’assèchement de la fontaine de Perthes-les-Hurlus ou le mutisme des crapauds du marais de Saint-Gond. Comme Germaine Maillet plus tard, Guillemot rapporte des coutumes de mariage et de festivités diverses, telles la fascinante « noyade du couperon » le Mercredi saint. Le terme couperon désigne une petite lampe à huile en argile qui éclaire les veillées pendant l’hiver avant d’être jetée à la rivière au retour du printemps, aux cris de « I noye, i noye, i noye, le couperon ». Et Guillemot de fustiger « l’ingratitude sans nom » avec laquelle le « bienfaisant couperon » est supplicié ; et de détailler les variantes de la cérémonie entre Suippes, l’Argonne et Châlons. Pour Guillemot, si la campagne champenoise n’est pas propice aux récits fantastiques et mystérieux, elle se prête aux contes, mais pas n’importe lesquels : des contes « honnêtes, gais et sensés », bien différents des « contes graveleux du Lorrain » ou des contes du Bourguignon « remplis de massives beuveries ». Des contes trop peu nombreux, disparus pour la plupart avec le patois dans lequel ils étaient dits. On partage les regrets de Guillemot en lisant la poignée de récits particulièrement savoureux qu’il a réunis en patois de l’Argonne, de Sézanne et de Courtisols. Ce gros village de Courtisols qui fournit quantité d’histoires réjouissantes, les Courtisiens étant, selon Guillemot, « quelque chose comme des Auvergnats champenois ». Les « Dossiers Guillemot » conservent des brouillons et notes de l’auteur, de la documentation, des courriers de ses correspondants et des reproductions des textes publiés dans les journaux. En 1930 la veuve d’Alexis Guillemot en fait don au Comité du Folklore Champenois, dont les archives aboutissent à la bibliothèque de Châlons dans les années 1990. |
Alexis Guillemot |
Légendes folklore régionalisme |
Poème « Im Wïdesaft », Sève de Saule, traduction de Gaston Jung Adolphe et Albert Matthis sont frères jumeaux, nés le 27 décembre 1874 au lieu dit Val de Villé, dans la commune de Châtenois (Bas-Rhin) et morts à Strasbourg, Albert le 17 juin 1930 et Adolphe le 25 mars 1944. Durant la Première Guerre mondiale, Albert est au front et Adolphe est en détention préventive, autrement dit en exil, en raison de ses opinions francophiles. Alfred Schlagdenhauffen les a rencontrés dès avant la Seconde Guerre mondiale et leur a consacré son travail et une partie de sa vie intellectuelle de germaniste. Le professeur Alfred Schlagdenhauffen avait lui-même hérité de ce fonds par le testament d’Adolphe Matthis du 8 avril 1937. Il a légué à la Bnu ce fonds en 1987. Le fonds a été classé par Alfred Schlagdenhauffen, et ce classement a été globalement respecté. Regroupé sous la cote globale MS.7.171, il est réparti de la manière suivante : |
Albert & Adolphe Matthis |
Patois dialectes langues régionales |
Extrait de Rilke vivant : souvenirs, lettres, entretiens (1936) Aujourd’hui oublié, Maurice Betz est une figure importante du monde littéraire de l’entre-deux-guerres. Colmarien de naissance, il est né en 1898, à une époque où l’Alsace appartient à l’Empire allemand. Orphelin de père à 3 ans, il passe son enfance à Colmar (Haut-Rhin) et étudie au lycée impérial. Dans sa jeunesse déjà, il passe son temps à lire de la littérature française, des classiques allemands et à composer des nouvelles et des poèmes, dès 10 ans. Complètement bilingue comme les alsaciens cultivés de l’époque, il passe aisément de l’allemand au français, bien qu’il compose majoritairement, à cette période, en allemand et aille jusqu’à germaniser son nom en signant « Maurice von Betz ». Au sortir de la guerre, il poursuit ses études à la Sorbonne en lettres et en droit dont il sort diplômé. Par la suite, il exerce en tant qu’avocat à la Cour d’Appel de Paris entre 1920 et 1925. C’est à cette même période que paraissent ses premiers écrits : le recueil de poèmes Scaferlati pour troupes en 1921, le roman Rouge et blanc en 1923 qui est également son premier succès littéraire mais surtout sa traduction des Cahiers de Malte Laurids Brigge de Rilke en 1926. C’est d’ailleurs plus qu’une simple relation de collaboration littéraire que Betz et Rilke vont entretenir, jusqu’à la mort du poète en 1926, mais une amitié sincère et profonde. C’est en 1924, lors d’un séjour de Rilke à Paris, qu’ils se rencontrent et commencent à travailler ensemble à la traduction française des Cahiers. Réunis dans l’appartement parisien de Betz, ils vont ainsi se lire simultanément, ligne à ligne, la version originale et la traduction du texte, corrigeant et modifiant mutuellement leur travail. Cette traduction « de cœur à cœur », pour reprendre l’expression de Jean Cassou, écrivain et critique littéraire, apporte de la profondeur aux versions françaises de Rilke et lui assure sa réussite littéraire dans l’Hexagone. Jusqu’à sa mort prématurée en 1946, Maurice Betz traduit une vingtaine d’œuvres rilkéennes, en édite d’autres et se fait le biographe du poète (Rilke vivant, 1937 ; Rilke à Paris, 1941). Le fonds Betz conservé à la bibliothèque des Dominicains est indissociable du fonds Rilke du fait des liens profonds qui unissaient Maurice Betz à Rilke. |
Maurice Betz |
Réseaux amitiés influences |
« Planisphères », poème extrait du recueil La vie en dansant (2000) André Velter est né à Signy-l’Abbaye dans les Ardennes le 1er février 1945, par temps de verglas et de neige. Les routes étant coupées, c’est la coiffeuse du village qui, auprès de sa mère, fait office de sage-femme. Son père est instituteur, son grand-père paternel chaudronnier sur cuivre, son grand-père maternel cheminot. Enfance et adolescence de semi-nomade, avec quartiers d’automne et d’hiver au village, quartiers de printemps et d’été en lisière d’une immense forêt, à La Vénerie, un ancien pavillon de chasse à courre transformé en école de plein air et en colonie de vacances. Constitué à l’origine grâce aux acquisitions de la bibliothèque – cette dernière cherchant à rassembler de la manière la plus exhaustive qui soit les œuvres des écrivains natifs des Ardennes- le fonds Velter a véritablement pris une autre dimension le jour où André Velter lui-même y a effectué le dépôt de ses archives. Ce dépôt fut officialisé par convention en 1993. Le 13 octobre 2008, à l’occasion de l’inauguration de la médiathèque Voyelles, André Velter est devenu, en compagnie de Guy Goffette, Franz Bartelt et Yanny Hureaux, parrain du nouvel établissement. |
André Velter |
Poésie |
Extrait du roman L’abbaye d’Evolayne (1933) Que sait-on aujourd’hui de Paule Régnier ? Femme de lettres de l’entre-deux-guerres, effacée par la postérité derrière la figure du poète Paul Drouot, et dont les romans cessent d’être réédités du vivant de l’autrice. Tableau guère flatteur que dément son fonds aux archives denses — et notamment son journal intime — qui retrace une vie marquée par la douleur tant physique que morale et la quête obstinée d’un apaisement. Ses archives réévaluent nos connaissances sur cette autrice. Les archives de la romancière Paule Régnier ont été données à la Bibliothèque de Charleville par sa sœur Yvonne Clouzot en plusieurs versements après sa mort. Un inventaire rapide dressé en 1967 ainsi que des courriers d’Yvonne Clouzot et de sa fille Marianne Clouzot adressés à Stéphane Taute, le bibliothécaire de Charleville, permettent de connaître l’histoire de ce don. |
Paule Régnier |
Célébrité reconnaissance Roman |
Poèmes issus du receuil Haïkus alsaciens, traduction de Jean-Paul Gunsett (2017) Lina Ritter est née en 1888 à Village-Neuf, une localité située on ne peut plus près du Rhin. Cette proximité pourrait être son emblème tant ce fleuve, avec sa capacité à séparer, à créer la peine et les tourments, les incompréhensions, mais aussi à réunir et à susciter des ponts, imprègnent l’œuvre et la vie de l’écrivain. Après des études à Mulhouse et à Bâle (philosophie, histoire de l’art et littérature), elle se fait connaître dès l’âge de 23 ans par des pièces de théâtre en allemand et en dialecte, consacrées à des grands thèmes historiques alsaciens, sundgoviens et suisses-alémaniques. Mariée à un avocat allemand, le Dr Paul Potyka, elle doit quitter l’Alsace après 1918, expulsée de sa terre natale ! Elle vit dans le Pays de Bade jusqu’à sa mort à Fribourg-en-Brisgau en 1981. Son œuvre est abondante et touche à un grand nombre de genres littéraires, et ne quitte presque jamais le dialecte alsacien et la langue allemande. Après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte peu favorable, elle retrouve un certain succès en Alsace d’une part avec des chroniques et pièces radiophoniques diffusées sur Radio Strasbourg, et d’autre part par son spectacle consacré à la patronne de l’Alsace, Sainte Odile. Le fonds a été donné à la Bnu par les trois petits enfants de Lina Ritter en 2019. Il n’a pas encore été catalogué et aucun instrument de recherche n’existe à ce stade. Cependant le traitement de l’ensemble est programmé pour 2024. On sait que ce fonds représente une dizaine de mètres linéaires, ce qui est beaucoup et qui correspond à l’ampleur de la production de l’auteur, et contient un grand nombre de documents inédits. Les manuscrits et dactylographies de ses œuvres y sont au complet. Des informations personnelles sur sa famille, son mari, ses voyages ou simplement sur elle-même s’y rencontrent. Des œuvres d’autres auteurs sous forme de manuscrits ou de dactylographies s’y trouvent aussi. Et surtout un grand nombre de textes restés inédits. Enfin, signalons des éléments sur le dialecte en lui-même, recueillis par l’auteur. La famille a aussi donné nombre de documents imprimés ayant appartenu à Lina Ritter et qui ont été répartis dans les fonds documentaires de la Bnu. |
Lina Ritter |
Patois dialectes langues régionales |
« Unsri Gerechtigkeit », poème extrait du recueil Poètes et prosateurs d’Alsace (1978), traduction d’Aline Martin Conrad Winter est né à Strasbourg en 1931. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dramatique pour ce jeune enfant, il est confronté à la mutation linguistique imposée par l’histoire : en classe de 4ème il doit passer à la langue française. La lutte entre le poète et le langage est pour lui comme pour tout poète un combat difficile. Les documents qui constituent les archives de Conrad Winter sont entrés de manière dispersée à la bibliothèque et sont donc répartis dans les fonds manuscrits selon l’époque de leur arrivée. Dès 1978, l’auteur a fait don de certains manuscrits. Les trois principaux ensembles ont été donnés par l’auteur en 1995 et forment l’essentiel du fonds. Cependant d’autres ensembles ont rejoint ces éléments, en particulier deux dons importants faits par Jean-Paul Klee, en 1980 et en 2007. |
Conrad Winter |
Auteurs engagés |
Extrait du poème « Jonas » (1962) Jean Paul de Dadelsen est un poète né en 1913 à Strasbourg, qui fait alors partie de l’Empire allemand, et mort en 1957 à Zurich. Cet auteur revêt plusieurs rôles, dont ceux de traducteur et de journaliste. Les treize premières années de sa vie prennent place à Muttersholtz (Bas-Rhin), un village proche de Sélestat. Plus tard, il étudie la philosophie au collège J.J. Henner d’Altkirch (Haut-Rhin). Ce changement le conduit à rencontrer plusieurs écrivains, tel que le célèbre dramaturge alsacien Nathan Katz, pour lequel il sera amené à traduire des poèmes en français. Il poursuit ses études à Paris, où son chemin croise celui de Léopold Sédar Senghor, de Georges Pompidou, et du peintre alsacien Robert Breitwieser auprès duquel il prend des cours de dessins sous les conseils de son ami Nathan Katz. En 1936, Jean Paul de Dadelsen est reçu premier à l’agrégation d’allemand. Il devient professeur au lycée Saint-Charles à Marseille. A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, sa vie prend un tout autre tournant. Il est mobilisé comme interprète, puis entre dans une unité de char. La fin de la guerre lui permet d’enseigner de nouveau, à Oran, où il se lie d’amitié avec l’écrivain Albert Camus. Ses pas le guident ensuite à Londres, où il exerce le métier de journaliste pour lequel il voyage beaucoup. Il s’installe ensuite à Genève, où il travaille au Centre européen de la culture. Il échange alors avec Denis de Rougement et Jean Monnet. Sa dernière destination n’est autre que Zurich, où il exerce le rôle de directeur adjoint à l’Institut International de la Presse. Jean Paul Dadelsen, qualifié de « plus grand poète alsacien d’expression française », ne publie pourtant qu’un seul et unique poème de son vivant. Bach en automne, écrit à ses trente-neuf ans, est publié par son ami Albert Camus dans les pages de la NRF (Nouvelle Revue Française). La publication de la majeure partie de son œuvre est posthume. Il faut en effet attendre 1962 pour voir paraître son premier recueil chez Gallimard. Nous découvrons dans son œuvre la marque laissée par les paysages de l’Alsace et de la région du Sundgau. La postérité le décrit comme « une manifestation fulgurante du génie alsacien ». Le fonds Jean Paul de Dadelsen est issu d’un don soumis par Mme Dorette Kippelen de Guebwiller en janvier 2013. Si ce fonds n’est à ce jour signalé dans aucun catalogue en ligne et n’a pas encore fait l’objet d’un travail de numérisation, la Bibliothèque des Dominicains dispose néanmoins d’un inventaire papier dans lequel sont recensées ces différentes pièces manuscrites, qui sont majoritairement de la correspondance. Le fonds Jean Paul de Dadelsen comprend de prime abord deux diplômes obtenus par l’auteur. Le premier est un certificat d’admission au baccalauréat obtenu à Strasbourg en avril 1929, suite à ses études en philosophie au collège J.J. Henner. Le second est un baccalauréat de l’enseignement secondaire obtenu à Paris en septembre 1931, venant mettre un terme à ses études au lycée Louis-le-Grand où il a fait la rencontre de Léopold Sédar Senghor ainsi que de Georges Pompidou. La majeure partie du fonds est de la correspondance passive. Il s’agit en effet d’un ensemble de lettres adressées à Jean-Paul de Dadelsen par son éditeur André, et ce avant la Seconde Guerre mondiale. La correspondance date des années 1936 à 1938, et se révèle tant professionnelle qu’amicale. Les lettres sont écrites en français ou en allemand, et se révèlent être tant tapuscrites que manuscrites. Nous retrouvons également des cartes postales au ton plus informel. |
Jean-Paul de Dadelsen |
Poésie |
Extrait de la pièce D’r lätz Bardessü publiée dans Poètes et prosateurs d’Alsace (1978) Julius Greber est un auteur dramatique alsacien, né en Allemagne, à Aix-la-Chapelle en 1868 et mort à Colmar en 1914. Installé dès sa prime jeunesse à Strasbourg il y étudie le droit (docteur en 1896) et devient juge de paix à Strasbourg et à Hochfelden. Il entre dans la carrière d’auteur dramatique en participant à des saynètes dialectales au sein d’un petit club pour Allemands. Il approfondit ce domaine de création et son talent se révèle dès 1895 et de fil en aiguille il fonde le Theaterclub de Strasbourg, et naît ainsi un théâtre concurrent au théâtre municipal. Il fonde aussi une société nommée Elsässisches Theater, en 1898. Ses créations appartiennent au genre de la farce (Schwank) ou du vaudeville, des pièces où l’humour domine. Son théâtre met aussi en valeur les mœurs locales et permet l’expression éventuelles de quelques critiques envers la société de l’époque. Une part de son théâtre est en allemand standard. Ses qualités de gestionnaire firent de cette entreprise un succès commercial qui aboutit à la mise à disposition du Théâtre municipal comme lieu de représentations dialectales. Il cède ensuite cette gestion à son collaborateur Gustave Stoskopf (1869-1944) qui a mieux que Greber su capter la célébrité et la conserver. Ce fonds est arrivé en 1998 mais n’a été traité jusqu’au bout qu’en 2014. Sous la cote MS.6.408 on trouve un choix de documents regroupant l’essentiel de ses pièces de théâtre, sous la forme de manuscrits ou de dactylographies, ainsi qu’un peu de correspondance et de documentation sur la vie théâtrale à Strasbourg. Un recueil de critiques et de pièces de procès intentés contre cette production rendent compte de la réception de son œuvre. Dans un second temps, les cotes MS.7.053,1-3 regroupent des dossiers sur des pièces de théâtre et des récits, accompagnés de plus de pièces permettant d’apprécier la nature du travail de cet auteur et homme de théâtre. Il s’agit par exemple de plusieurs états manuscrits de certaines œuvres, avec des éléments sur la réception, des affiches et articles de presse. Des œuvres en prose s’y trouvent aussi, ainsi que son essai sur l’histoire de la fondation du théâtre alsacien de Strasbourg. Et peut-être quelques traces de sa vie personnelle, dans ses impressions parisiennes ou ses poèmes à une certaine Emilia. Enfin, trois dossiers de correspondance, où Gustave Stoskopf est également destinataire, en tant qu’associé, et où sont regroupés aussi les échanges avec les éditeurs et libraires. L’écriture gothique cursive (kurrentschrift) ne facilite pas l’étude de ce fonds. Il contient cependant la mémoire d’un des principaux auteurs dramatiques dialectaux d’Alsace. |
Julius Greber |
Théâtre |
Extrait de l’essai Amateurs et voleurs de livres : emprunteurs indélicats, voleurs par amour des livres, voleurs par amour de l’argent (1903) Albert-Antoine Cimochowski est né à Bar-le-Duc (Meuse) le 22 octobre 1845, d’une mère française et d’un père officier polonais réfugié en France suite à l’insurrection de 1830 contre la domination russe. Le fonds Albert Cim de la Médiathèque de Bar-le-Duc s’est constitué suite à la donation des documents de la propre bibliothèque de l’auteur. |
Albert Cim |
Réseaux amitiés influences Roman |
Extrait de la pièce Raiwer im Bruemther Wald, Satirische Komödie (1947), traduction d’Aline Martin Claus Reinbolt est né à Strasbourg (Bas-Rhin) en 1901, et mort dans cette même ville en 1963. Il publie dès l’âge de 19 ans sa première œuvre allemande, en 1919. Son genre de prédilection est le théâtre, et sa langue de création est l’allemand, et parfois le dialecte alsacien. Son périmètre thématique est l’histoire, celle que les grands bouleversements orientent bien souvent vers la tragédie. Néanmoins ses choix de style ont plus d’une fois surpris : soit il versifie soigneusement suivant des mètres rigoureux, soit il quitte la règle pour adopter une manière expressionniste, atteignant l’hermétisme et frisant le surréalisme. Un temps passé au Nigeria (1925-1927) suscite un intermède consacré à des récits coloniaux, roman et nouvelles. Également musicien, il écrit sur l’orgue et connaît Albert Schweitzer. Son œuvre est jouée à Strasbourg, à Dresde exceptionnellement, mais surtout sur les ondes de la radio alsacienne. Il écrit ses mémoires, ses souvenirs, et tente d’adapter en alsacien des pièces de Molière. Claus Reinbolt a écrit ses œuvres en allemand, qui est sa langue de naissance et de création. Il a ensuite traduit ces œuvres en dialecte pour les diffuser par la radiophonie ou les proposer au Théâtre alsacien de Strasbourg. Son dialecte a été appelé « Hochdialekt » par un critique, ce qui représente une particularité notoire, et qui tranche avec la veine souvent très marquée par l’expressivité des textes en dialecte alsacien. L’auteur lui-même a donné en 1954 les manuscrits originaux de ses œuvres de l’époque, mais l’essentiel des documents qui forment le fonds Claus Reinbolt (correspondance reçue et journal) a été donné par Mme Marguerite Thomas, dans les années 1980 et 1990. Ces archives sont relativement dispersées dans les manuscrits de la Bnu, en raison de l’apport en plusieurs fois et des achats ultérieurs ou antérieurs de pièce qui s’y rapportent. D’autres documents sont arrivés à la Bnu par le legs d’Auguste Wackenheim en 2016. Ils ne sont donc pas regroupés sous une même série de cotes et la recherche dans Calames ou dans le catalogue de la bibliothèque doit se faire par le nom et prénom de l’auteur. L’inscription de l’auteur dans le milieu littéraire strasbourgeois fait que des manuscrits et courriers se trouvent souvent à l’intérieur de fonds d’autres personnalités de ce même milieu, comme Raymond Buchert ou Henri Solveen. |
Claus Reinbolt |
Théâtre |
Extrait du roman Un homme se penche sur son passé (1928) Maurice Constantin-Weyer est né en avril 1881 à Bourbonne-les-Bains en Haute-Marne, de l’union d’Amélie Bompard et d’Alphonse Constantin, journaliste et directeur du journal L’Avenir à Langres. Issu d’une famille aisée, il intègre l’internat du Collège Stanislas à Paris en 1889, puis fréquente le petit séminaire de Langres. Arrivé à Avignon en 1895, Maurice poursuit sa scolarité au Collège Saint-Joseph et y obtient son baccalauréat en 1897. Après le décès de son père, la famille Constantin déménage à Paris. Inscrit à la Faculté des Sciences de la Sorbonne, l’étudiant y fréquente les cercles littéraires et artistiques. Toutefois, à 20 ans, il doit se rendre à Toul (Meurthe-et-Moselle) pour effectuer son service militaire, alors d’une durée de trois ans. C’est pendant cette période, en 1902, qu’il publie son premier recueil de poèmes. A l’issue de son service, il s’embarque en juillet 1904 pour le Canada avec son ami peintre, René Devillario. Le voyage se déroule mal : Maurice contracte la fièvre typhoïde et doit subir une quarantaine à son arrivée. Il s’installe à Saint-Claude, petit village francophone de la province du Manitoba, où il est rejoint par sa famille en 1905. Il s’y essaie, en vain, à l’agriculture. Confronté à des conditions de vie difficiles et à des dettes, que la vente de terrains ne parvient pas à tarir, il finit par vivre d’expédients en devenant trappeur, bûcheron ou encore commis de magasin… En 1910, il épouse Dina Proulx, dont il a trois enfants avant de divorcer. En 1914, il revient en France pour s’engager dans le conflit qui éclate. Il s’y distingue par sa bravoure et reçoit plusieurs distinctions honorifiques, dont la Légion d’honneur en 1918. Intégré au 58e régiment d’infanterie, il embarque en janvier 1917 pour le front d’Orient, où il est grièvement blessé. En convalescence pendant plusieurs mois à Paris, il fait la connaissance d’une infirmière, Germaine Weyer. Il l’épouse en 1920 à Vichy. De cette union naissent deux enfants. Après la guerre et grâce à sa parfaite maîtrise de l’anglais et de l’allemand, il réalise des travaux de traduction et devient journaliste. Il dirige journal Paris-Centre à Nevers (1923), puis Le journal du centre et de l’ouest à Poitiers (1927). Il publie en parallèle plusieurs romans entre 1921 et 1927, mais c’est son roman Un homme se penche sur son passé, récompensé par le prix Goncourt en 1928, qui le fait passer à la postérité. L’immense succès commercial qui en découle (plus de 100 000 exemplaires vendus en deux mois) permet en effet à Maurice Constantin-Weyer de se consacrer exclusivement à l’écriture jusqu’à sa mort en 1964. L’œuvre de l’écrivain comporte plus de cinquante titres publiés, dont de nombreux romans qui firent son succès. Plusieurs biographies, des récits autobiographiques, ou des pièces de théâtre et des scénarios pour le cinéma, souvent inédits, complètent cette production. Le fonds de Maurice Constantin-Weyer couvre la période des années 1920 à 1996. Représentant un volume d’environ quinze mètres linéaires, a été pris en charge par les Archives municipales de Nancy le 22 octobre 2004, grâce à un don effectué par sa fille, Françoise. En effet, cette dernière considère alors les archives de l’auteur comme un complément « naturel » au prestigieux fonds de l’Académie Goncourt, conservé à Nancy depuis 1988. Ce fonds est constitué de trois ensembles distincts. Composé de soixante-six tableaux encadrés et de près de quatre-vingt-dix aquarelles de la main de l’écrivain, le premier d’entre-deux évoque les talents du peintre amateur qu’était Maurice Constantin-Weyer. Parmi les œuvres conservées, plusieurs productions rappellent les voyages de l’écrivain, notamment au Canada ou en Afrique du Nord. Le second ensemble regroupe près de centre-quatre-vingt ouvrages imprimés rédigés, préfacés ou encore traduits par Maurice Constantin-Weyer, dont des rééditions parfois récentes. Des versions commercialisées en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons sont également présentes en petit nombre. Plusieurs ouvrages semblent en outre directement issus de la bibliothèque personnelle de l’écrivain, à l’instar de l’ouvrage PC de compagnie, édité aux éditions Rieder en 1930, dont la reliure contient deux photographies inédites de Maurice Constantin-Weyer sous l’uniforme, juste avant l’embarquement du 58e régiment d’infanterie à Marseille pour le front d’Orient, en janvier 1917. Les archives de l’écrivain constituent la partie la plus intéressante et la plus volumineuse du fonds (près de huit mètres linéaires). Si quelques documents marginaux évoquent la famille et la vie privée de l’auteur (photographies, documents militaires…), l’essentiel des archives fait naturellement écho à la carrière littéraire de Maurice Constantin-Weyer, d’abord en tant que journaliste, puis comme écrivain à succès. Le processus créatif de l’écriture est illustré par de très nombreux manuscrits et tapuscrits annotés par l’auteur dont plusieurs dizaine d’écrits demeurés inédits (nouvelles, essais, pièces de théâtre, biographies ou scénarios pour le cinéma…), souvent non terminés ou incomplets. En outre, une documentation importante permet d’évaluer la notoriété de l’auteur grâce à une correspondance abondante, dont quelques lettres de son ami l’illustrateur Gustave Blanchot, alias Gus Bofa, de nombreuses coupures de presse et catalogues d’exposition, mais aussi par des thèses sur l’auteur ou sur son œuvre (à noter : un dossier consacré au film La Loi du Nord, adapté du roman Telle qu’elle était en son vivant et réalisé par Jacques Feyder à la fin des années 1930, contient plusieurs photographies des décors et du tournage). Quelques dossiers produits par Françoise Constantin-Weyer contiennent des contrats et de la correspondance relative aux droits d’auteur associés à l’œuvre de l’écrivain. Le fonds est communicable sur autorisation. |
Maurice Constantin-Weyer |
Célébrité reconnaissance Roman |
« Les flageolets » (sans date) Eugène Corréard est né à Haguenau (Bas-Rhin). Fils du général d’Empire Frédéric Corréard (1789-1869), il fait une carrière de sous-préfet dans différentes villes de France à l’ouest des Vosges. La guerre de 1870 l’interrompt dans sa lancée : il opte pour la nationalité française mais retourne dans Haguenau alors allemande pour des raisons personnelles. Tout juste marié, retiré dans son domaine du Neunreuterhof, il consacre alors son temps à une abondante production littéraire. Il écrit des nouvelles et des romans, des fables et des contes, des pièces de théâtre et des poèmes dont certains seront publiés au début des années 1890. Il reçoit ainsi la Médaille d’or de la Société d’encouragement au bien en 1895. Parallèlement, Eugène Corréard peint et dessine des paysages locaux. Il créé également de nombreuses pièces musicales : au piano, avec chant et jusqu’à de complets vaudevilles endiablés. Eugène Corréard mêle à ses œuvres des sujets romantiques et ancrés dans son époque à des thèmes plus proches du folklore, sans jamais manquer d’humour. Il publie ainsi des sonnets culinaires sur la choucroute ou la bisque d’écrevisse et créé des mélodies bigarrées. Il utilise alors deux pseudonymes, Eugène Dalzac pour ses écrits (en référence à Balzac et aux compositeurs de vaudeville contemporains qui s’appelaient presque tous Eugène) et Frédéric Korr pour la musique (jeu entre son nom de famille et Chopin). Il décède dans sa ville natale en 1906. Les papiers d’Eugène Corréard regroupent 40 ensembles manuscrits, pour majorité des feuilles volantes de nature hétéroclites. S’y trouvent des brouillons de ses quelques œuvres publiées, majoritairement des poèmes, mais la majorité est constituée de productions inédites. De grands ensembles se distinguent : 14 vaudevilles et opéra-comique, quelques volumes d’une cinquantaine de poèmes chacune, quatre volumes de partitions et une poignée de nouvelles. Le fonds comporte également la correspondance entre Corréard et sa femme Zoé Boudreaux, qui préfigure par moment ses créations poétiques. Corréard y a également laissé des cahiers de dessins ainsi que de fines silhouettes découpées. Enfin on y trouve une compilation de critiques des œuvres de Corréard par différents organes de presse, quelque fois annotées ensuite par Corréard. Cette collection a probablement été constituée par Xavier Nessel, ancien maire de Haguenau et à l’origine du bâtiment où coexistaient Musée Historique de la ville et bibliothèque. Il s’était en effet porté acquéreur à titre personnel du domaine du Neunerteurhof, où avait vécu Corréard. Parmi ces manuscrits se détachent Capharnaüm et Loisirs d’un solitaire (1888-1906), ensemble de poésies très variées qui montrent toutes les sources d’inspiration de Corréard et sa manière de retravailler ses poèmes. Le rendez-vous de Camembert, vaudeville en un acte par « E. Corréard, planteur de houblon » est aussi symptomatique de son humour. |
Eugène Corréard |
Légendes folklore régionalisme |
Extrait des Mémoires, traduction de Jacques Porchat (1811) On ne présente pas Goethe (1749-1832), le grand écrivain qui occupe une place telle que l’expression « la langue de Goethe » est parfois utilisée pour désigner l’allemand. Il joue dans l’histoire des lettres européennes un rôle majeur que nul ne peut ignorer. Ses Faust, son Werther, son Divan occidental-oriental et ses Affinités électives, ses romans d’apprentissage ont marqué leur époque et restent des points de repère essentiels. Goethe né à Francfort-sur-le-Main et mort à Weimar, a aussi marqué l’Alsace par son court séjour d’à peine plus d’un an à Strasbourg, en tant que jeune étudiant au début de sa vingtaine, en 1770-1771 (visite virtuelle de l’exposition « Goethe à Strasbourg, l’éveil d’un génie », Musées de la Ville de Strasbourg) Le fonds Goethe de la Bnu n’est pas d’un seul tenant et ses limites sont floues. D’innombrables éditions imprimées de ses œuvres et études remplissent les collections d’excellence germanistiques de la Bnu, et parmi elles de véritables trésors bibliophiliques. Mais il est question ici des manuscrits et archives. Ensemble de dix dossiers ou manuscrits d’œuvres, ce fonds couvre à peu près ce qui préoccupait Goethe à l’époque de son passage à Strasbourg. Trois œuvres en particulier, directement en lien avec cette ville et cette région : le journal de sa vie d’alors : les Ephemerides ; les « chansons populaires recueillies en Alsace » ; la tragédie esquissée dans ces années ’70 du 18e siècle : Prometheus. Sa passion juvénile pour Frédérique Brion, jeune fille de Sessenheim, trouve sa place également sous la forme d’un brouillon de lettre. D’autres éléments goethéens, comme des témoignages de sa relation avec Lili de Turckheim qui deviendra une Alsacienne plus tard par son mariage, se sont ajoutés à ce fonds. Mais d’autres éléments comme des correspondances diverses sans rapports avec la région sont également conservés à la Bnu et continuent à y attirer les érudits, comme celles écrites par sa légitime épouse, Christiane Vulpius. On y trouvera aussi ces souvenirs à charge de reliques : des mèches de cheveux, dûment expertisées et certifiées véritables, ou un dessin original d’un chemin de la belle Italie qui incite au voyage. |
Wolfgang von Goethe |
Célébrité reconnaissance |
Extrait du roman Histoire d’un conscrit de 1813 (1864) Né à Phalsbourg (Moselle) en 1822, mort à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) en 1899, Emile Erckmann réside essentiellement à Paris où, associé avec Alexandre Chatrian, il écrit entre 1849 et 1895, ou ils écrivent à quatre mains jusqu’en 1890, romans, pièces de théâtre et contes. Ils participent également à la vie politique mouvementée de la seconde moitié du 19e siècle et publient des feuilletons dans des journaux et des revues. La plupart de ces romans ont pour cadre les frontières de l’Est, les marches, du côté de l’Allemagne, les Vosges et l’Alsace. Après 1870, il incarne l’Alsacien-Lorrain de Paris, qui ressasse une vision idéalisée des populations en proie aux folies destructrices des puissants, quels qu’ils soient. Vers la fin de sa vie, la nostalgie ou le mal du pays le pousse à venir s’installer à Saint-Dié (Vosges), puis à Toul (Meurthe-et-Moselle), avant qu’il franchisse la frontière du Reichsland et vienne s’installer à Phalsbourg, en terre conquise. Il meurt cependant à Lunéville où il avait fini par se replier. Emile Erckmann, avec ou sans Chatrian, appartient à tout un imaginaire patriotique qui a réussi à intégrer le petit monde des frontières de l’Est dans la vaste histoire de France, tout en portant un regard sympathique sur les altérités voisines, sur les douces nuances et transitions, bien observables dans ces zones de contact. C’est en 1947 que le Professeur Henri Weiss a fait don des papiers d’Emile Erckmann. Ce fonds couvre la vie entière du romancier, sa famille, ses œuvres et bien entendu ses relations avec Alexandre Chatrian (1826-1890). Ces 57 dossiers (cotes de MS.4.993 à MS.5.049) contiennent de nombreuses lettres d’Erckmann aux membres de sa famille, des pièces concernant ses affaires financières et foncières ou des objets familiers comme un portefeuille qui ne le quittait jamais. On y trouve aussi des manuscrits d’œuvres, écrits avant comme après sa rupture avec Chatrian et qui reflètent les diverses phases de son inspiration. Enfin, des documents qui illustrent leur désunion progressive jusqu’au procès qu’Erckmann intenta en 1890 contre Le Figaro, qui avait publié un article diffamatoire du secrétaire de Chatrian, donnent une idée de la richesse et de l’intérêt du fonds pour la connaissance intime de ce binôme d’auteurs. Ce fonds de papiers d’auteurs se double d’une collection très riche d’éditions des œuvres d’Erckmann-Chatrian, accessible à la Bnu dans sa totalité et dans des éditions rares et choisies. Le fonds des Alsatiques s’est approprié ce double auteur, même si ses origines étaient lorraines, car ils représentent pour bien des lecteurs ce qu’est l’Alsace, ce que sont en tout cas ces « marches de l’Est » par une grande partie de leur production. |
Emile Erckmann |
Légendes folklore régionalisme Réseaux amitiés influences |
Extrait d’un entretien tapuscrit avec un journaliste (1953) Né le 19 octobre 1867 à Bussang, fils d’un industriel vosgien, Maurice Pottecher est un brillant élève du collège d’Épinal et devient bachelier à 16 ans. Le jeune homme poursuit des études en droit à Paris et obtient sa licence en 1890. Journaliste et écrivain, chroniqueur à l’Écho de Paris, Pottecher se trouve au cœur du monde intellectuel parisien. Il développe un goût précoce pour la poésie, publie un recueil de poèmes mélancoliques, mais il est surtout tenté par l’expression théâtrale. En 1892, il fréquente Alphonse Daudet et se lie d’amitié avec de nombreux artistes dont Jules Renard, Romain Rolland, Paul Verlaine, Georges Suarès et Paul Claudel. Il rencontre Camille de Saint-Maurice, actrice réputée de la scène symboliste qui l’initie aux enjeux d’un théâtre d’art à vocation humaniste. En 1892, à l’occasion du centenaire de la République, c’est à Bussang qu’il pense pouvoir retrouver « le peuple » et fait jouer Le médecin malgré lui de Molière, en confiant l’essentiel de la distribution à des paysans, ouvriers et habitants du village. Dès lors, Maurice Pottecher se voue à un projet de théâtre populaire et fait construire à Bussang, une grande scène en bois dans une clairière jouxtant la demeure familiale. À 28 ans, il fonde le Théâtre du Peuple, inauguré le 1er septembre 1895. Il a pour ambition d’instruire et de distraire le public en régénérant le théâtre : il est convaincu que l’art doit rassembler tous les citoyens, au-delà de leur diversité sociale et culturelle ; il veut les réunir autour de la devise « par l’Art, pour l’Humanité » et par la nature, d’où l’ouverture du fond de scène. En 1894, il épouse l’actrice Camille de Saint-Maurice et il crée sa première pièce écrite pour l’occasion, Le diable marchand de goutte (drame rural qui dénonce les méfaits de l’alcoolisme). Deux mille personnes de toutes conditions sociales assistent en plein air à cette unique représentation qui inaugure l’extraordinaire aventure du Théâtre du Peuple. Ses pièces seront jouées jusque dans les années 1970 ; dans un souci de renouveau dramaturgique, d’autres auteurs contemporains seront ensuite représentés. Pottecher est aussi l’un des premiers à réfléchir aux horaires des spectacles et à une tarification accessible pour le public le moins aisé. En 1946, c’est Pierre Richard-Willm (comédien amateur puis professionnel à Bussang), fils spirituel de Maurice Pottecher, qui prend sa suite. Surnommé « Le Padre », Maurice s’éteint le 16 avril 1960 et repose auprès de sa femme, au fond du parc, face au théâtre qu’il a fondé. Fort de sa longévité, le théâtre populaire de Maurice Pottecher se maintient encore au 21e siècle. Le fonds 83 J, Théâtre du Peuple de Bussang, a été déposé par les descendants de l’écrivain en 1992-1993 et 2004. Il compte 272 articles et représente 8,40 mètres linéaires. On compte 5 parties distinctes pour le dépôt de 1992-1993 : La section des activités théâtrales regroupe une série malheureusement incomplète de programmes et d’affiches. Les photographies et les notes, dont certaines sont de la main de Pierre Richard-Willm, permettent de connaître réellement la mise en scène des œuvres de Maurice Pottecher, du vivant de son auteur. La troisième partie comporte quelques pièces anecdotiques de souvenirs et de documentation, parmi lesquelles on notera en particulier le portrait de Pierre Richard-Willm. Enfin, une collection de plus de 700 photographies en noir et blanc ou en couleur dont la majeure partie ont appartenu à Germaine Kiener ou Pierre Chan couvre la période 1928-1962 et les années 1980. Elle concerne d’une part l’activité théâtrale à Bussang, d’autre part la vie familiale des troupes successives. En ce qui concerne le dépôt de 2004, on retrouve la même typologie documentaire, plus récente : des revues de presse (1962-1985), des souvenirs et de la documentation (1890-1957), la programmation des saisons (1938 à 1999) et des photographies (1875-1996). S’ajoutent des documents sur l’historique du bâtiment (1895-1968), l’administration du théâtre (1902-1995), mais aussi des archives relatives à la mise en scène (1948-1995), des partitions musicales qui accompagnent certaines pièces théâtrales (1903-1985), des documents techniques tels qu’une maquette, des projets de décors ou des tableaux de répartition des rôles (1942-1964) et une très belle collection de costumes et accessoires des pièces L’Anneau de Sakountala et L’Empereur du Soleil couchant. |
Théâtre du Peuple de Bussang |
Théâtre |
Extrait de la pièce Le Bain involontaire (1895) Armand Bourgeois est né le 24 avril 1841 à Saint Martin d’Ablois (Marne). Le fonds Armand Bourgeois se compose de 121 ouvrages dont 17 documents manuscrits ou recueils factices et une partition. Constitués par Armand Bourgeois à partir de ses propres publications, ces recueils comportent de nombreuses pièces : photographies, correspondances, coupures de journaux, cartes de visites, etc. Les manuscrits correspondent à des notes compilées par l’auteur, notamment pour ses pièces de théâtre, mais également des lettres ou notes manuscrites portant sur l’histoire de la Champagne et ses personnages célèbres. |
Armand Bourgeois |
Théâtre |
Extrait du roman L’enfant jeté aux bêtes (1935) Écrivain né à Saulces-Monclin (Ardennes) le 29 septembre 1897, Jean-Paul Vaillant a consacré sa vie à l’écriture et à l’Ardenne, à la fois française, belge et luxembourgeoise. Il effectue sa scolarité à l’école primaire de Tagnon et de Monthois (Ardennes) où son père est instituteur. Ses études secondaires l’amenèrent au lycée Chanzy de Charleville (Ardennes) de 1908 à 1913, au lycée de Sainte-Menehould (Marne) en 1914, au lycée de Troyes (Aube) en 1915 où il passe son bac. Le fonds Vaillant conservé aux Archives départementales des Ardennes est particulièrement remarquable pour l’histoire littéraire des Ardennes au 20e siècle car, en tant que fondateur de la Société des écrivains ardennais et de la revue La Grive, Jean-Paul Vaillant entretient des relations avec de nombreux écrivains du département. Le fonds est entré par don de sa veuve, Yvette Vaillant et a fait l’objet d’un complément en 2021 par son fils, Philippe Vaillant. Le fonds comprend tout d’abord des documents relatifs à la vie privée de Jean-Paul Vaillant, à sa vie militaire, professionnelle et littéraire. On y trouve également des dossiers ayant trait à la préparation de ses publications, à ses discours, à ses émissions radiophoniques et télévisées, à la préparation de la publication de la revue La Grive, à ses relations avec des collaborateurs et à la Société des écrivains ardennais. Le fonds est aussi constitué d’une collection de dossiers biographiques (d’écrivains, tant français que belges et luxembourgeois qui ont collaboré à La Grive) et thématiques. Il est complété de pièces relatives au fonctionnement de la revue jusqu’à la fin de sa parution donné en 2021 par Philippe Vaillant, successeur à la direction de La Grive. Le fonds occupe 6,80 mètres linéaires et traite des années 1909 à 1986. Il est conservé en sous-série 4J. |
Jean-Paul Vaillant |
Réseaux amitiés influences |
Extrait du roman Jean ou à travers la misère, roman ardennais écrit en vers libres (1927) Jeanne Philomène Mélin est née en septembre 1877 à Carignan (Ardennes) dans un milieu relativement aisé. Son père, de convictions anticléricales, républicaines, et dreyfusardes dirige la briqueterie familiale. Il a également une approche sociale de l’entreprise, inspirée par Jean-Baptiste André Godin. Durant la guerre de 1870, la maison familiale devint une infirmerie provisoire. Cela marque ses occupants et Jeanne Mélin en entend beaucoup parler. C’est Jeanne Mélin elle-même qui fit don de ses documents en 1961 et en 1964 |
Jeanne Mélin |
Auteurs engagés |
Extrait du roman Le pays où l’on n’arrive jamais (1955) Né à Attigny (Ardennes) le 1er septembre 1900, André Dhôtel y reste jusqu’à l’âge de 6 ans lorsque son père est nommé commissaire-priseur à Autun (Saône-et-Loire). Les souvenirs de cette époque sont retranscrits Terres de mémoire (1979) ou L’école buissonnière (1984). Il retourne voir régulièrement ses grands-parents dans les Ardennes, à Saint-Laurent. Il y explore la nature environnante et les paysages ardennais. Son œuvre littéraire est également marquée par son goût pour la nature. En 1918 il est surveillant au collège Sainte-Barbe de Paris avec le futur chansonnier Raymond Souplex et prépare une licence de philosophie. En 1921, il fonde avec Marcel Arland, rencontré lors de son service militaire, la revue Aventure. En 1924, il est nommé professeur à l’Institut supérieur d’études françaises d’Athènes. Ses quatre années en Grèce marquent son œuvre littéraire puisqu’on y retrouve des personnages grecs et des expressions hellénophiles, il écrit d’ailleurs quatre romans sur le monde hellénique. Il publie ses premiers textes poétiques à son retour en France en 1928 et son premier roman, Campements, est imprimé en 1930. Deux ans plus tard, il épouse Suzanne Laurent et leur fils François naît en 1933. En parallèle, André Dhôtel a du mal à convaincre les éditeurs entre 1930 et 1940. La dépression marque aussi cette période d’autant plus qu’il n’obtient pas les postes de professeur souhaités, à Paris ou sa banlieue. Les archives de cet Ardennais amoureux de la nature sont entrées aux Archives départementales des Ardennes entre 2019 et 2021 grâce aux dons réalisés par son fils François Dhôtel. Le fonds comporte entre autres des notes préparatoires, des notes personnelles, des notes philosophiques, des manuscrits, des textes sur des sujets variés comme Vouziers, Rimbaud, des textes critiques, des poèmes, des correspondances. Ce fonds est conservé en sous-série 144J. |
André Dhôtel |
Célébrité reconnaissance Roman |
« Le quincaillier de Rethel » conte issu de recueil Légendes champenoises (1951) Il est des naissances qui tracent un destin. Le château de Sarry servait de résidence aux comtes-évêque de Châlons pendant tout l’Ancien Régime. Et c’est dans les vestiges de ce monument que voit le jour Germaine Maillet. Issue d’une modeste famille de cultivateurs, la jeune fille se passionne pour l’histoire et achève en 1924 un mémoire sur la vie rurale dans la Champagne médiévale qui sera publié quelques décennies plus tard. Elle se pique également de littérature : dans sa toute première œuvre, son Almanach publié en 1926, elle adapte un genre traditionnel en mettant sa connaissance de la vie rurale – encore – au service d’une plume poétique. Enseignante d’histoire au cours Dupanloup, un lycée privé parisien, elle participe en 1929 à la création du Comité du folklore champenois. Secrétaire de l’association, elle joue un rôle majeur dans la conception et la publication d’enquêtes minutieuses sur les traditions locales. A la pointe de la recherche en ethnographie, le Comité est représenté dans les rencontres internationales et reçoit des publications de l’Europe entière. En 1940, Germaine Maillet rentre à Sarry pour vivre avec sa mère l’épreuve de la guerre et de l’Occupation. Elle s’investit dans le Comité d’entraide aux paysans combattants, puis dans la Famille du prisonnier de guerre. De 1945 à sa retraite elle travaille à Châlons à la Direction départementale de la Reconstruction, mettant à profit sa connaissance de l’histoire et la géographie châlonnaises. Son travail d’historienne est marqué par une dizaine de monographies, la plupart publiées par le Comité du Folklore Champenois. Elle est aussi l’auteur de guides touristiques et de centaines d’articles, contributions à des revues savantes ou papiers de vulgarisation dans les journaux châlonnais ; sans oublier ses œuvres poétiques et littéraires. Travaillant sans relâche malgré des problèmes de vue, elle assure presque seule la publication du Bulletin du Comité du Folklore Champenois jusqu’à sa mort en 1991. Elle est décorée des Palmes académiques dans les locaux de la bibliothèque municipale de Châlons, qui hébergeait déjà les archives du Comité. Germaine Maillet est enterrée dans sa ville natale de Sarry, et une allée du Grand Jard à Châlons porte son nom. Le Grand Jard, vestige de l’allée boisée unissant Châlons au château de Sarry… Le fonds Germaine Maillet se compose de trois ensembles : la bibliothèque personnelle de Germaine Maillet, ses archives et manuscrits, et les archives et la documentation du Comité du Folklore Champenois. Germaine Maillet a rassemblé dans sa bibliothèque personnelle plus de 2700 ouvrages et brochures sur la Champagne, l’art, l’histoire, le folklore, les contes… Les livres pour la jeunesse de cette collection ont fait l’objet dès 1996 de l’exposition Livres d’enfants, livres d’antan. Les ouvrages portant sur le folklore concernent l’Europe entière et de multiples langues sont présentes : anglais, italien, allemand, mais aussi roumain et hongrois. Il en est de même pour les revues d’ethnographie figurant dans la documentation du Comité du Folklore Champenois. Celles-ci représentent 20 mètres linéaires en cours de catalogage. Les archives du Comité du Folklore Champenois représentent quant à elles 2 mètres linéaires, non encore catalogués. Le principal intérêt de ce fonds réside dans les dossiers Guillemot donnés au Comité du Folklore Champenois peu après sa création. On y trouve aussi la documentation sur les enquêtes menées par le Comité et les archives de la rédaction du Bulletin. On constate sans surprise une certaine porosité entre les archives du Comité et celles de Germaine Maillet. Ses manuscrits, sa correspondance, sa documentation, ses archives personnelles occupent 20 mètres linéaires en cours d’inventaire et de classement en octobre 2023. Une partie de l’œuvre imprimé de Germaine Maillet s’y trouve également sous forme de fascicules de revues, journaux et coupures de presse. Les écrits de Germaine Maillet constituent un outil important pour la connaissance de la Champagne, et particulièrement de Châlons. Dans ce domaine, son apport est incontestable. Quand elle cherche à sortir de la Champagne, elle fait appel à la littérature et au folklore pour comprendre la société médiévale. Sa démarche atypique la coupe des éditeurs classiques et la contraint à publier dans les collections du Comité du Folklore Champenois. Sa correspondance avec des historiens de renom, comme Ferdinand Lot, atteste la va valeur de ses travaux. Les archives de Germaine Maillet conservent également des originaux ou transcriptions des réponses aux enquêtes folkloriques du Comité. Plus complets que les synthèses et analyses publiées dans le Bulletin, ces écrits, laconiques ou élaborés, sont peut-être le cœur de cette collection. Ils constituent une source irremplaçable sur les traditions champenoises. |
Germaine Maillet |
Légendes folklore régionalisme |
Poème tapuscrit « Quand leur donnerais-je ? » (1969) Marie-Louise Gillet (née Robert) voit le jour le 20 août 1916 à Plancher-les-Mines (Haute-Saône). Sa jeunesse est fortement influencée par la Jeunesse Ouvrière Catholique Féminine (JOCF). Après sa scolarité, elle devient ouvrière dans une bonneterie (1930-1939) et épouse en janvier 1939 Arthur Gillet, ajusteur-outilleur. Le couple arrive dans les Ardennes en 1948, ils habitent d’abord à Charleville puis font construire une maison en 1954 à La Grandville où ils résideront jusqu’en 1972. Son mari travaille à l’usine du Pâquis, à La Grandville (à partir de 1954). Ils connaîtront la douleur de perdre 3 de leurs 6 enfants. Marie-Louise exerce plusieurs métiers : employée à l’Union Populaire d’Action Familiale, secrétaire à l’union départementale des Associations Familiales, bibliothécaire à Social Ardenne (service social inter-entreprises). Elle écrit également des poèmes regroupés dans deux livrets : Au fil de l’eau… au fil des heures (sans date) et Le vent des sentiers (1972). Plusieurs thèmes ressortent de ces poèmes : l’amour, la mort, le temps qui passe, la foi, la vie ouvrière, les mois et les saisons, certains sont dédiés à ses enfants et petits-enfants. Ces documents ont été donnés aux Archives départementales le 26 février 2020 par Marie-Cécile Chenu. Le fonds est composé d’une seule boîte (150J) mais son contenu nous permet de découvrir une femme aux multiples facettes. Tout d’abord, plus de 1500 articles sont conservés, rendant possible l’étude exhaustive de ce témoignage de la condition ouvrière, de l’impact de la Jeunesse ouvrière catholique sur Marie-Louise Gillet et de son ambition de changer la vie des travailleurs et des femmes. La présence de la quasi-totalité de ses poèmes et d’une petite correspondance permettra de (re)découvrir la qualité de son œuvre poétique, saluée notamment par Camille Lecrique et Théophile Malicet, dont la lettre d’encouragement est conservée. Enfin, les 31 poèmes inédits qui figurent dans ce fonds achèvent d’en faire un sujet d’étude très intéressant. |
Marie-Louise Gillet |
Auteurs engagés |
« Travail » (poème sans date) Poète, journaliste et homme de lettres né à Sedan le 1er novembre 1883, André Fage débute en 1901 à la Dépêche des Ardennes où il signe une série de portraits littéraires et artistiques des célébrités régionales sous la rubrique Choses et gens d’Ardenne. La même année, il remporte le premier Prix de poésie dans un concours organisé par le Soleil du Dimanche puis il collabore à de nombreux journaux ou revues ardennaises : le Courrier des Ardennes, la Revue d’Ardenne et d’Argonne, La Jeune Champagne. Une brillante carrière de journaliste s’offre alors à lui : Fage entre à L’Écho du Nord, le grand quotidien de Lille, avant de fonder, en 1909, avec Émile Lante, Le Nord Illustré puis, en 1910, La Vie Sportive. Le fonds Fage est un fonds d’archives privées comprenant une grande diversité de documents ayant appartenu à André Fage (1883-1948), natif de Sedan, ainsi qu’une grande partie de son œuvre. |
André Fage |
Légendes folklore régionalisme |